Une robe qui se transmet
Cette robe de baptême brodée à été adjugée 65 €
Beaussant Lefèvre et associés
La description est sommaire : « Robe de baptême, dans une boite ». Celle-ci, qu’il est difficile de dater, semble être en organdi et est brodée de bandes fleuries. Adjugée 65 €, à Drouot, le 27 octobre 2023 par la maison Beaussant Lefèvre et associés, elle rappelle une tradition qui semble des plus délaissée ! Le nombre de ces vêtements proposés aux enchères est impressionnant. Sans y voir une désaffection religieuse, elle peut s’expliquer aussi par le fait que la mortalité enfantine étant en chute libre, les baptêmes ne sont plus procédés en urgence. Le baptême a été ouvert aux nourrissons à partir du XIIe siècle ; il était antérieurement réservé aux adultes. À cette époque, les bébés étaient complètement immergés dans le baptistère, puis enveloppés dans un grand linge brodé. Depuis quelques années, cette coutume est revenue dans le cérémonial de certaines paroisses, ce qui déclenche des cris et des pleurs…
À partir du XVIIIe siècle, on se contenta de verser de l’eau sur le front des enfants, préalablement revêtus d’une robe afin de remplacer le linge. Ces robes, dans les familles aisées, étaient tout autant brodées de fleurs et ornées de rubans et de dentelles. Elles étaient naturellement blanches, teinte symbolisant la pureté. Un ensemble comprenait, outre la robe, un jupon, un bonnet et une cape, sans oublier les chaussons. Ce vêtement, parfois en soie, a été conservé dans les familles et transmis de générations en générations : nous en connaissons un qui a revêtu les enfants baptisés depuis les années 1820. On imagine le soin que les détentrices de cette relique lui apportent. Ces robes ont une âme et une histoire, non seulement celle d’une famille, mais encore celle des petits enfants qui les ont portées.
Certaines robes étaient encore agrémentées d’une ceinture. Celle du duc de Bordeaux, le futur comte de Chambord, était somptueuse, en soie et canetille dorée figurant des tiges fleuries et une chaine. Cette ceinture a été adjugée 8 600 € à Alençon, le 13 mai 2023 par la maison Orne Enchères. Nous ignorons où est conservée la robe, mais nous pouvons en avoir une idée grâce, notamment, à une eau-forte colorée entre 1821 et 1824. Il existe plusieurs autres gravures en couleurs mais peu distinctes.
Le trousseau de bébé du roi de Rome, qui a été dispersé le 7 décembre 2020, à Fontainebleau, par la maison Osenat, a lui totalisé quatre lots pour la somme de 5 188 €. Selon un usage datant de l’Ancien Régime, les personnes attachées aux Enfants de France, en l’occurrence le Roi de Rome, se voyaient remettre le linge réformé. Ainsi, la comtesse de Montesquiou reçut une partie importante du trousseau du Roi de Rome. Quant à la robe de baptême du Prince impérial, en linon finement brodé et bordé d’un volant de Valenciennes, elle a été vendue 850 € à Drouot, le 11 décembre 2020 par la Maison Beaussant Lefèvre.
Beaussant Lefèvre et associés, 32 rue Drouot, 75009 Paris
Référence : AJU011i4