Placotomus chantre de la bière

Publié le 20/11/2024

Par nn — Mówią Wieki, via Wikicommons

Parmi les pharmacopées officieuses, l’une des plus anciennes, sinon la plus ancienne, est la Pharmacopaea in compendium, publiée à Anvers en 1560 par Johannes Placotomus. Celui-ci était médecin et se nommait en réalité Hans Brettschneider (vers 1514-1577), ce qui signifie : coupeur de planches ; il avait choisi comme nom humanistique celui de Placotomus. Les bibliographies énumèrent une vingtaine d’ouvrages à son actif, dont ses commentaires sur l’ouvrage d’Eoban Hesse (1488 – 1540), l’un des plus grands poètes latins de l’Allemagne du XVIe siècle. Ces commentaires, dont Gérard Oberlé assure, dans son ouvrage les Fastes de Bacchus et de Comus (1999), qu’ils ont « une grande valeur scientifique et médicale » valurent une certaine renommée à Placotomus. Un exemplaire de l’édition originale de cet ouvrage, De Tuenda bona valetudine, libellus Eobani Hessi, commentariis doctissimis a Ioanne Placotomo… illustratus (Francfort, Christian Egenolff, 1560) relié au XIXe siècle en demi-vélin ivoire, dos lisse, pièce de titre rouge, tranches mouchetées, sera mis en vente le 6 décembre 2024 à Tours par la maison Rouillac, assistée par Paul Veyssière avec une estimation de 700/1 000 €. Cette édition est illustrée de 22 boiscoloriées à l’époque, dont la plupart représentent des aliments. Cet ouvrage eut un tel succès qu’il y eut au moins 7 rééditions au XVIe siècle, notamment en 1580, souvent cité.

Outre l’intérêt que l’on put avoir pour les commentaires consacrés aux écrits d’Eoban Hesse, on se penche sur la seconde partie de cet ouvrage consacrée à deux traités sur la bière et sur l’hydromel, une étude très complète, toujours selon Gérard Oberlé.Placotomus affirme en effet que la bière a une bonne valeur nutritionnelle. Il décrit également les différentes couleurs, mousses, goûts, etc. Il compare ensuite les bières brunes et blondes, il analyse les saveurs, la fabrication et la conservation ; il poursuit son propos en donnant une description détaillée des différentes sortes de bière dans diverses régions allemande : de Prusse, Pologne, Lituanie, Poméranie, Marche, Hambourg, Lubeck, Brunswick, Rostock, Erfurt, etc. Il termine par les bières aromatisées à la sauge, à l’hysope, aux roses, à l’armoise, à l’origan, à la mélisse, au genièvre, aux cerises, à la prunelle… Un véritable catalogue qui n’est pas sans rappeler la carte des bières dans une brasserie belge. L’ouvrage s’achève avec trois dissertations sur l’ébriété, sur les causes de l’ébriété et sur ses remèdes. Ce qui doit être très utile. D’autant que, selon le Dictionnaire de l’Académie française, dans son édition de 1762, « L’ivresse qui vient de la bière est plus longue que celle du vin. »

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