Poison et magie sous Louis XIV

Publié le 06/04/2022

Cette édition originale, brochée sous couverture moderne de papier marbré, est présentée par la librairie Éric Granjeon Rare Books et est affichée à 2 800 €.

Granjeon

Les magiciens et autres fabricants de poudre faisaient partie du paysage au XVIe siècle, notamment depuis la reine Catherine de Médicis. Mais la fête fut gâchée par « l’affaire des poisons ». Celle-ci occupa les esprits et les gazettes de 1679 à 1682. L’empoisonnement en 1672, à l’arsenic et à la bave de crapaud de son mari par la marquise de Brinvilliers, provoqua des rumeurs de messes noires, de meurtres d’enfants, d’empoisonnements et de profanations. La rumeur courut si vite que toute mort suspecte de certaines personnalités de la noblesse française fut attribuée aux « magiciens », dès lors déclarés empoisonneurs. Pire, on accusa Madame de Montespan, la maîtresse royale, de participer à des messes noires. Le roi tapa sur la table et créa en conséquence, en 1679, le tribunal de la « Chambre ardente » ou « Cour des poisons ». Marie Bosse, sorcière présumée et diseuse de bonne aventure, fut condamnée au bûcher et exécutée en mai 1679. La fameuse « la Voisin », qui avait mis en cause Madame de Montespan, fut elle aussi brûlée vive, en place de Grève, le 22 février 1680. Sur les quelque 300 personnes soupçonnées, 36 périrent sur le bûcher.

Louis XIV n’en resta pas là, regrettant que le problème des devins, magiciens et enchanteurs ait été négligé depuis trop longtemps. Il promut un édit intitulé : Déclaration du Roi contre les magiciens, sorciers et empoisonneurs, qui fut publié Avec l’arrêt du registre du Parlement de Toulouse, le 29 août 1682. Un exemplaire broché sous couverture moderne de papier marbré figurait dans le dernier catalogue de la librairie Éric Granjeon Rare Books, affiché 2 800 €. Dans ces quelques pages, le rédacteur condamne fermement toute pratique de la magie et de la sorcellerie, et détaille largement la question des poisons, dont il souhaite réguler l’usage et la possession – notamment pour l’arsenic. Au passage, Louis XIV souhaite encadrer la pratique des chimistes, des apothicaires et des médecins, dans le but d’éviter la production illégale de poisons. Il bannit la pratique de l’alchimie et la recherche de la pierre philosophale. Il dit encore : « Toute personne se mêlant de diviner sera incessamment appelée à quitter le Royaume et toutes les opérations de prétendue magie seront, elles, punies de mort ».

Si l’édit fut rapidement diffusé dans le royaume, comme on peut le voir avec la mention manuscrite indiquant que le décret fut présenté à Montpellier le 22 septembre 1682, l’instruction de la fille de la Voisin qui mettait en cause Madame de Montespan, fut, quant à elle, définitivement refermée au même moment, le 30 septembre 1682.

• Éric Granjeon Rare Books, 4 rue de l’Odéon, 75006 Paris.

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