Titus et Bérénice marquent le temps
Cette montre figurant Titus et Bérénice, datée du milieu du XIXe siècle, est estimée 30 000/50 000 €
Aguttes
La maison de ventes Aguttes fête cette année ses cinquante ans. Installée à Neuilly-sur-Seine depuis 1995, elle a été fondée à Clermont-Ferrand en 1974 par Claude Aguttes, et est restée familiale. Avec trois enfants actifs au sein de la maison, elle se compose aujourd’hui d’une équipe de 60 personnes que ne ménage pas le rythme soutenu imprimé par le programme des ventes dans quinze spécialités. Parmi celles-ci, l’horlogerie tient un rôle non négligeable. Nous nous souvenons d’une pendulette à disque tournant en vermeil, quartz variété améthyste et émail translucide dans un boîtier en forme d’œuf. Réalisé en 1905, par la maison Cartier (poinçon de Maître Henri Dubret), il est naturellement influencé par les Œufs de Fabergé. Cette pièce a été adjugée 38 350 €, à Neuilly-sur-Seine, le 26 mars 2024.
Dans quelques jours, le 8 octobre 2024, la maison Aguttes dispersera une collection de montres anciennes. Celle-ci rend hommage à tous les horlogers français, suisses et anglais de la fin du XVIIe au début du XXe siècle ; elle comprend des montres anciennes à la fois techniques et décoratives. Ce médecin collectionneur concilia sa carrière avec l’étude de l’histoire de l’horlogerie. Son intérêt s’est porté sur les scènes émaillées, la finesse du guillochage des boîtiers et la complexité des mécanismes. Cette collection tourne ainsi autour des montres de poche, qu’elles soient oignons, à automates, à complications ou décoratives. On distingue une montre en or émaillée fabriquée pour le marché chinois, le dos représentant les deux personnages de l’Antiquité, Titus et Bérénice, dont les mains sont enlacées. Dans la chronologie des amours du futur empereur romain et de la reine de Judée, les deux amants ne se sont pas encore séparés pour raison d’État. La montre est signée sur le pont de balancier du mouvement par « Édouard Juvet à Fleurier », milieu du XIXe siècle. Elle est estimée 30 000/50 000 €. L’expert Geoffroy Ader présentera une autre version de cette montre. Les mains des deux jeunes gens sont-elles dénouées ? Quelle sonnerie retentit aux propos de l’amante éconduite ? « Je l’aime, je le fuis : Titus m’aime, il me quitte. Portez loin de mes yeux vos soupirs et vos fers. Adieu… »
Nous pouvons déjà prendre rendez-vous avec la même maison de vente pour le 19 décembre, pour une vacation consacrée à la Haute Époque. Au catalogue figurera un pendentif mobile au saltimbanque, daté de la Renaissance. La pendeloque en or émaillé représente un jongleur (ou joueur de maracas). Il est peut-être originaire de Nuremberg en Allemagne, daté de la seconde moitié du XVIe siècle et est estimée 8 000/10 000 €. La monture – nœud supérieur, chainettes et terrasse – est similaire au pendentif conservé par le musée du Louvre, mais le sujet est différent. Celui du Louvre, précise l’expert Grégoire de Thoury, provient de la donation Sauvageot de 1860 et est donné à l’Allemagne, seconde moitié du XVIe siècle.
Référence : AJU015i7