Trésors de Venise, la collection Cini

Publié le 04/01/2022

Double portrait d’amis, signé Pontormo.

Hôtel de Caumont – Centre d’art d’Aix-en-Provence

L’hôtel de Caumont, à Aix-en-Provence, propose des expositions de grande qualité, dont la présentation de l’importante collection Cini qui continue cette tradition d’excellence ; cette dernière réunit des tableaux du XIVe au XVIIIe siècle.

La Fondation Cini fête ses 70 ans. C’est l’occasion de présenter 70 peintures, sculptures, dessins et objets précieux : une partie de cette collection prestigieuse réunie par Vittorio Cini (1885-1977), grand industriel et philanthrope. Si les collectionneurs acquièrent les œuvres par intérêt pour l’art, il n’est pas rare qu’ils offrent tout ou partie de ce patrimoine à des musées ou qu’une fondation soit créée. Une action généreuse qui, à travers des expositions, permet au plus grand nombre de profiter de ces œuvres.

Durant 50 ans, Vittorio Cini est conseillé par des historiens de l’art, et lui-même en quête d’œuvres de différentes époques. Il est curieux de retrouver les diverses expressions artistiques qui se sont succédé au cours des siècles. C’est pour le visiteur un enchantement de découvrir la beauté dans la variété. L’on s’émerveille devant les maîtres primitifs ou de la Renaissance, tout comme on découvre d’autres peintres moins connus qui méritent l’intérêt. C’est auprès de grands marchands et de collectionneurs que Vittorio Cini a réalisé ses acquisitions. Des tableaux de Botticelli, Fra Angelico ou des vénitiens Lorenzo et Giandomenico Tiepolo sont à redécouvrir, et bien d’autres à leurs côtés. De nombreuses « Vierge à l’Enfant » et des scènes mythologiques témoignent de l’évolution de la création par ces artistes vénitiens et florentins. Au XVe siècle, Sassetta exécute une « Vierge d’humilité » d’une belle simplicité ; celle de Filippo Lippi, de la même période, apparaît plutôt statique, un peu froide, alors que la tendresse d’une mère est significative dans « Vierge à l’Enfant avec deux anges », peinte au début du XVIe siècle par Cosimo de l’école florentine. Ces peintures sont exécutées à l’huile sur bois.

Parmi les œuvres profanes, Le Jugement de Pâris où les personnages tout de grâce, sont traités dans une touche délicate ; Sensible, Vénus et Amour, au crayon rouge sur papier, est un dessin que Guerchin réalise dans la deuxième décennie du XVIe siècle. Au fil de l’exposition, un « Saint Jérôme », absorbé dans sa pieuse lecture, vêtu d’une somptueuse tunique rouge aux plis savants, est signé Ercole de’ Roberti au XVe siècle. Et à l’opposé, plus tardif, un gentilhomme au regard fort expressif, d’une belle prestance, traduit la puissance dans ce « Double portrait d’amis » de Pontormo, peintre florentin du XVIe siècle. Il révèle la sensibilité de l’artiste dans ce tableau d’une extrême finesse d’exécution, et une grande douceur ; les visages possèdent une certaine transparence.

Peintures toscanes et vénitiennes procurent un grand bonheur esthétique ; elles sont accompagnées d’objets souvent rares : livres enluminés, ciboire travaillé, assiette florentine finement décorée, ivoires. Quelques créations contemporaines qui devaient être exposées dans la galerie du Palazzo Cini traduisent la continuité de l’art.

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