Tournus : ses monuments majeurs et Les Sept Fontaines

Publié le 05/05/2022

La façade de l’abbaye Saint-Philibert.

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Visitez le sud de la Bourgogne nécessite un arrêt à Tournus. L’abbaye Saint-Philibert et l’Hôtel-Dieu, ses deux principaux monuments, valent même une halte de quelques jours au même titre que séjourner dans l’hôtel Les Sept Fontaines, un 4 étoiles récemment restauré.

Coincée entre Beaune et Cluny, dont les réputations ont franchi les frontières, Tournus fait parfois figure d’enfant pauvre, de territoire oublié, et pourtant… En effet, si vous connaissez les 3 lieux, vous aurez peut-être du mal à comprendre que Tournus n’ait pas la renommée qu’elle mériterait.

Saint-Philibert, chef-d’œuvre de l’art roman

Difficile de bien photographier les deux tours de l’église abbatiale, car l’ensemble bâti aux XI et XIIe siècle est enchâssé dans les ruelles et constructions de la ville. On aimerait avoir plus de recul, et c’est du charmant cloître que l’on discerne une vision d’ensemble.

Mais pourquoi « Saint-Philibert » ?

Au 2nd siècle après J.-C., Valérien fuyant les persécutions romaines s’installe à Tournus. Arrêté, décapité, son corps est enterré dans l’abbaye actuelle. Deux siècles plus tard, un monastère est érigé sur sa sépulture.

En 875, ce sont les moines de Saint-Philibert qui fuient les invasions des Vikings. Ils s’installent à Tournus, car la ville leur est donnée par le roi Charles le Chauve. À la suite du pillage de Hongrois et à des incendies, les moines reconstruisent le monastère au XI et XIIe siècle, tel que nous le connaissons aujourd’hui.

Spécificités architecturales

Malgré quelques effets de relief de pierres posées en arêtes de poissons ou bandes lombardes, une maçonnerie austère caractérise la façade de l’abbaye.

D’une grande sobriété, la crypte remonte au XIe siècle et contraste par son absence de lumière en regard de la nef très lumineuse via ses grandes fenêtres dans les murs latéraux. Fait assez rare, la voûte est à berceaux transversaux et laisse donc pénétrer une belle luminosité.

Points forts de l’abbaye

Offerte aux moines lors de leur fuite, Notre-Dame la Brune est dite noire car sculptée dans du cèdre qui a été doré au XIXe siècle. Très curieusement, l’enfant Jésus sur ses genoux a la figure d’un adulte.

Contemporain, le mobilier comme l’autel est de la main de l’orfèvre géorgien Goudji, qui a œuvré aussi à la cathédrale de Chartes et à Notre-Dame de Paris.

Découvertes lors de restaurations en 2001, des mosaïques de la fin du XIIsiècle ont été mises à jour. Les mois de l’année et les signes du zodiaque permettaient aux pèlerins de cheminer à travers le temps et l’espace comme une bande dessinée, la population d’alors étant dans sa majorité illettrée.

En forme de coque de bateau, l’orgue datant du XVIIe siècle est superbe. Il a été offert par la famille Ozenay qui possède une propriété-chambre d’hôtes entre Tournus et Brancion.

L’Hôtel-Dieu, avant-gardiste

Les plus démunis et les voyageurs étaient accueillis à l’extérieur des remparts de la ville dès le IXe siècle. Détruit lors des guerres de religion au XVIe siècle, ce premier Hôtel-Dieu est abandonné avant d’être reconstruit aux XVIe et XVIIe siècle. L’actuel Hôtel-Dieu est dû à deux abbés fondateurs, le cardinal de Bouillon, abbé de la ville de 1660 à 1715, et le cardinal de Fleury qui prit sa succession.

Ce sont les sœurs hospitalières de Sainte-Marthe qui assuraient le service d’aide, nourriture et de soins auprès des miséreux, des militaires. Au fur et à mesure des décennies, l’offre médicale grandit avec des services de chirurgie et de maternité avant de devenir un hôpital de moyen-long séjour. La petite cinquantaine de lits ferma définitivement en 1982.

Cet Hôtel-Dieu n’a rien à envier à celui de Beaune, popularisé par Louis de Funès dans La Grande Vadrouille. À Tournus, les lits en bois sont d’époque, le matériel propre à chaque malade (pichet, écuelle, verre en étain) est encore en place sur la petite table de chevet au pied de chaque couche, les pots à feu en bois signent le style Louis XIII de la bâtisse.

Les spécificités

Plus de faïence des XVIIe et XVIIIe siècles, bienvenue à l’étain. Fin XVIIIe et surtout au XIXe siècle, l’étain déjà utilisé pour les pots à sangsues, les clystères, les palettes à saignée, devient objet du quotidien pour les plats, les assiettes, les bols, bien rangés dans un grand vaisselier. La salle des étains contient plus d’une centaine de pièces.

Achevée en 1685, l’apothicairerie est une des pharmacies les plus riches de Bourgogne. Au sol, des dalles multicolores ; au mur, des meubles en noyer à rayonnage pour contenir des pots à onguents ; au plafond, une peinture avec angelots, sphinges, fleurs et fruits décoratifs ; 150 pots en faïence et 130 pots en verre pour des sirops, des miels, des vinaigres, des distillats de plantes, des décoctions d’animaux, des potions exotiques, des poudres mirifiques. Dernièrement, plafond et pots ont été superbement restaurés : une vraie merveille d’apothicairerie.

Hélas non visitée car fermée, un dernier monument signe le patrimoine historique de la ville : la petite église Saint-Valérien de facture romane (XIIe siècle). Dédiée au premier missionnaire de Tournus, le saint martyrisé en 178 après J.-C., elle est d’une rare pureté. Rachetée, elle va être restaurée pour le bien de tous et devrait devenir un centre d’expositions ou d’art.

La cuisine du « Cloître » de l’hôtel Les Sept Fontaines

En 2012, un entrepreneur local a racheté une ancienne bâtisse du XVIsiècle, une « maison de Charité » qui servait à nourrir, soigner, donner les consolations de la religion aux indigents. Malmené, le bâtiment a nécessité d’importants travaux. Le travail d’un cabinet d’architecture lyonnais, Les Héritiers, a donné naissance à un superbe complexe hôtelier classé 4 étoiles, Les Sept Fontaines.

La qualité principale du lieu : un mixte réussi de tradition et de modernité, avec le respect des spécificités régionales (pierres de Bourgogne, caves voûtées, objets de décoration anciens et chinés comme les porcelaines, un lampadaire de la place Vendôme…) et l’apport des tendances colorielles actuelles (gris, bleu vert Sarah Lavoine, pourpre pour le mobilier, les coussins ; des pièces d’artistes, telles que le lustre de Vincent Breed de la chapelle XIXe siècle et l’orgue de barbarie par Michel Rigaud, le séquoia tronçonné de Philippe Pousset…

Les atouts : un spa, une table gastronomique, un caveau où déguster les vins de Bourgogne et d’ailleurs…

Dans le restaurant Le Cloître, Stéphane Grégoire, un jeune chef prometteur, propose une cuisine classique, mais un peu déstructurée et japonisante par sa légèreté et ses bouillons.

Dans cet établissement, la cuisine est à l’image du lieu : lumineuse et blanche virginale, moderne et design.

Lyonnais d’origine, Stéphane Grégoire a bourlingué dès son plus jeune âge dans de grandes maisons étoilées, dont Bocuse. Formé par des personnes exigeantes, il propose une cuisine classique française qu’il revisite, déstructure, japonise un peu. Les ingrédients sont bien présents, mais abordés de manière différente. Au premier abord, on ne les reconnaît pas forcément ; mais en bouche, les saveurs éclatent. Autant dire que ce jeune a du talent et de beaux jours sont devant lui ; d’autant qu’il est secondé en pâtisserie par son épouse Cassandra, qui travaille à merveille.

La carte du restaurant change au gré des saisons, avec des propositions quotidiennes alléchantes. Côté menu, les plats changent à chaque quinzaine et chaque jour de nouveaux plats sont à l’ardoise.

On démarre par du saumon mi-cuit qui n’est pas relevé comme d’habitude par un trait de citron. Les rondelles de saumon sont « enrobées » par un velouté du Barry et la verdeur acidulée du chou-fleur de faire office d’agrume. Une autre entrée inédite est le shabu-shabu de Charolais : de fines tranches de bœuf sont assaisonnées et presque cuites par une crème de champignons dashi et des lamelles de légumes aigre-doux. Le bœuf est posé sur une purée de potimarron qui apporte de la douceur au plat (19 € à la carte).

Belle prestation avec le dos de lieu noir adouci par une sauce au lait ribot et accompagné d’un risotto aux agrumes. La table voisine semblait se régaler d’un filet de bœuf, millefeuille automnal, canut de chèvres et jus de baies roses (39 €).

Cassandra Grégoire avait préparé une sublime galette des rois à la pistache. À se damner, car le feuilletage pur beurre était d’une grande finesse et contrebalançait avec l’épaisse et riche frangipane pistachée. Testez également le finger noix de coco croustillant chocolat et crémeux gianduja (11 €) ; un dessert à mi-chemin entre la force du chocolat et la douceur du cœur d’un Bounty.

En sous-sol, le caveau permet à tous les passionnés de vins de pouvoir tester en quelques millilitres 58 références différentes. 50 vins de Bourgogne et 8 vins d’ailleurs à essayer. L’intérêt : pouvoir déguster différents vins avant d’acheter celui qu’on aime, faire des découvertes œnologiques intéressantes et inédites, profiter des prix tout à fait abordables.

Comme dans le caveau, la carte de vins est riche en appellations locales et crus de Bourgogne. Alors ne vous privez pas d’un Chassagne-Montrachet ou d’un Chorey-les-Beaune ! En effet, au sous-sol, le caveau permet à tous les addicts aux vins de pouvoir tester en quelques millilitres 58 références différentes. 50 vins de Bourgogne et 8 vins d’ailleurs à essayer. L’intérêt : pouvoir déguster différents vins avant d’acheter celui qu’on aime, faire des découvertes œnologiques intéressantes et inédites, profiter des prix tout à fait abordables.

• 1 avenue de la Résistance, 71700 Tournus.

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