Une invitation à la chasse de Maximilien

Publié le 21/11/2022

Détail de la tapisserie Chasses et Voleries Impériales de l’Empereur Maximilien Ier en forêt de Soignes, Tournais, estimée entre 800 000 € et 1 million d’euros

Aguttes

La forêt de Soignes, aujourd’hui en région de Bruxelles-Capitale, n’a jamais été défrichée. Elle a ainsi conservé un relief et des sols non modifiés par l’agriculture depuis plus de 10 000 ans ! Mieux encore, elle est devenue au fil du temps une « hêtraie cathédrale » qui a pu préserver une faune et une flore exceptionnelles. Malgré cela, l’Empereur du Saint-Empire Maximilien Ier de Habsbourg (1459-1519) serait bien étonné s’il revenait dans sa chère forêt. Mais morcelée par les routes et le chemin de fer, très fréquentée par les promeneurs, joggeurs, cyclistes et les cavaliers, elle ne ressemble plus guère à ce qu’elle était au XVe siècle et surtout, elle ne pourrait plus être le terrain de chasse de l’Empereur.

Nous en savons plus, grâce à une tapisserie intitulée : Chasses et Voleries Impériales de l’Empereur Maximilien Ier en forêt de Soignes, qui sera mise en vente le 9 décembre 2022 par la maison Aguttes, avec une estimation sur demande, mais on pense qu’elle pourrait dépasser le million d’euros. Imaginée au début du XVIe siècle, et provenant des ateliers du marchand Lissier Arnauld Poissonnier de Tournais, cette tapisserie faisait partie d’un ensemble de tentures, tissé de laine et de soie, qui mesurait initialement plus de 100 mètres de longueur. « Remarquable par son camaïeu de détails, la tenture résulte d’un travail consciencieux qui dura au moins dix ans. Accompagnés de leurs chevaux, chiens et volatiles, les personnages évoluent dans une scène de chasse, dans la forêt de Soignes, non loin du château de Bouchout, que l’on aperçoit dans les profondeurs de la scène, en haut à gauche », expliquent les experts.

On peut observer sur ce panneau certains des personnages aux traits des familiers de l’empereur Maximilien Ier (1459-1519) ; sa sœur Cunégonde d’Autriche, duchesse consort de Bavière (1465-1520) ; Philippe de Habsbourg dit Philippe le Beau, roi de Castille (1478-1506) ; Adrien de Longueval (1487-1524), Grand Veneur de la cour impériale ; Wolfgang von Polheim (1452-1512) ; Jeanne Ire de Castille, dite Jeanne la Folle, reine de Castille (1479-1555) et épouse de Philippe le Beau ; et Marguerite de Habsbourg, archiduchesse d’Autriche (1480-1530), fille de Maximilien et sœur de Philippe le Beau, et encore tenant un faucon, Albert IV de Bavière, duc de Bavière (1447-1508), et beau-frère de Maximilien.

L’histoire même de cette tapisserie ressemble à une véritable chasse. Acquise vers 1870 par un ancien ambassadeur de France, elle fut convoitée en 1942 par le maréchal Goering. Pour la protéger de la voracité du Nazi, le propriétaire réussit à la faire classer, ce qui l’empêchait de sortir du territoire. Mieux encore, il en fit don à l’État français. Ce qui n’eut pas l’heur de plaire au maréchal, qui menaça Vichy de représailles. Finalement, Laval déclassa la tapisserie qui fut embarquée par les représentants de Goering. Après la guerre, un arrêt de la Cour de cassation constata que la donation était fictive. Elle fut rendue à ses propriétaires en 1961.

• Aguttes, 164 bis avenue Charles de Gaulle, 92200 Neuilly-sur-Seine

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