Peintres indochinois connus et inconnus

Publié le 16/09/2024

De B. Thanh, ce Portrait d’une élégante en Ao dai jaune (70 x 50 cm), datant du XXe siècle, est estimé 3 000/5 000 €

Lynda Trouvé

L’Indochine a pris sa revanche, non en matière politique, mais en art. Les ventes spécialisées se sont multipliées depuis quelques années, après un premier essai plutôt réussi dans les années 1990, sous l’impulsion de Jean-François Hubert. Aujourd’hui, deux maisons de ventes semblent se partager cette « part de marché », comme le disent les économistes. La maison Lynda Trouvé organise sa dix-huitième vacation qu’elle nomme « chapitre », le 1er octobre 2024 et la maison Aguttes sous l’impulsion de Charlotte Aguttes-Reynier, ouvrira ses portes aux « Peintres d’Asie », le 10 septembre. Cette dernière a publié en février dernier un ouvrage que les amateurs attendaient : L’Art moderne en Indochine (In Fine éditions d’art, 432 p.). Ce livre étudie les peintres issus de l’École des Beaux-Arts de l’Indochine, fondée il y a juste cent ans à Hanoï par Victor Tardieu (1870-1937) et fermée en 1954.

Parmi les quelque 60 lots proposés par la maison Aguttes, figure de Lê Phô (1907-2001) Le bol bleu, (circa 1942, 60,5 x 43 cm). Cette encre et couleurs sur soie, signée en haut à gauche, dans son cadre d’origine est estimée 220 000/300 000 €. « Ce portrait est une œuvre au style poétique et délicat, dans laquelle s’immiscent de nouvelles couleurs et une certaine recherche du mouvement, » précise l’expert. Il représente une femme au regard perdu dans ses prières, qui tient dans sa main gauche un bol d’encens allumé et dans sa main droite une « main de Bouddha », nom usuel d’un agrume répandu en Asie. Ce fruit, en plus d’être ornemental, est considéré comme protecteur et porte-bonheur. L’encens, qui crée un lien entre la terre et le ciel, est propice à l’élévation spirituelle.

La démarche de Lynda Trouvé et de l’expert Christophe Fumeux est d’écrire en objets des tableaux et différentes œuvres, ainsi que la naissance de l’École des Beaux-Arts d’Indochine. Pas seulement celle d’Hanoï mais aussi celle du Sud, de Tudomaut à Gia Dinh. Leurs catalogues se présentent comme des chapitres réunissant à la fois des pièces historiques et artistiques. Ceux-là évoquent chaque fois la richesse de cette fusion entre Beaux-Arts français et Tradition vietnamienne. Au catalogue du 1er octobre figurera une toile de B. Thanh, Portrait d’une élégante en Ao dai jaune (70 x 50 cm), estimé 3 000/5 000 €. Assise les bras croisés, les yeux fixés sur une lettre posée sur le sol, à côté d’une enveloppe ouverte. De quoi imaginer une histoire un peu triste. D’autant que l’on ne connaît rien de cet artiste qui reste à découvrir. Au cours de cette vente sera également proposée une œuvre de Lê Văn Đệ (1906-1966). Ce peintre fut le premier artiste vietnamien à être reçu par le Pape. Celui-ci lui confia la décoration des salles d’Asie et d’Australie de l’Exposition internationale de la presse catholique au Vatican en 1936. L’une de ses principales œuvres est La Femme à la Colombe.

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