Regards féminins à travers l’art

Publié le 25/09/2018

Portrait de la marquise de Grollier par Élisabeth Vigée Le Brun

Élisabeth Vigée Le Brun, Portrait de la marquise de Grollier, 1788

Galerie Canesso

Élisabeth Vigée Le Brun, célèbre sous Louis XVI, figure parmi les femmes peintres les plus renommées de son époque. Elle réalise des portraits de diplomates et d’importantes personnalités qui fréquentent son salon et devient peintre de la famille royale et de la cour.

Assez souvent conventionnels, ses portraits ne manquent cependant pas de qualité ; on aime leur composition élégante et leur facture sensible ; l’artiste se montre habile à peindre les toilettes raffinées des modèles. C’est avec intérêt que l’on découvre à la galerie Canesso un portrait de la marquise de Grollier. Tout le raffinement du XVIIIe siècle apparaît dans cette œuvre d’une vraie délicatesse ; un grand soin est apporté à rendre le chatoiement de la robe bleue et une grande douceur se dégage du visage. À ses côtés sont présentés quatre tableaux réalisés par la marquise de Grollier, dont le travail est demeuré plus confidentiel. Admiratrice de van Spaedonck, peintre hollandais spécialiste des fleurs, elle a étudié avec Greuze. Rapidement, l’artiste s’intéresse aux jardins et aux ensembles floraux qu’elle transmet dans leur vérité sous la lumière. Ses tableaux, aux fleurs épanouies accompagnées de fruits, s’offrent au regard dans l’harmonie de la composition, la légèreté de la matière et la précision du dessin sous un jeu d’ombre et de lumière. Œuvre d’une rare délicatesse dans la fraîcheur des couleurs.

Les sculptures de Geneviève Bayle, Éloge de la tendresse

Un Ange de Geneviève Bayle

G. Bayle

Habitées d’âme, de tendresse, d’émotion et d’une spiritualité perceptible, ces sculptures évoquent un chant d’amour à la vie, d’espérance autant qu’un regard sur l’autre.

Chaque personnage, à la forte présence, témoigne des divers sentiments éprouvés au cours de l’existence. Expressive et sensible, son œuvre attire et séduit, tant par sa vérité que par le travail de l’artiste qui crée ses sculptures, selon une nécessité intérieure, en terre crue coulée dans le bronze. Sans jamais céder à la facilité, Geneviève Bayle exprime son ressenti avec retenue. À contempler ces sculptures, on devine son amour pour le travail de la glaise, qu’elle pose souvent par plaques esquissant la forme sans détails superflus. Elle cherche à transmettre l’humanité dans la matière. Ici et là, la trace des doigts agiles anime les volumes tandis que les visages expressifs, d’une grande pureté, intériorisés, parfois révèlent l’intensité des sentiments. Les volumes succincts laissent place à l’émotion, à la pudeur ou à la joie profonde d’une maternité : silence et force de ces êtres évocateurs de tous les sentiments de la vie, des plaies intérieures au bonheur.

Touchée par les événements tragiques de par le monde, le sculpteur les exorcise à travers quelques-unes de ses créations. Ainsi évoque-t-elle Kamakura, ville japonaise qui conserve le souvenir de décès d’enfants innocents, morts avant d’avoir vécu, qu’elle symbolise par des jeunes femmes protectrices accueillant ces bébés dans leur sein. Elle affirme là une intéressante invention plastique conjuguée à la compassion. Dans le même esprit, on admire la superbe Supplication du Bonze, où s’exprime la forte émotion du modèle.

Les compositions d’inspiration biblique confirment l’attachement de Geneviève Bayle aux valeurs spirituelles qu’elle transmet par la pureté des volumes : Ange, Christ de l’accueil ou Le Bon Samaritain ; autant de figures qui expriment l’indicible. Dans cette œuvre, matière et esprit s’unissent avec bonheur.

LPA 25 Sep. 2018, n° 139c9, p.15

Référence : LPA 25 Sep. 2018, n° 139c9, p.15

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