Saudade
Lisbonne revisitée
Il est impossible de parler de Fernando Pessoa (1888-1935) sans penser à Lisbonne. Car Pessoa fut lié à cette cité, comme Kafka fut lié à Prague, ou Joyce à Dublin. Lisbonne imprégna toute son œuvre, et les textes relatifs à cette « ville triste et joyeuse » nous sont proposés dans cette édition bilingue aux Éditions Chandeigne.
Pessoa habita Lisbonne qui le hantait littéralement et littérairement. Le quartier du Chiado, le café Brasileiras, l’impasse du Parle-Tout-Seul, le Tage… sont autant de lieux que nous côtoyons dans ses poèmes, dans ses lettres amoureuses à Ophélia Queiroz, ou dans les textes de ses hétéronymes Alvaro de Campas et Bernardo Soares.
Ce petit livre de poche rassemble ainsi les fascinants fragments en proses du Livre de l’intranquillité, des lettres, des poèmes, qui nous indiquent l’intime et puissant rapports du poète avec sa ville. Et sa ville est tantôt monotone, sinistre, voire champêtre parfois.
Nous la voyons, nous la sentons, nous la touchons, nous l’écoutons. Elle fit parti de sa vie. « Il n’y a nulle différence entre moi et les rues », écrivait-il.
Les œuvres complètes de Fernando Pessoa sont publiées chez Christian Bourgois. Mais on peut dire aussi, chez Hazan, collection Lumières, 1997 : Fernando Pessoa, de Maria José de Lancastre et Antonio Tabucchi. Chez Bourgois, 1990 : Pessoa, Une photographie, de Maria José de Lancastre.
Le Monde doit être romantisé
Cet ouvrage rassemble l’intégralité des cinq premiers textes de Novalis, qu’il écrivit à Freiberg au cours de la première moitié de l’année 1798. Il est composé de Fragments Logologiques, Poésie, Poéticismes, Fragments ou Problèmes de pensée et Anecdotes.
Novalis est le pseudonyme qu’adopta le jeune Georg Philipp Friedrich von Hardenberg (1772-1801), et il signifie « terre en friche ». Novalis fut poète, romancier, philosophe et savant, un esprit encyclopédique, d’une grande curiosité et profondeur de pensée qui sont les valeurs dominantes des romantiques. Son questionnement sur l’art revient régulièrement dans ses pages, car il est essentiel pour comprendre l’univers, dans un monde en perte de sens et d’unité. Novalis écrivit : « Le poète achève, comme il a commencé son vol migratoire. Quand le philosophe se contente de tout organiser, et de tout poser, le poète, lui, dissout tous les liens. Ses mots ne sont pas des signes généraux – ce sont des sons – des mots magiques qui font évoluer autour d’eux de beaux groupes ».
La poésie de Novalis est tout entière placée sous la subjectivité et la spiritualité créatrices. Novalis est un poète « magicien », un poète de la verticalité. Sa poésie est un mouvement d’élévation. En disant cela, nous pensons au peintre romantique Caspar David Friedrich (1774-1840) qui peignit des paysages comme des scènes spirituelles.
Avec ces textes, Novalis nous propose des interactions, des ponts entre peinture, musique, poésie et recherches scientifiques (géologue et minéralogiste, il était ingénieur des Mines allemandes). Avec ses interrogations et réflexions sur l’univers et l’Homme, il pouvait dire très justement : « Il n’y a qu’un temple au monde, et c’est le corps humain ».