Sérénissime !

Publié le 25/01/2017

Venise, cité allégorique, mystérieuse, fantasmatique… Un rêve de pierre entre terre et eau. Puissance maritime et économique au cours de plusieurs siècles, cette cité attire toujours les voyageurs, les curieux, les nostalgiques. Mais sa notoriété, son attirance, conduit vers elle des flots de touristes qui la fragilisent.

Pietro Longhi, Le Charlatan, 1757, huile sur toile, 62 x 50 cm (détail).

Fondation Bemberg

Elle attira poètes, romanciers et peintres. Nous nous rappellerons les vues remarquables que Monet réalisa lors de son unique séjour dans la cité en l’automne 1908.

Mais au XVIIIe siècle, alors que sa puissance politique, économique et territoriale se réduisait considérablement, et cela depuis la Renaissance, elle connut une longue période culturelle florissante. Pour conjurer son déclin, qui aboutira à sa reddition à Napoléon, la Cité des Doges, après un millénaire d’indépendance, multiplia les fêtes, les célébrations et autres spectacles qui attireront des curieux et des voyageurs de toute l’Europe.

Les festivités qu’elle proposa alors n’étaient pas de purs divertissements oisifs. Le carnaval, par exemple, ou la régate, était une véritable mise en scène politique et religieuse de la ville. Et des peintres, tels Francesco Guardi, Giovanni Antonio Canal, dit Canaletto, ou Bernardo Bellotto, relatèrent ces scènes de festivité et peignirent des vues (vedute) de la cité ; quant à Tiepolo ou Longhi, ils décorèrent magnifiquement églises et palais. Tous imprimèrent durablement les divers visages de la cité partout en Europe, les vues de Venise se retrouvant dans les demeures de l’aristocratie anglaise, française ou allemande.

L’exposition rassemble plus de quarante peintures, gravures et dessins, provenant de collections françaises et européennes, pour ranimer, pendant quelques mois, l’esprit de faste de la Sérénissime République au temps des Lumières.

Le parcours de cette exposition nous propose un itinéraire composé de quatre thématiques liées aux fêtes vénitiennes : « Les grandes et petites réjouissances », à propos de la danse et la musique qui occupaient une place de choix dans la société, aussi bien au sein de l’aristocratie que du peuple ; « De la ville à la scène », sur la commedia dell’arte qui connut un développement sans précédent à Venise au XVIIIe siècle, avec en particulier Carlo Goldoni. Quant à l’Opéra, il bénéficia de splendides salles de spectacle, dont la célèbre Fenice ; « Le pouvoir en spectacle », car les institutions laïques et religieuses de la Sérénissime aimaient convier de grandes foules lors de festivités, cristallisant ainsi l’image d’une Venise puissante et fastueuse. Les réceptions des princes étrangers étaient aussi l’occasion de célébrations fastueuses sur la place Saint-Marc ou le Grand Canal ; enfin, « Pendant le carnaval » : instituée à l’époque médiévale, cette fête colorée et masquée réunissait au XVIIIe siècle une foule incroyable et cosmopolite, qui aimait les attractions foraines de plein air et les divertissements plus discrets du Ridotto, l’ancêtre du casino.

 

LPA 25 Jan. 2017, n° 123t4, p.21

Référence : LPA 25 Jan. 2017, n° 123t4, p.21

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