Pompon et son coq

Publié le 25/01/2023

Cet exemplaire du Coq de Pompon, fondu vers 1924 par C. Valsuani du vivant de François Pompon, a été adjugé 86 995 €

Aponem

« Et le coq chanta pour la troisième fois » ! C’en était fini, Simon Pierre avait trahi son Seigneur. Cette phrase de l’Évangile n’a pourtant pas remisé le gallinacé parmi les animaux malfaisants. Au contraire, il n’a cessé d’être loué, autant dans les fables que dans les légendes, dans les contes que sous la forme d’emblèmes. « Peu sérieux en apparence, parfois même négatif, le coq bruyant et fier, a conquis en 2 000 ans d’histoire sa digne place aux côtés du drapeau tricolore », constate Brigitte Albert-Jacouty dans le chapitre qu’elle lui a consacré au sein de l’ouvrage collectif J’aime la France (Éditions Glyphe, 2022). Le coq se dresse en effet au sommet des clochers, des monuments aux morts et même sur la hampe de drapeaux, jusqu’à devenir l’emblème officieux de la France. Pour le chercheur Michel Pastoureau, le coq est l’exemple même de « l’emblème subi ». Le baron Dupin fit adopter, le 6 août 1830, un article additionnel au drapeau, en instaurant un coq, le coq gaulois, comme emblème. Il n’accéda pourtant pas au statut de véritables figures d’État.

Si le chant du coq n’a pas réussi à supplanter la Marseillaise, il résonne même dans le monde des arts. Un bronze à patine brun sombre mat à reflets ardoise, fondu par C. Valsuani du vivant de François Pompon, a été adjugé 86 995 €, à Génicourt, le lundi 12 décembre 2022 par la maison Aponem. Le plâtre original de cette œuvre date des années 1924-1925. Il appartient à une série d’animaux de la basse-cour exécutés par Pompon lorsqu’il décida de devenir artiste professionnel. Il demeurait alors à Cuy-Saint-Fiacre, en Seine-Maritime – on disait Seine inférieure à l’époque – où il séjourna 35 ans à partir de 1896. D’abord apprenti tailleur de pierre, il suivit les cours du soir et put débuter au Salon de 1879. Il travaillait alors comme ornemaniste sur le chantier de reconstruction de l’hôtel de ville de Paris. Il entra en 1890 dans l’atelier de Rodin comme praticien, notamment pour Camille Claudel.

Sa première sculpture animalière connue date de 1874 et représente un lucane. Son choix définitif de ne travailler que des animaux fut pris en 1905, alors que l’animal-sujet était dans l’air du temps. Plutôt que de reproduire la réalité, il prit le parti de simplifier la forme de ses sculptures, polissant les surfaces et supprimant les détails qu’il appelait des « falbalas ». Il ne connut la célébrité qu’à partir de 1922, grâce à l’Ours blanc exposé au Salon d’automne. Le monde de l’art s’aperçut enfin que cette œuvre apportait un souffle de modernisme à la sculpture. Cet ours-là a été réalisé en plusieurs formats et matériaux, comme le plâtre, la pierre, le bronze et même la résine.

Quant au coq vendu le 12 décembre 2022, il porte le n° 4 et fut vendu le 24 février 1929 à la galerie A. Poyet à Lyon, et est demeuré dans la même famille depuis cette date.

Aponem, Hôtel des ventes de Cergy-Pontoise, 41 rue des Fossettes, 95650 Génicourt

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