Premier dans Tombouctou

Publié le 29/03/2023

Illustration de la fameuse vue de la cité de Tombouctou, tirée de l’édition originale du Journal d’un voyage à Temboctou et à Jenné de René Caillé

Giquello & Associés

Au milieu du XVIIIe siècle, l’abbé Prévost assurait que le « Grand Désert » restait totalement inconnu des Européens. Ce qui allait permettre de connaître enfin l’Afrique sera la lutte contre l’esclavage. À Londres, en 1789, douze membres du Saturday Club décidèrent de créer L’Association for Promoting the Discovery of the Interior Parts of Africa dans le but d’encourager l’exploration de l’Afrique intérieure et de combattre les principaux foyers d’esclavage. Plusieurs missions furent envoyées aux sources du Niger ; un médecin écossais, Mungo Park, après un voyage qui aura duré deux ans et sept mois, réussit l’improbable. La première édition française des Voyages et découvertes dans l’Afrique (P., Tavernier, 1798, in-8°, ornée de 3 cartes) a été publiée sous les noms conjoints de Houghton et de Mungo Park. Un exemplaire relié en basane raciné a été vendu 318 €, à Drouot, le 16 novembre 2016 par la maison Giquello & Associés. Le major Daniel Houghton fut le premier explorateur à tenter, en vain, d’atteindre Tombouctou.

René Caillé (1799-1838), en revanche, y parviendra. Son nom restera dans l’histoire comme étant celui qui a réussi à pénétrer dans Tombouctou, et à en revenir. Parti de Boké, en Guinée, il pénétra dans la cité interdite aux chrétiens, le 8 avril 1828. Pour son retour, il se joignit le 4 mai à une caravane et avec elle, traversa « l’enfer des sables » jusqu’à Fès qu’il jugea être « la ville la plus belle qu'[il a] vue en Afrique ». Depuis Tombouctou, sa grande traversée sur désert aura duré plus de 75 jours, avant d’embarquer pour la France depuis Tanger. À son retour, René Caillé reçut de la Société de géographie le prix de 10 000 Francs Or, ainsi que le Grand Prix des explorations et voyages de découvertes. Son exploit lui valut aussi la Légion d’honneur et une pension.

Caillé entreprit très vite de raconter son extraordinaire périple. Il y fut aidé par Edme-François Jomard (1818-1862), membre de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres, qui souhaitait donner à l’ouvrage une portée scientifique. Un exemplaire du Journal d’un voyage à Tombouctou et à Djenné dans l’Afrique centrale précédé d’observations faites chez les Maures braknas, les Nabous et autres périples pendant les années 1824-1825-1826-1827-1828, relié en demi-maroquin vert orné, a été adjugé 4 044 €, à Drouot, le 10 février 2023 par la maison Giquello & Associés, assistée par Dominique Courvoisier. Un autre exemplaire relié en demi-veau sera mis en vente Salle Provence, le 19 avril 2023 par la maison Collin du Bocage assistée par Ségolène Beauchamp et Pierre Prévost, avec une estimation de 2 000/2 500 €.

Cette publication provoqua l’ire des Britanniques, qui le qualifièrent de « racontars ». Bien qu’ils finissent par reconnaître la véracité des propos de Caillé, ils ne se remirent jamais que l’un des leurs, le major Alexander Gordon Laing qui n’était pas revenu de son expédition, s’était fait « coiffé » par un cordonnier français. Il reste que le Grand Prix des explorations et voyages de découvertes fut partagé symboliquement entre René Caillé et le major Alexander Gordon Laing.

Giquello & Associés, 5 rue La Boétie, 75008 Paris

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