Un seau à vin viennois

Publié le 20/02/2023

Ce seau à vin, de provenance princière, était présenté à la Brafa par la galerie bruxelloise Bernard de Leye

Galerie Bernard de Leye

L’argenterie ne vaut pas de l’or, certes, mais c’est l’une des principales victimes des conflits qui perdurèrent aux XVIIe et XVIIIe siècles. Souvenons-nous des fontes de l’argenterie provenant de Versailles et des particuliers, en décembre 1689, ordonnées par Louis XIV afin de financer la guerre contre la ligue d’Augsbourg. L’abbé Bourdelot (1610-1685), dans sa Relation des assemblées faites à Versailles dans le grand apartement (sic) du Roi pendant ce Carnaval de l’an 1683, a laissé des impressions qui en donnent une idée : « Il y avait deux ou trois ans que je n’avais été à Versailles. J’y allai donc… figurez-vous quel est l’éclat de cent mille bougies dans cette grande suite d’appartements, je crus que tout y était embrasé. Les emmeublements (sic) d’or et d’argent avaient encore leur éclat particulier, avec les dorures et les marbres ».

Après Louis XIV, Napoléon n’a pas été en reste dans la disparition de l’argenterie. Ses guerres contre l’Autriche ont provoqué aussi des ravages dans l’argenterie viennoise. La galerie Bernard de Leye de Bruxelles a présenté, lors de la Brafa, un seau à vin en argent sauvé de cette période. Celui-ci, daté de 1782, conçu par le maître orfèvre Ignaz Joseph Würth, provient d’une partie du service effectué entre 1779 et 1782 pour Albert-Casimir de Saxe-Teschen (1738-1822), alors gouverneur général des Pays-Bas, à l’usage du château de Schonenberg, aujourd’hui château de Laeken à Bruxelles. Cette pièce est ornée d’un haut-relief représentant deux peaux de lions entourées de lierre et d’attributs musicaux. Les deux anses latérales représentant les queues du lion sont amorties sur le corps par le bas des pattes de l’animal.

Albert-Casimir était le fils du roi de Pologne et de l’électeur de Saxe, Frédéric-Auguste II (1670-1833), dit « Auguste le Fort ». Il épousa en 1766 l’archiduchesse Maria Christina, la fille de l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche. Nommé duc de Saxe-Teschen, Albert-Casimir reçut successivement les gouvernements de Hongrie et des Pays-Bas autrichiens. Bien plus tard, on retrouve ce seau pami sept autres dans une exposition organisée en 1910 à Vienne. Puis, en 1947, le service fut dispersé lors de la vente de « l’Argenterie d’une famille princière » (Tafelsilber aus einem Fürstlichen Hause), le 6 mai 1947 à Lucerne, par la galerie Fischer. Au cours de cette même vente, une « paire de cloches et leur présentoir en argent du second service de Saxe Teschen » par le même orfèvre Ignaz Joseph Würth, et de même provenance, a été vendue 57 500 €, à Paris, le 28 novembre 2019 par Christie’s. Ces pièces de forme triangulaire à contours sont bordée de vaguelettes ; le corps est à décor de canaux sur fond amati et d’une frise de feuilles ; les prises sont dévissables en prunes avec des fraises des bois sur l’une et en noisettes sur la seconde sur terrasses feuillagées.                        

Plus d’informations sur https://www.brafa.art/fr et https://orfevrerie.eu/                        

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