Un « poilar » pour l’été

Publié le 09/08/2017

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Un genre nouveau vient de débarquer sur les rayons des librairies… le « poilar » ! Mêlant crime et humour absurde, le « poilar » embarque les lecteurs dans des enquêtes délirantes, où le crime est un simple prétexte et la tension habituelle des polars laisse la place aux fous rires et aux scènes hallucinées et hallucinantes ! Romain Puértolas s’essaie au genre avec son roman Tout un été sans Facebook

New York en été, son bouillonnement culturel, ses sorties qui s’étirent jusqu’au petit matin, les informations qui se propagent à la vitesse de la lumière, l’été qui s’étire et devient indien, la ville qui ne dort jamais…

New York sur la côte Est, peut-être, mais c’est loin d’être le cas pour le petit village de New York, Colorado, où le lieutenant Agatha Crispies a été mutée quelques étés plus tôt.

Cette autre New York, bourgade aux 198 ronds-points, dont on met plusieurs minutes pour faire passer le mal de mer consécutif à sa traversée, annonce la couleur ; à l’entrée, l’inscription suivante accueille les téméraires (et rares) touristes : « Passé ce panneau, plus de Facebook » !

Cela fait cinq étés qu’Agatha Crispies, énorme policière à la peau noire débarquée dans cette petite ville où le Ku Klux Klan a encore quelques adeptes, a migré de New York, New York, à New York, Colorado, passant ainsi de la prestigieuse brigade criminelle au commissariat de campagne tranquille. Car en effet, à New York, Colorado, les affaires les plus trépidantes consistent à trouver des remplaçants au chat perdu de Mme Johnson, le bien nommé, Jean-Paul II.

Tout est si tranquille dans le coin que pour s’occuper, les agents ont créé des clubs : fléchettes, tricot, et un club de lecture que préside fièrement, si ce n’est fiévreusement, Agatha Crispies. Les longues heures dans le commissariat s’égrènent donc au rythme des planters de fléchettes, des ragots de la réceptionniste toujours pendue au téléphone et des donuts au chocolat engloutis.

Jusqu’au jour où l’impensable arrive… La brigade criminelle va devoir enquêter sur un crime !

Un meurtre atroce est commis et Crispies remonte en selle, bien déterminée à ramener le calme dans la ville New-York, Colorado et ressortir auréolée de gloire de cette affaire, pour être enfin réintégrée sur la côte Est et retrouver la civilisation.

Commence alors une enquête rocambolesque et burlesque où Agatha Crispies suit la trace du meurtrier, en laissant derrière des montagnes de miettes de donuts sur les scènes de crime, ce qui lui fait dire que « L’assassin est amateur de donuts ! ».

Loufoque et farfelue, Crispies élabore les théories les plus fumeuses pour expliquer les crimes et trouve sur son passage, un inspecteur en trench coat, un bûcheron écrivain, inventeur du « western-feel good », un vendeur de voitures polonais disparu ou encore, ce qui ressemble beaucoup à Joël Dicker ! Quant à James Joyce, Agatha Crispies a des idées pour le moins tranchées sur son œuvre…

Se rapprochant de l’esprit des Monty Python, Romain Puértolas nous sert ici une comédie absurde, par moments assez réjouissante. Mais à vouloir repousser les limites, il en perd parfois sa finesse et a tendance à fatiguer le lecteur qui se noie dans certaines élucubrations.

L’ensemble reste toutefois intelligent, et les nombreux clins d’œil à des classiques font sourire. On ressent tout l’amour que l’auteur porte à la littérature par les mots d’Agatha, reine de son club de lecture, qui s’embarque dans des envolées lyriques sur Autant en emporte le vent et fustige continuellement Joyce, tordu et abscons. Quel bonheur de l’entendre dévoiler la vie des auteurs et des livres ! On se laisse alors porter assez facilement jusqu’au dénouement…

Et pour les curieux qui sautent directement au dernier chapitre pour connaître le nom de l’assassin, Romain Puértolas leur réserve une petite surprise !

Finalement, Tout un été sans Facebook est un agréable roman qui nous permet, à nous aussi, de nous éloigner pour un temps, de la vie digitale.

LPA 09 Août. 2017, n° 128m2, p.13

Référence : LPA 09 Août. 2017, n° 128m2, p.13

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