Un cabinet de curiosités au château de Mayenne
Afiiche de l’exposition Curiosités d’ici et d’ailleurs au musée du château de Mayenne.
musée du Château de Mayenne – Benoît Pelletier
Il a fière allure ce château carolingien qui domine la rivière depuis mille ans. Des transformations architecturales successives racontent son histoire. Ainsi est-il château fort puis prison au XVIIIe siècle.
Dès 1864, des fouilles ont mis à jour, à Mayenne et à Jublains, un trésor de 26 000 pièces de monnaie romaines qui inciteront Napoléon III à la création d’un espace installé à l’hôtel de ville de Mayenne. Devenu musée en 2008, il abrite une riche collection historique, de l’Antiquité à nos jours. La période médiévale est particulièrement importante.
Une histoire des collections, thème de l’actuelle exposition, réunit plus de 350 objets dans une sorte de cabinet de curiosités. L’ambiance feutrée, les œuvres rassemblées, souvent insolites, excitent l’intérêt des visiteurs dans cette présentation immersive. La première salle, volontairement un peu exigüe, est créée pour une ambiance intimiste, où l’on côtoie de près les pièces exposées, ainsi un silex de 2 500 av. J.-C. ou un cadran solaire du XVIIIe siècle ; plus loin, un œuf d’autruche. On admire un « moine », sculpture un peu naïve en chêne où demeurent quelques traces de polychromie du XVIe siècle, expression de foi. C’est aussi un charmant et délicat pastel de la donatrice, Madame Garnier, par Pierre-Marie Beyle.
Puis, au cours de la visite, voici le crâne d’un tigre ou encore un beau coffre sculpté, meuble à fossiles. Au plafond est suspendu un grand papillon. Des gravures sont à découvrir dans des tiroirs et des insectes sont partout, du sol au plafond. Plus loin, l’espace se resserre ; aucune explication n’est donnée afin de ne pas brider l’imagination. L’étrange atmosphère perdure avec la partie archéologique où se retrouvent des fossiles de céphalopodes, de bivalves présentés dans des vitrines ainsi que des quartz tandis qu’au-dessus des têtes sont suspendus écureuils, chouettes, hermines naturalisés, impression un peu étrange !
L’exposition propose une partie ethnologie, avec des peintures chinoises du XIXe siècle, tandis que du Japon, proviennent des sabres aux manches travaillés ou encore des instruments de musique : une cithare en bambou venue d’Asie ou une harpe du Gabon en bois et fibres végétales à la belle esthétique et l’on est surpris, une fois encore, par une peau de python de 3,5 m suspendue, l’un des derniers dons reçus.
Ce musée est aussi le réceptacle de la vie mayennaise grâce aux multiples dons : cartes postales anciennes ou cartes à jouer du XVIIIe siècle finement peintes ou encore un livre d’heures enluminé sur parchemin et des pièces de monnaie du XIVe siècle ayant cours sous Jean le Bon. Quelques tableaux restaurés de Pierre-Marie Beyle, paysages paisibles dans la verdure, où l’on devine l’influence de Jean-Baptiste Camille Corot, ainsi qu’une nature morte généreuse. Gravures et affiches appartenant au fonds Beaux arts, parmi lesquelles une superbe planche de Giuseppe Longhi, Philosophe en contemplation, à l’intéressant contraste noir et blanc.
Un voyage un peu baroque et intéressant qui entraîne loin des contingences quotidiennes.