Raden Saleh, paysage et tissu en Indonésie
Cette toile, Route descendant du mont Megamendung, exécutée en 1861, est estimée 1/1,5 M€.
Daguerre
Ne jamais négliger les tissus venus de toutes les contrées. Depuis les batiks jusqu’aux anglaises, en passant par les cachemires et les indiennes, et encore les longottes et les raphias, la liste est longue ; mais avec eux, nous faisons le tour du monde. Car derrière leurs décors surgissent des usages et des rites. Il en est ainsi du tissu cérémoniel Pua, provenant de Bornéo, que l’on peut considérer comme une fresque reflétant l’identité des peuples Iban ou Maloh. Daguerre proposera en ligne du 1er au 8 novembre 2021, au cours d’une vente consacrée à l’Indonésie, plusieurs pièces de tissus cérémoniels estimées entre 15 et 25 000 €. Ces carrés rassemblés pendant trente ans par un collectionneur au gré de voyages à Bornéo, datent du début du XXe siècle. Ils se distinguent par une variété de formes et de décors signifiant l’équilibre entre les mondes des femmes et celui des hommes, du spirituel et du matériel, des ancêtres et des esprits malveillants.
L’apparition à Drouot d’une toile de Raden Saleh (1811-1880), Route descendant du mont Megamendung (134 x 165,5 cm), exécutée en 1861, apporte un autre éclairage sur l’art javanais et surtout sur son paysage que l’on connaît peu. Ce tableau sera mis en vente, le 2 décembre prochain, à Drouot par Daguerre Auction, avec une estimation de 1/1,5 M€. Cette route traverse l’île de Java d’est en ouest et passe par le col qui permet de franchir le mont Megamendung, situé à 70 km de Djakarta. En contemplant ce tableau, on peut lire une histoire, celle d’un chariot qui avance à vive allure et bouscule les personnages marchant sur le chemin. Selon l’expert, cette composition montre une influence de la peinture allemande du XIXe siècle mais dans l’esprit javanais.
Raden Saleh, dont le nom complet est Raden Saleh Sjarif Boestaman, était né à Terbaya, près de Semarang, sur la côte nord de l’île de Java, dans une famille de régents javanais. C’est le peintre néerlandais Antoine Payen (1792-1863) qui le remarqua à Djakarta et lui conseilla d’aller poursuivre ses études aux Pays-Bas. Nous étions en 1829, et le jeune prince indonésien passa 23 ans en Europe, 10 ans d’abord en Hollande, où il exécuta des portraits, des paysages marins et des dessins d’animaux ; puis quatre ans à Dresde et ensuite en France. Protégé par Horace Vernet, il exposa au Salon de 1847. Le roi Louis-Philippe acquit une ou plusieurs de ses œuvres. Il rentra finalement aux Indes néerlandaises en 1851, où il devient le peintre portraitiste de la société aristocratique de l’île. Il retourna en Europe en 1875 où il séjourna trois ans. Ce qui fait dire qu’il incarne un dialogue entre Orient et Occident.
Le Palais du Belvédère à Vienne expose actuellement, et ce jusqu’au 22 mars 2022, le portrait d’Osman Hamdi Bey. Hakob Hovnatanya, qu’il a récemment acquis. L’une des toiles La Chasse au taureau sauvage (Banteng), a été adjugée 8,9 M€, à Vannes, le 27 janvier 2018 par la maison Ruellan.
Référence : AJU002d1