Sur la route des peintres de Crozant

Publié le 24/08/2021

Le bœuf façon Stéphane Nougier.

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Il est bien étrange et incompréhensible que ce coin perdu de la Creuse et que ses artistes peintres aient dû attendre 2002 et le travail d’un marchand d’art parisien, Christophe Rameix, pour que soit reconnu, grâce à son important ouvrage, l’ensemble des peintres de la vallée autour de Crozant. Le livre recense plus de 400 artistes pré et post-impressionnistes venus peindre près des rivières de la Sédelle et de la Creuse entre 1850 et 1950.

À la recherche de paysages différents et d’un romantisme exacerbé

Claude Monet, Francis Picabia, Armand Guillaumin, Gustave Eugène Castan, Ernest Victor Hareux, Léon Detroy entre autres sont venus vivre et peindre dans cette vallée, car le cadre était à leurs yeux d’un grand romantisme : des ruines de châteaux forts, des roches et des landes à bruyères parsemés de troupeaux de chèvres et de moutons, des eaux paisibles dans des lits tortueux de rivières et des paysages avec de la neige, élément très vendeur pour la clientèle parisienne. En effet, il était impossible pour les peintres de faire transporter leur matériel en Savoie et de peindre dehors dans des conditions de froid extrême.

Rose et mauve : les couleurs particulières de l’École de Crozant

L’une des caractéristiques majeures de l’École de Crozant réside dans ces teintes rose ou parme des toiles. En effet, les prairies étaient recouvertes de bruyères et, selon l’époque, recouvertes de rose au printemps, de mauve plus ou moins foncé à l’automne.

Sur place, vous aurez du mal à retrouver en regard des tableaux de tel ou tel lieu, de telle ou telle boucle de la Creuse : la faute à la construction d’un barrage en 1926 qui a ennoyé la vallée, changé les habitudes agricoles d’avant et transformé les paysages abandonnés en forêts denses.

Dame Nature a repris ses droits et la comparaison entre une toile fin XIXe siècle et la végétation de 2021 est un peu déroutante. Néanmoins, la beauté des tableaux, le charme des lieux opère toujours et les forteresses en ruine se détachent toujours sur le fond de ces paysages préservés.

Il n’y a pas de chef de file dans cette école, aucune touche spécifique entre les peintres français ou étrangers, et seules les couleurs des bruyères les unissent.

Relatant, le centre d’interprétation de Crozant appelé « Hôtel Lépinat », est très bien fait et élargit la présence d’artistes autre que celle des seuls peintres. En effet, George Sand et son amant Chopin séjournaient souvent en Creuse et se promenaient à dos d’ânes près de Crozant.

Et pour vous reposer et vous restaurer…

Poursuivez votre balade sur les routes de Creuse. Nous vous conseillons plutôt le calme de la chambre et table d’hôtes du domaine de La Jarrige. Les chambres sont situées dans différentes petites maisons autour d’un jardin soigné et fleuri et d’une piscine chauffée. L’avantage de l’adresse, tenue par la propriétaire Yolande, une gentille alsacienne laborieuse et bonne cuisinière, est cette table d’hôtes où vous pourrez prendre votre dîner tout en bavardant avec les autres touristes présents et en écoutant les conseils de Yolande qui défend « sa Creuse » d’adoption comme personne.

Plus loin, près de La Souterraine, l’hôtel Nougier est l’adresse gourmande par excellence. Troisième de la génération d’une famille de restaurateur, Stéphane Nougier est aux cuisines. À part le menu 3 plats à 31 €, ce chef fait des surprises en se basant toujours sur des produits locaux, mais sans annoncer le détail des plats sur un menu.

Deux spécialités : l’œuf à 64°C, risotto de pommes de terre – haddock – émulsion herbacée ; et l’île flottante aux pralines roses.

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