Un livre rempli de fioles

Publié le 04/06/2021

Un livre rempli de fioles

Cette boîte remplie de flacons d’apothicaire, sous l’apparence d’un volume relié en maroquin vert, a été adjugée 2 475 €.

AuctionArt

On dit souvent, face à une facture dont le libellé est complexe et élevé plus que la normale et difficilement vérifiable, qu’elle ressemble à un « compte d’apothicaire ». Il est vrai qu’à une lointaine époque, certains de ces hommes de l’art de l’onguent proposaient aux patients, des potions et crèmes dans de petites fioles, à des prix excessifs. Dans l’île de Rhodes puis de Malte, où les hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem avaient installé des hôpitaux, il était dit que « l’apothicaire était étroitement surveillé par les médecins qui contrôlaient la qualité de ses drogues. En cas de mauvaise qualité, les apothicaires risquaient des amendes et même la prison ». Les apothicaires devinrent officiellement pharmaciens en 1777, avec privilège exclusif de la préparation des remèdes.

Il reste que le surnom d’apothicaire, prononcé avec un brin de dédain leur est resté, d’autant plus que, dans les langues germaniques, on dit encore « apotheker ». Un volume relié en maroquin vert, à filet doré encadrant des plats entièrement ornés d’un décor à froid à la cathédrale, dos à faux-nerfs orné, passants de porte-mine et doublure de velours rouge a été proposé à la vente. Son dos porte entre les faux nerfs une inscription en lettres dorées : « Homöopatische Apotkehe », ce qui se traduit par « Pharmacie homéopathique ». Le volume a été vendu 2 475 €, à Drouot, le 2 avril dernier par AuctionArt Rémy Le Fur & Associés. Un traité sur cette médecine douce, sans doute ? Il s’agit en réalité d’un faux livre, une boîte qui renferme deux plateaux à compartiments et une petite boîte en maroquin vert à double tiroir en pied. Les plateaux contiennent en tout 60 petites bouteilles à bouchon de liège (de 2 cm chacune), la plupart encore remplies de leur contenu et portant une étiquette le mentionnant. Le premier plateau comporte en outre un double compartiment prévu pour le logement du porte-mine qui est toujours présent.

L’homéopathie a été créée en 1796 par un médecin allemand, Samuel Hahnemann (1755-1863). Son concept repose sur l’idée qu’une substance qui provoque un symptôme peut être utilisée pour traiter le même symptôme de la maladie. Il a fait publier plus de 30 000 pages au cours de sa vie et au moins quatre ouvrages, mais celui dans lequel il explique sa théorie a pour titre Organon der Heilkunst. La première édition de 1810 a été suivie par quatre autres, dont la dernière en 1833. Une 6e édition, inachevée, fut découverte après la mort du médecin qui vivait alors à Paris, et ne fut publiée qu’en 1921.

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