Réconciliations : Henri IV et Rome (1589-1610)
RMN
Tableaux, sculptures, gravures, manuscrits qui évoquent la réconciliation entre Henri IV et la papauté : tel était le thème de cette exposition.
Difficiles ont été les rapports d’Henri IV, roi de France, avec les papes qui se sont succédé sous son règne. La présentation des œuvres au château de Pau retraçait les événements politiques et artistiques de cette période mouvementée et créative durant 21 ans.
Protestant, Henri IV est excommunié lors de son arrivée sur le trône par Sixte Quint en 1585. Sa conversion au catholicisme en la basilique de Saint-Denis en 1593 va le réconcilier avec le pape Clément VIII, en 1595.
À Rome, une importante cérémonie place Saint-Pierre fête cette réconciliation. Si le roi est absent, il se fait représenter. Cet événement suscite de nombreuses commandes pour les artistes ; il est ainsi fixé dans le temps. À partir de ce moment, Henri IV va déployer toute sa diplomatie et exercer une forte influence.
Tableaux, sculptures, gravures, médailles témoignent de cette époque et en restituent les divers aspects ; l’art contribue à la paix retrouvée.
De nombreux artistes français effectuent alors le voyage à Rome afin d’enrichir leur culture, de découvrir la création italienne. Cette réconciliation, à travers l’art entre autres, permet l’ouverture d’une paix européenne.
Cette exposition faisait penser à une promenade dans la Rome de l’époque parmi les créations qui attestent de l’effervescence tant diplomatique qu’artistique.
Si les œuvres françaises s’inspirent volontiers de la tradition romaine, chaque artiste cependant conserve sa propre interprétation en cette fin du XVe siècle et début du XVIe siècle, où règne l’art baroque.
Étaient présentées les traductions diverses de cet épisode de réconciliation par des compositions commémoratives, telle une huile sur bois de René Gabriel Oseda, Henri IV s’appuyant sur la religion pour donner la paix à la France, d’une grande finesse d’écriture.
Cette entente nouvelle entre le roi et la papauté est l’événement le plus marquant mais, avant elle, leurs mauvaises relations sont symbolisées par le portrait du pape Sixte Quint attribué à Filippo Bellini ; le personnage y apparaît remarquable de présence. Dans cette présentation thématique, on découvrait par exemple la maquette du monument funéraire de Léon XI à la basilique Saint-Pierre de Rome par Alessandro Algardi. C’est encore une Allégorie de la Paix signée Martin de Vos, l’un des derniers maniéristes flamands ; il se distingue par la finesse des visages, la transparence de la peau. On admirait un très sensible portrait expressif d’Henri IV à la pierre noire et sanguine de Clouet mais encore le Roi conquérant, à cheval terrassant ses ennemis. Barthélémy Prieur affirme ici la force politique du souverain. Un tableau d’une certaine minutie où François Quesnel révèle sa science du drapé : Henri IV et le cardinal Alexandre de Médicis.
En 1600, à l’occasion de l’année jubilaire à Rome, les artistes reçoivent de nombreuses commandes, ils viennent à Rome parfois dans l’espoir de trouver un mécène.
Découverte encore, la statue d’Henri IV par le lorrain Nicolas Cordier ou les bronzes de Benjamin Prieur représentant le roi torse nu avec vérité.
De nombreuses médailles figuraient dans l’exposition, dont celles d’Alexandre Olivier, en argent, qui évoquent la Saint Barthélémy, finement ciselées, ou celles exécutées en bronze doré par Gaspare Cambio.
Il faut évoquer également les eaux-fortes et burins, dont certains sont d’un grand raffinement ainsi que les superbes Livres d’emblèmes, composés de 54 poèmes décorés d’enluminures et de grandes figures sur parchemin.
Une remontée dans le temps à travers ces disciplines artistiques faisant revivre cette période de création intense, issue de la conversion du roi Henri IV et de sa réconciliation avec Rome, ainsi que toute la diplomatie du souverain.