Richelieu, maréchal multiple

Publié le 08/11/2024

Ce portrait du maréchal de Richelieu par l’entrage de Nattier a été adjugé 22 000 €

L’Huillier & Associés

Chez les du Plessis, il n’y eut pas que le cardinal ! Nommé duc de Richelieu en 1629, le ministre de Louis XIII n’avait évidemment pas de descendance, mais un neveu, du moins un petit-neveu, Armand-Jean de Vignerot du Plessis (1629-1715), institué son légataire universel. Il reçut les créances de son propre père, le duché de Richelieu, les terres de Saintonge, le domaine de Brouage, la Ferté-Bernard et nombre de meubles et immeubles. Il ne connut pas son grand-oncle, mais comme lui, il comprit que la mer était « la première chose qu’il faut faire, et [se] rendre puissant sur la mer qui donne entrée à tous les États monde. » Le cardinal avait pris le titre de « Grand-maître, chef et surintendant général de la navigation et du commerce ». Son neveu, comme son père, reçut la charge de général des galères. On se sentait marin dans la famille. Rappelons que l’oncle maternel du cardinal, le commandeur de la Porte (1566-1644), était grand prieur de France de l’Ordre de Malte et inspira ce qui devait devenir la marine royale en France.

Cet intérêt maritime n’effleura pas le plus célèbre des ducs de Richelieu, Louis-François-Armand de Vignerot du Plessis, duc de Fronsac puis duc de Richelieu (1696-1788), qui défraya la chronique tout au long du XVIIIe siècle. Un portrait de lui, en pied, exécuté dans l’entourage de Jean-Marc Nattier (1685-1766) a été adjugé 22 000 € à Drouot, le 4 octobre 2024 par la maison L’Huillier & Associés lors de la dispersion d’un appartement de l’Île Saint-Louis. Le sujet est représenté en armure ceint du grand cordon de l’ordre du Saint-Esprit, devant le fort de Port Mac-Mahon, dont il s’était emparé en 1756, lors de la bataille de Minorque, qui opposait la France et l’Angleterre, au début de la Guerre de Sept ans, un cartouche situé en haut du cadre, indiquerait que ce portrait fut offert en 1784, au marquis (Louis-Honoré) de Montillet. Le duc de Richelieu avait déjà, à l’époque, fait ses preuves tant dans la galanterie que dans les armes, dans la diplomatie et même dans les lettres. Ce personnage fut multiple, tour à tour emprisonné à la Bastille, membre de l’Académie française puis de celle des sciences, reçut le bâton de maréchal en 1748. On rapporte alors qu’il était gouverneur de Guyenne, il ne se sentit pas bien, but un verre de vin de Bordeaux, s’en trouva ragaillardi et fit envoyer au roi Louis XV quelques tonneaux. À son tour, le souverain apprécia et c’est ainsi que l’on but du vin de Bordeaux à la cour. On raconte encore qu’après son troisième mariage en 1780, à l’âge de quatre-vingt-quatre ans, sa jeune épousée Jeanne Catherine Josèphe de Lavaulx (1734-1815) aurait dit : « Le matin de son premier mariage, mon mari a dit au roi Louis XIV ». On ne saura jamais quels furent les propos du roi Soleil et du plus flamboyant des ducs. Mais on a dit tellement de chose à son sujet. On a même assuré que Mme de Lavaulx aurait vécu centenaire et aurait prononcé cette phrase devant Napoléon III. Sans doute un effet du vin de Bordeaux…

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