Un si faible capital
Albim Michel
Karl Marx, sa vie, son œuvre !
Son œuvre est connue, étudiée, critiquée, mais sa vie… Que sait-on vraiment d’elle ?
C’est en découvrant l’existence d’un fils illégitime, un fils caché, que Sébastien Spitzer a senti qu’il tenait là un sujet intéressant. Rien de plus facile que de connaître la vie de cet homme grâce aux nombreuses biographies écrites à son propos… mais peu faisaient grand cas de ce fils naturel qui pourtant eut une vie passionnante.
Il a donc fallu faire des recherches approfondies sur ce fils, Freddy, que Karl Marx avait eu avec l’une de ses domestiques et dont l’existence fut longtemps cachée.
D’ailleurs, son existence n’a été révélée par l’URSS qu’au milieu des années 1960 : il fut « un des secrets les mieux gardés de l’Union soviétique et de tous les gardiens du temple marxiste », selon les mots de l’auteur (p. 444).
Qui était cet enfant ? Quel fut son destin ? C’est en partant de quelques indices glanés par-ci par-là que l’auteur nous romance sa vie. Une vie de misère, né prématuré alors qu’il était certainement voué à disparaître d’une façon ou d’une autre, il est recueilli par une Irlandaise, Charlotte, qui va l’élever tant bien que mal. Car nous sommes dans les années 1860, dans le Londres de la misère, celui cher à Charles Dickens… là où le cœur du monde moderne bat.
La misère c’est le lot quotidien d’hommes, de femmes et d’enfants, qui luttent pour survivre dans cette période traversée par les famines en Irlande, la guerre de Sécession aux États-Unis et qui génère bien plus de conséquences en Europe que l’on ne peut l’imaginer…
Alors que Karl Marx travaille sur ses écrits et théorise la révolution, Freddy et Charlotte luttent simplement pour survivre, vivant de presque rien et de petits ou grands larcins. Mais être le fils − quand bien même illégitime − de Karl Marx a un prix, celui du secret et de la clandestinité, car de nombreuses polices d’Europe tentent de mettre la main sur cet enfant indésirable et ainsi avoir un moyen de pression sur le « révolutionnaire ».
Ce roman se dévore rapidement tant le sujet est passionnant : la vie de Karl Marx, que l’on découvre dans un cadre familial avec ses petits et surtout ses grands travers, le Londres de cette époque avec ses avancées sociales et les guerres fratricides qui gangrènent le monde. Du Dickens à la française et un auteur qui fait preuve d’une empathie pour presque tous ces personnages…
On suit ce destin avec intérêt, découvrant la part d’ombre d’un grand homme, dont la pensée changea le monde, alors qu’il fut incapable de changer le destin de son fils…