Retour sur la photographie Art Brut à Arles

Publié le 03/02/2020

Retour sur la photographie Art Brut à Arles

« Peut-on considérer la photographie brute comme une catégorie de l’art brut ? ».

L’ancienne édition des Rencontres photographiques d’Arles, ainsi que le livre édité à cette occasion, ont permis d’aborder cette passionnante question…

L’art brut s’est dévoilé à Arles

C’est au collectionneur Bruno Decharme que l’on doit ce qui est sans doute l’un des points forts des Rencontres photographiques de cette édition 2019, ne laissant présager que du bon pour l’édition 2020. Passionné d’art brut, il a recueilli des centaines de photographies et autres créations, dont il expose ici quelques fleurons. C’est sans doute inédit pour la plupart des visiteurs qui ont découvert ces œuvres et surtout les biographies de leurs auteurs, personnages amochés par la vie et surtout romanesques… Venant après l’exposition Dubuffet au Mucem de Marseille, ce parcours n’a pris que plus de relief et d’intérêt encore. C’était déstabilisant, étonnant, roboratif. Chaque visiteur aura fait ses choix et aura eu ses coups de cœur. Ainsi, on a pu découvrir l’artiste Kazuo Handa, qui a fabriqué pendant des années des pipes et fume-cigarettes à partir de magazines érotiques ; mais également Fumihiro Hindo, avec ses « Karne Moso » (délires associatifs) ; ou encore ce Zorro, qui se travestit et se prend en photo par obsession, par jeu… Trois d’entre eux, qui ont fait en sus l’objet d’un documentaire, retiennent aussi l’attention : Henry Darger, avec notamment sa saga « The story of the Vivian Girls », autour d’une histoire qui ressemblerait à une fiction, mais qui s’inspire de la réalité la plus violente et morbide… On pense aussi à Alexandre Lobanov, réutilisant la symbolique et l’iconographie de la Russie soviétique, ou encore à l’immense Melvin Way. On a été épinglé – le mot n’est pas trop fort par tant d’inventions – d’idées techniques, et surtout par la liberté de tous ces créateurs !

Brut Photo, le livre

À l’occasion de ces Rencontres, Flammarion a édité un imposant livre qui a repris les thèmes de l’exposition (« Affaires privées », « Reformater le monde », « Performer ou un autre je », Conjurer le réel ; esprits fluides et menaçants ». Un vrai programme !), et a donné à voir encore d’autres créations que celles présentes.

Manière de revenir sur ce vrai univers décalé, performatif… Tout cela est très profond, au-delà de la simple émotion amusée ou effrayée parfois. La question de l’art – nous revenons précisément à la question initiale – étant de nouveau posée dans sa définition et sa nature. Ce livre, surtout si vous avez loupé cet événement, est un must pour plonger dans l’univers de l’art brut.

LPA 03 Fév. 2020, n° 147k7, p.21

Référence : LPA 03 Fév. 2020, n° 147k7, p.21

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