Rita Hayworth, étoile des étoiles
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Quel est le programmateur à l’idée éblouissante qui a rediffusé sur une chaîne du câble L’Étoile des étoiles, traduction ratée du film signé Alexander Hall, dont le titre original Down to Earth sied bien mieux au sujet du film ? On a envie de lui dire merci ! Ce film très peu connu et parfaitement réussi, bien que Hall ne soit pas resté dans les mémoires, est impressionnant à plus d’un titre : il redonne à voir (ce n’est pas le seul) le grand talent d’actrice et de danseuse de Rita Hayworth. Retour sur l’actrice et sur le genre.
Rita Hayworth, déesse de la danse. Statufiée pour l’éternité dans Gilda et dans La Dame de Shanghai, Rita Hayworth joue ici Terpsichore, la déesse de la danse qui descend sur terre. Quand on sait que Rita rêvait de danse, le scénario du film est comme une métaphore. Le jeu de l’actrice est hyper efficace, tout en finesse, nuance, décontraction, glamour… Du côté de ses talents de danseuse, ils explosent dans les ballets « fantastiques » que filme le film (un film dans le film, procédé dont étaient friandes les comédies musicales américaines). Rita Hayworth illumine ce long métrage de sa présence. Peut-être l’un de ses plus beaux rôles !
Rita Hayworth, la comédie musicale. Le film sort en 1947, c’est une production de la Columbia qui veut damer le pion à la MGM. Deux ans plus tôt, la firme au lion avait sorti Escale à Hollywood de George Sidney, qui n’était pas un manchot. Gene Kelly, Frank Sinatra et Kathryn Grayson se donnaient la réplique. Ode à la marine américaine façon chantée et dansée, le film a vieilli, certaines paroles sont devenues presque insupportables. Le scénario tient quand même la route, les chansons sont celles de crooners. Les chorégraphies font la part belle à Gene Kelly, notamment dans la longue scène du balcon, façon Zorro et Douglas Fairbanks. Il ne faut surtout pas le regarder dans la version doublée en français ; à éviter absolument. Heureusement, le piano n’a pas besoin de traduction et on peut admirer le jeu tellement spécial de José Iturbi, qui y joue malicieusement son propre rôle. Le propos d’Escale à Hollywood a perdu aujourd’hui de son intérêt, mais pas celui du film de Hall, qui savait aussi filmer et qui mérite d’être reconsidéré. Il y a surtout le scénario qui parle de questions éternelles, une histoire truffée de belles idées. Le traitement poétique à la frontière du fantastique est savoureux, la scène de fin étant absolument inattendue et délicieuse. Ainsi, il fut une fois la comédie musicale qui en(chantait) le monde. Rita Hayworth en était l’une des formidables actrices, qui dansa avec Fred Astaire pour la Columbia encore. Antoine Sire, l’auteur de Hollywood, la cité des Femmes a écrit au sujet de Rita : « Pour accéder à sa vérité, il faut la regarder danser ». L’Étoile des étoiles nous parle de cette vérité.
Référence : AJU003e4