Une torpille sur roue

Publié le 22/01/2024

Cette automobile construite par Bobrie en forme de torpille est estimée 30 0000/50 000 €

Artcurial

Le fameux salon Rétromobile, qui enchante les amateurs de « vieilles caisses » depuis près de cinquante ans, ouvrira ses portes du 31 janvier au 4 février 2024. « L’inédit, l’extraordinaire et l’inattendu se disputeront la vedette, mais c’est la passion qui sera le dénominateur commun de cette 47e édition », commentent les organisateurs. Ils n’ont pas tort. Dans la famille « l’extraordinaire », le visiteur pourra contempler et même acquérir un modèle devenu unique, une sorte de fusée sur roue. On pourrait songer à la « Jamais contente », le premier véhicule automobile à franchir le cap des 100 km/h2. Celle-ci, une voiture électrique en forme de torpille sur roues, établit ce record le 29 avril 1891, à Achères, au nord de Saint-Germain-en-Laye. La nôtre, si l’on peut dire, n’y ressemble pas, même si elle a aussi acquis le surnom de Torpille. Il s’agit d’une Bobrie du nom de son constructeur, Léonce Bobrie (1881-1976). Il en fut produit entre 1906 et 1914, douze ou quatorze exemplaires. Ce véhicule à deux places en tandem, doté d’un moteur de 1,323 cm3, pouvait atteindre 60/80 km/h. Il est considéré comme le premier cyclecar. Il n’en subsisterait qu’un seul exemplaire, daté vers 1909, qui sera mis en vente le 2 février 2024, à Rétromobile, par la maison Artcurial, Hervé Poulain étant au marteau, avec une estimation de 30 000/50 000 €.

« Résolument moderne et originale pour son époque, la Torpille offrait, une carrosserie « tout acier » avec pare-brise rabattable, et l’excellent moteur Ballot, disponible en 6 ou 8 HP », explique l’expert en automobile, Matthieu Lamoure. Elle offrait même des performances supérieures à la moyenne, dit-on. Une photo d’époque montre Léonce Bobrie à son volant dont l’unique phare caractéristique porte l’inscription « 4-1909 ». Sa surprenante carrosserie vue de l’avant présente derrière le gros phare une calandre en V surmontée d’un haut pare-brise rectangulaire. Une plaque fixée sur le côté du moteur indique en lettres capitales : « Moteurs de toutes puissances – Ets Ballot – 37/39 Boulevard Brune – Paris XIV – Type 4 G – N° 10677 ». Sans oublier l’ancre marine inscrite dans un cercle émaillé de bleu. On peut dire que cet exemplaire est en strict état d’origine. Il a, en effet, été conservé par Léonce Bobrie dans le garage qu’il ouvrit à Saintes en 1923, et c’est là qu’il a été conservé sur cales par sa famille jusqu’à aujourd’hui.

Léonce Bobrie débuta dans la minoterie familiale gérée par son père Lucien, le Moulin de Besson ; mais il prit une autre voie, en travaillant dans l’entreprise du fabricant d’automobiles Gaston Barré. À la fin du dix-neuvième siècle, il suivit le cirque Bureau, qui hébergea quelque temps les enfants d’Armand Gruss après le décès de ce dernier. Il suivit la troupe pour assurer la maintenance du parc automobile. Sa rencontre en 1900, avec Louis Renault, le détermina à créer à son tour sa propre entreprise. Nous connaissons la suite…

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