Sur les routes de Samarcande à l’Institut du Monde Arabe
Chapan de style Daukhor
Fondation pour le développement de l’art et de la culture de la République d’Ouzbékistan | Laziz Hamani
Samarcande, un nom qui fait rêver, qui vous emporte vers le lointain Ouzbékistan avec toutes ses merveilles réalisées par des artistes au savoir-faire exceptionnel, de la fin du XIXe au début du XXe siècle, héritiers de leurs prédécesseurs qui travaillèrent dès le Moyen Âge.
Près de 300 pièces uniques s’offrent à nos yeux. Manteaux somptueux, accessoires brodés d’or, harnachements de chevaux mais encore tapis, bijoux, auxquels s’ajoutent 20 peintures d’orientalistes russes sont remarquablement présentés. Cet univers de beauté, de couleurs fait découvrir un autre monde ; un ensemble féerique et tellement dépaysant. Le visiteur a l’impression d’un voyage dans un pays à la grande richesse créatrice, révélatrice d’une culture millénaire influencée par plusieurs civilisations.
« Sur les routes de Samarcande. Merveille de soie et d’or » : le titre de l’exposition reflète parfaitement le travail des artisans d’Asie Centrale. Dès le Moyen Âge, la production textile est florissante. Pour la première fois, vêtements, accessoires, bijoux quittent l’Ouzbékistan. La beauté des tissus et la richesse des décorations sont impressionnantes. Somptueux, ces « chapans » sont des manteaux amples et longs confectionnés en velours de soie et broderies d’or aux motifs spécifiques (fleurs stylisées ou dessins géométriques), portés à la cour de l’émir. Les couleurs vives rayonnent, illuminent l’espace. Ces manteaux suspendus ou présentés sur les mannequins n’étaient pas réservés à la cour, mais ceux des classes moins aisées étaient plus simples. Les calottes portées par tous sont présentes ; là encore, la finesse, la richesse des motifs est extrême et les broderies diffèrent suivant le statut social ou l’âge. Les artisans excellent dans l’art du tissage, il existe une grande diversité de tissus et de techniques.
Les femmes n’ont pas le droit de porter de l’or, sauf pour les accessoires. La robe talismanique qu’elles revêtent, considérée comme protectrice, est souvent décorée de sourates du Coran. Ainsi, le parcours invite à une incursion dans une culture loin de la nôtre, qui possède des traditions ancestrales, le goût de la beauté, de la somptuosité. La broderie d’or de Boukhara occupe une place particulière. Elle connaît son apogée entre 1785 et 1920. Superbe, une paire de bottes Boukhara en velours et broderie d’or.
Si les humains revêtent des parures souvent somptueuses, les chevaux, très prisés, sont parés de tapis de croupe en velours brodé d’or, les harnachements peuvent être en argent serti de turquoises. Quant aux bijoux, ils révèlent invention et recherche : boucles d’oreilles, bracelets, colliers ou parures pectorales sont souvent ornés de turquoises dans un fin travail de l’or ou de l’argent. Les tapis de Boukhara notamment, nous sont bien connus : quelques-uns accompagnés d’autres provenances figurent dans l’exposition, ainsi que des « Suzanis », pièces de tissu brodé de fil de soie utilisées pour la réalisation de tapis de prière, de rideaux ou d’ornements de murs pour des intérieurs chaleureux. Ce sont souvent les femmes nomades qui tissent les tapis, une pratique ancestrale.
Quelque 20 peintures évoquent l’arrivée d’artistes russes d’avant-garde au Turkestan qui deviendra l’Ouzbékistan. Ils découvrent ce pays superbe dont les couleurs les inspirent. Cette Asie Centrale leur offre la quête d’ailleurs qu’ils recherchaient ; à partir de cet exotisme, ils créent une peinture orientaliste. De Pavel Benkov, on retient des portraits expressifs de personnages importants peints dans des costumes chatoyants ; très différente est l’approche de Oural Tansykbaïef qui, pour ses compositions, préfère des aplats de couleurs vives. Des écoles d’art vont alors se créer ; l’une d’elle a été dirigée par Alexandre Nikolaïevitch Volkov.
L’Institut du Monde Arabe propose une exposition d’une grande qualité dans laquelle règnent beauté, opulence, créativité des artisans du tissage ou du travail des métaux et des pierres.
Institut du Monde Arabe, 1 rue des Fossés Saint-Bernard, 75005 Paris
Jusqu’au 4 juin
Référence : AJU007x3