Pitchipoï au théâtre Essaïon : cette blessure dont on ne guérit pas
Pitchipoï est une intéressante pièce sur la détention d’une petite fille à Auschwitz, fort bien interprétée par Fabienne Babe, qui se jouera au théâtre Essaïon jusqu’au 10 octobre prochain.
Théâtre Essaïon
Pitchipoï : quèsaco ? Il s’agit du surnom utilisé par les juifs français pour désigner la mystérieuse destination « vers l’est » dans laquelle on emmenait les convois. En réalité Pitchipoï était le sinistre camp d’Auschwitz.
Si le nom de la pièce interpelle, sa connaissance plante d’emblée le sujet qui est dur, émouvant, poignant. La pièce invite surtout le spectateur à une réflexion : elle résonne de nos jours avec les conflits en Ukraine, en Iran, en Syrie et dans d’autres pays où la dictature, l’emprisonnement et la répression règnent au quotidien dans des conditions inhumaines.
Cette pièce relate la vie d’une fillette de 12 ans, internée dans 4 camps avec sa mère et en prise avec d’intenses questionnements ; le spectateur devine son refus de s’avouer vaincue et de mourir, sa difficile relation avec sa mère, ses humiliations vécues, etc.
Le récit est l’adaptation théâtrale du livre de Ruth Klüger, « Refus de témoigner ». Elle-même rescapée des camps, sous le numéro tatoué A – 3527, Ruth Klüger a mis plus de 60 ans à pouvoir témoigner et à écrire son ouvrage, témoignage de l’horreur. Cette blessure dont on ne guérit pas : Jacky Katu l’a adaptée au théâtre en hommage peut-être aussi à une partie de sa famille exterminée dans les camps nazis.
Dans un décor très dénudé, un monologue, celui de la fillette, magnifiquement interprétée par Fabienne Babe, qui donne à l’enfant une émotion puissante et interprète les angoisses et troubles de la jeune fille. L’actrice nous offre une formidable performance théâtrale. En revanche, on comprend nettement moins la gestuelle chorégraphiée, les postures, les gestes imposés par la mise en scène, qui n’apportent pas grand-chose à l’intensité des propos.
Référence : AJU010f3