Philippe de Broca, l’incontournable

Publié le 21/09/2021

Portrait de Philippe de Broca.

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Il a réuni dans une trentaine de films la crème du cinéma français et international (relire la distribution par exemple sur Un Monsieur de compagnie, film pourtant plutôt méconnu de 1964), travaillé avec des musiciens élégants et inspirés, mis en scène des banquiers et des archéologues, filmé Jacqueline Bisset, transporté ses personnages dans tous les coins du monde, à Rio, en Chine, à Bagdad, à Senlis. Il a offert un joli rôle à Monique Tarbès. Il a filmé le personnage de Bob Saint-Clar sous toutes les latitudes. Son nom ? Philippe de Broca. Son cinéma ? Une spirale joyeuse.

L’art de la comédie élégante. De Broca a porté le genre de la comédie au sommet. Ses films ne sont jamais vulgaires. Des scénarios très ciselés (qui entre autres ont transformé Geneviève Bujold en Coquelicot et Pierre Brasseur en Général Géranium ou Vittorio Gassmann en Sinbad le marin), des dialogues soignés qui invitent au passage – avec l’art léger de ne pas y toucher – à la réflexion philosophique ou littéraire voire juridique : thème de la création et de l’écrivain dans Le Magnifique, théorie du contrat dans Les Tribulations d’un Chinois en Chine et dans Les clés du Paradis. La caméra virevolte, adrénaline oblige, il fallait suivre feu Bébel dans ses gesticulations sinclariennes ou sautant de jonque en jonque façon Arthur Lempereur. Dans Les Tribulations, Valery Inkijinoff, qui avait déjà tourné avec Fritz Lang et Dieterle, joue un inoubliable Monsieur Goh. De Broca a fait tellement tourner d’actrices et d’acteurs que, quand on en fait leur liste sur l’ensemble de ses films, on dirait qu’il a travaillé avec tout le monde ! Impressionnant. Il a lui-même créé pas mal de scénarios, il avait le goût de l’écriture. François Merlin dans Le Magnifique : un double ?

Au plaisir des acteurs. Le Cavaleur, L’Incorrigible, Tendre Poulet, La Poudre d’escampette, mais aussi Julie pot de colle ou L’Africain sont évidemment à revoir. Avec une mention spéciale pour Le Magnifique. En 1997, sa version du Bossu avec Daniel Auteuil et Fabrice Lucchini est réussie. Marie Gillain, qui était un de ses premiers rôles, irradie l’écran. Philippe Noiret, Annie Girardot, Catherine Deneuve, Jean-Claude Brialy, Jean-Paul Belmondo, Jean-Pierre Cassel, Jean Rochefort mais aussi Jacques Boudet, Anna Gaylor, Roger Muni, Catherine Alric faisaient partie régulièrement de ses génériques. Son cinéma qui sent bon les années d’hier a un parfum de fidélité.

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