Rodin, « Rêve d’Égypte »

Publié le 12/01/2023

Musée Rodin

Rarement la relation d’Auguste Rodin avec l’art égyptien n’a été évoquée. Pourtant, elle fut intense. Le sculpteur admirait « son élégance de l’esprit ».

Dès la fin du XIXe siècle, l’artiste a commencé une collection d’objets, révélatrice de son admiration, de sa passion pour cette création magnifique. Entouré de sculptures de petites dimensions ou monumentales, images de ce passé prestigieux, Rodin a créé son œuvre tout à la fois innovante et inspirée de l’art du passé : Grèce, Asie puis Égypte, conservant une expression personnelle. L’exposition présentée au musée Rodin rassemble sculptures, dessins, archives, photographies ainsi qu’une partie de la collection du sculpteur.

Aux alentours de 1840, année de la naissance de Rodin, la France se passionne pour l’Égypte et sa culture, qui continue au cours du siècle et se poursuit encore lorsque l’artiste commence à créer. Il s’intéresse évidemment à cette civilisation si riche. Les Expositions universelles, les visites au Louvre le familiarisent avec cet art qu’il va peu à peu introduire dans sa création, reprenant une certaine simplification des volumes. En témoigne Le Monument à Balzac, hiératique et si présent. Sa fascination pour cet art antique le conduit à commencer une collection de l’art égyptien à partir de 1890. Observant quelques-unes de ses œuvres, on est frappé par les résonances de cette création sur son travail. Dans ses sculptures et dessins apparaissent ce qu’il admire chez les Égyptiens : « L’harmonie de la forme, la simplicité des lignes ».

L’œuvre de Rodin attire bientôt les égyptologues, elle leur ouvre une nouvelle approche dans la compréhension de la civilisation qu’ils étudient. Le sculpteur n’a jamais effectué le voyage d’Égypte, il a rêvé ce pays à travers son art ou même les tissus coptes. À partir de 1893, il enrichit encore sa collection après avoir acquis des figurines, souvent images de divinités, en bronze et d’une grande finesse d’exécution, certaines à tête de chat ou encore des animaux stylisés toujours de petite dimension. Ce sont plus de 500 objets qu’il réunit et dispose dans ses ateliers ; ils voisinent parfois avec ses créations. Nous ne sommes pas surpris qu’il attribue à ses œuvres des noms rappelant l’Égypte : sphinx, momie, pyramide. Au fil du parcours à découvrir, parmi bien d’autres, un Torse de jeune femme cambrée, plâtre témoin de son goût pour la tradition antique, ou encore Petite source, un curieux et remarquable assemblage d’une jarre antique en albâtre surmontée d’un nu féminin sans tête, un plâtre témoin évoquant son incessante recherche qui tend de plus en plus vers la simplification de la forme.

Rodin va, à partir de 1910, acheter des sculptures plus importantes ainsi que des œuvres médiévales et asiatiques. Il les acquiert non seulement pour sa satisfaction personnelle, pour leur beauté, mais aussi dans l’idée de transmettre aux étudiants cette culture indispensable. Chacune des œuvres exposées, égyptiennes ou de Rodin, mérite l’attention. Comment ne pas être frappé par un Masque funéraire d’enfant ou de jeune homme, en stuc et pâte de verre du IIe siècle, avec ces grands yeux illuminant un visage expressif d’une grande pureté.

L’exposition propose également « d’entrer » dans l’atelier d’un sculpteur égyptien, avec une reconstitution des étapes de son travail : dessin préparatoire, puis sculpture et couleur. Cette plongée dans le parcours de Rodin rappelle, à travers des œuvres parfois somptueuses, son admiration pour l’art antique allié à sa modernité.

Musée Rodin, 77 rue de Varenne, 75007 Paris

Jusqu’au 5 mars 2023

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