Sandoz touriste durant les Années folles

Publié le 27/12/2024

Monelle Hayot

Édouard Marcel Sandoz (1881-1971) aimait les animaux. Ce qui ne peut surprendre lorsque l’on connaît ses œuvres sculptées. Sa faune personnelle est marquée par ses deux animaux préférés, le lapin et le fennec. De ceux-là, un Lapin « bijou », un modèle créé en 1920 ; dans une édition Suisse de 1920 à 1930, bronze à patine brune, a été adjugé 2 700 €, à Drouot, le 29 novembre 2024 par la maison Crait + Müller. Un Fennec assis, une édition par la manufacture de Sèvres entre 1934 et 1939, en grès tendre, a été adjugé 5 800 €, à Drouot, le 8 décembre 2023 par la même maison de vente. Mais c’est assurément le fennec que préférait Sandoz dont le nom se prononce « sando ». Cet intérêt pourrait surprendre, d’autant plus que cet animal est plutôt rare en Suisse, pays natal de l’artiste.

Il faut savoir qu’il effectua au moins cinq voyages en Afrique du Nord d’où il rapporta nombre d’aquarelles. Il aborda la côte algérienne en direction de Marrakech, en 1922, il était alors âgé de 41 ans et sa notoriété assurée. Jusqu’en 1928, il voyagea en privilégié sur les circuits Transat entre le bord des mers et les sables du désert. « Durant ses périples africains, comme lors de tous ses voyages, Sandoz travaille à la façon d’un ethnologue : il étudie, documente, écrit, représente ou photographie ce qu’il voit », constate Sébastien Meer, auteur de l’album Le tourisme des années folles vu par Sandoz, qui représente la seconde partie de celui consacré Au Sahara, en chameau, en auto, en paquebot, par Dominique Boudet.

Nous avons vu dans le premier album comment s’était peu à peu organisé le tourisme en Afrique du Nord, grâce à la Compagnie générale transatlantique, sous l’impulsion de son président John Dal Piaz. « Il faut croire, selon Sébastien Mer, que les deux hommes se sont appréciés puisque cinq voyages s’ensuivirent. Quoique mandaté par Dal Piaz, Sandoz a livré dans ses aquarelles son propre récit de voyages. Ses nombreux dessins, parfois inachevés relèvent davantage du carnet de croquis comme un certain Eugène Delacroix devait en réaliser un siècle auparavant. Il ne fut pas le seul. Il y a parfois un air de déjà-vu dans ces courses entre les palmiers, ces harkas de chameaux, ces haltes à l’ombre des patios. Il reste que le charme que Sandoz a mis dans ses vues, reflète des instants privilégiés qui, hélas, ont disparu. Face aux contreforts de l’Atlas, par exemple, l’artiste en frémissait d’émotion. Dans Tlemcen, il aimait se promener dans les ruelles et découvrir ce que dissimulaient les murs trop blancs. Près de Constantine, il se faufilait dans les gorges, toujours son carnet à la main. Sandoz, en 1927, publia un petit album comprenant 22 planches aquarellées : Croquis de Route. Maroc. Algérie. Tunisie. Sahara. Édité par la Société des Voyages et Hôtels Nord-Africains, (in-8, en feuilles sous chemise). L’un des 1 000 exemplaires, a été vendu 350 €, à Drouot, le 3 février 2017 par la maison Gros Delettrez. Ici, l’album composé par Sébastien Meer enrichit davantage notre imaginaire.

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