Une si belle marquise en Castille

Publié le 13/12/2024

De Valerio Iriarte, portrait de Doña. Juana Josefa de Herrera y Llanera, marquesa de San Juan de Piedras Albas

Galeria Ana Chiclana

Un portrait, un grand portrait (169 x 109 cm), attirait les regards sur le stand de la galerie madrilène, Ana Chiclana, lors de la FAB, sous la verrière du Grand Palais. Avant même de détailler le modèle, nous songions aux vers de Théodore de Banville, et murmurions : « Ô jeune Florentine à la prunelle noire, / Beauté dont je voudrais éterniser la gloire… » Ici, la Belle ne venait pas de Toscane, mais de Castille.

Doña Juana Josefa de Herrera y Llanera est née en 1705 à Garachico, Santa Cruz de Tenerife. Elle était la fille de Juan Bautista de Herrera Ayala y Rojas, IVe marquis d’Adeje (1683-1770) et de María Magdalena Luisa de Llanera Calderón y Viña. Elle se maria au couvent de Santa Clara, à Madrid, le 11 août 1725, avec Don Juan de la Cruz Pizarro Piccolomini d’Aragon, futur IIe marquis de San Juan de Piedras Albas (1693-1771). Ce dernier avait la confiance du roi Philippe V (le petit-fils de Louis XIV) et de la reine Isabelle de Farnèse. Grâce à cette intimité le futur et marquis, après la mort de son père en 1736, obtint de nombreuses charges du royaume, notamment la présidence du Conseil des Indes, qu’il occupa jusqu’à sa mort.

Auparavant, le roi lui accorda, le 15 décembre 1739, la « grandesse ». Cet honneur est l’échelon le plus haut de la noblesse espagnole, immédiatement inférieur à celui des infants, les enfants du souverain. De nos jours, le nombre de grands d’Espagne s’élève à 417. Il reste que c’est sans doute à l’occasion de cette accession que le marquis de San Juan de Piedras Albas commanda au peintre Valero Iriarte (1680-1744) le portrait de sa femme. C’est d’autant plus vraisemblable que dans le cartouche qui identifie le modèle, elle est nommée « Excellente Dame », titre qui ne pouvait être détenu que par les nobles ayant les honneurs de grand d’Espagne et leurs époux.

Doña Juana Josefa est représentée en pied dans un salon ouvert. On remarque en bas du tableau la présence d’un petit chien, sans doute un cavalier King Charles, un épagneul nain très apprécié en Angleterre et dans les cours royales. Elle est habillée à la mode espagnole, la jupe agrémentée d’une basquine tombant sur le sol. Le traitement du tissu, réalisé avec une riche soie d’un ton clair avec des broderies de fleurs rouges et dorées et avec des finitions de broderies dorées sur l’encolure, le centre, le bord avant, les poignets des manches et les cache-poches de la veste et le bas, est traité avec un réalisme saisissant. Les nombreux détails dans ce portrait demandent une attention particulière. Rien n’est laissé au hasard, tant pour les bijoux que pour les parties du vêtement, la position des bras et des mains du modèle et les éléments du décor.

Valero Iriarte qui est assez peu étudié, réalisa principalement des portraits pour les familiers de la cour des membres de la famille de Philippe V.

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