« Retour d’Asie » au musée Cernuschi : voyage auprès d’un collectionneur

Publié le 21/11/2023

L’exposition « Retour d’Asie », qui se terminera le 24 février 2024, présente le parcours d’Henri Cernuschi depuis ses déplacements en Extrême-Orient jusqu’à son retour à Paris, où il crée l’un des premiers musées d’art asiatique.

Musée Cernuschi

Connaissez-vous Henri Cernuschi, ce personnage hors-norme et son musée, un hôtel particulier qui donne sur le Parc Monceau ? Henri Cernuschi (1821-1896), collectionneur visionnaire, est une figure marquante du Paris intellectuel et artistique de la fin du XIXe siècle. Familier de Léon Gambetta, d’Émile Zola aussi bien que de Sarah Bernhardt ou d’Edmond de Goncourt, Cernuschi s’est exilé en France pour des raisons politiques liées à ses engagements républicains. Il fut aussi un économiste et financier célèbre pour ses théories monétaires, mais est principalement connu à travers le prisme des arts asiatiques.

Dans cette exposition qui lui rend hommage, le visiteur le suit tout au long de son parcours depuis le Japon, la Chine, puis l’Indonésie, Ceylan et l’Inde, contrées qui l’inciteront à constituer l’une des plus importantes collections européennes d’art asiatique de son temps et à fonder le musée qui porte son nom.

De 1871 à 1873, ce sont près de 5 000 œuvres d’art ‒ bronzes, céramiques, peintures, estampes, objets en bois laqué et sculpté, photographies ou livres illustrés ‒ qui voguent sur les océans jusqu’à Paris. Les objets d’art chinois et japonais qu’il a rassemblés exercent immédiatement une fascination considérable sur les artistes et artisans de l’époque et deviennent des modèles pour toute une génération de créateurs en Europe. Parallèlement, Cernuschi achève son œuvre en créant pour sa collection un écrin unique. Via cette contribution novatrice, son musée a permis de faire éclater en Europe la révolution du goût connue sous le nom de japonisme.

La première partie de l’exposition relate le voyage en Asie, l’année même où Jules Verne publie Le Tour du monde en 80 jours. Henri Cernuschi découvre l’Asie en compagnie de Théodore Duret (1838-1927), critique d’art, compagnon de route des impressionnistes, journaliste et écrivain français. Après avoir traversé le continent américain et l’océan Pacifique, Henri Cernuschi aborde le Japon, avant de gagner la Chine, puis l’Indonésie, Ceylan et l’Inde. Le collectionneur est marqué par la richesse artistique des pays qu’il visite. Tout au long de son séjour en Asie d’octobre 1871 à décembre 1872, Henri Cernuschi acquiert plusieurs milliers d’objets sur les marchés de l’art japonais et chinois, en particulier des bronzes, dont il est le premier à comprendre la valeur ; mais également des céramiques, des estampes, des livres illustrés, des peintures, des photographies et des objets en bois laqué et sculpté.

La deuxième partie expose le retour à Paris où il présente ses trésors au public à l’occasion de manifestations telles que l’exposition de 1873 au palais de l’Industrie, l’exposition rétrospective du métal en 1880 et l’exposition rétrospective de l’art japonais en 1883. Ses œuvres chinoises et japonaises sont bientôt perçues par les artistes et les artisans de l’époque comme Gustave Moreau (1826-1898) ou Émile Reiber (1826-1893), directeur des ateliers de dessin de la maison Christofle, comme d’extraordinaires sources d’inspiration. Le répertoire des formes et des motifs, l’innovation technique des pièces de la collection Cernuschi, deviennent des modèles pour toute une génération de créateurs avec une importante influence qui se prolongera jusqu’aux premières décennies du XXe siècle, comme l’atteste la production du sculpteur animalier François Pompon (1855-1933).

Enfin, la troisième partie concerne le musée lui-même, pensé comme un temple des arts asiatiques, lequel devient un des hauts lieux du japonisme parisien… À l’occasion du 150e anniversaire du musée, les collections permanentes dévoilent des dragons sculptés japonais restaurés qui n’ont pas été exposés dans leur intégralité depuis 1930.

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