Une voiture-yacht pour un bikini

Publié le 27/01/2025

Cette voiture-yacht unique est estimée 250/350 000 €

Artcurial

Les moteurs anciens vont à nouveau vrombir, comme chaque année à cette époque. Rétromobile revient pour la plus grande joie des amateurs de vieilles caisses. Au temps où quelques aigris considèrent les voitures comme des pompes à polluants, les automobilophiles se pressent afin de célébrer ces machines qui ont offert la liberté de circuler de nations en nations, de continents en continents. C’est une merveille de les voir se faufiler entre les carrosseries, les caresser et rêver de s’installer à leur bord afin de profiter de nouveaux horizons. Rétromobile donne l’occasion de découvrir d’étranges machines qui sortent de l’ordinaire. Nous avons vu parmi les quelque 113 modèles qui seront mis en vente le 7 février 2025 porte de Versailles par la maison Artcurial, Hervé Poulain étant au marteau, un bateau-voiture. Voilà qui est loin d’être banal. Nous connaissons les voitures amphibies, mais moins la voiture-yacht.

Celle-là, unique, en forme de runabout, comme on disait à l’époque des canots à moteur, est ce que l’on pourrait désigner comme étant un yacht de la route. Elle reprend la forme et l’accastillage d’un navire : proue élancée, hublots, taquets d’amarrage, et même un mât érigé au centre d’un cockpit ou plutôt d’un passavant aménagé à l’arrière. Il s’agit en réalité d’une voiture publicitaire. Celle-là était destinée à vanter le plus célèbre des maillots de bain, le Bikini, dont la marque fut déposée en 1946 par son créateur Louis Réard (1896-1984). Cet engin était destiné à sillonner la France et l’Europe, et devait être, selon son créateur « le trait d’union entre la plage, symbole de liberté et l’automobile, nécessaire à sa promotion dans les endroits les plus reculés. »

Cet extraordinaire voiture-yacht sera présentée à la vente avec une estimation de 250/350 000 €. Sa réalisation fut confiée au fameux carrossier Henri Chapron (1886-1978), d’abord envisagée sur la base d’un châssis d’Hotchkiss, pour finalement être installée sur un châssis de Packard Super Eight de 1937, plus adapté, avec son puissant 8 cylindres, pour déplacer l’imposante carrosserie. Nous devrions dire la coque. Elle fut d’ailleurs, le 1er octobre 1948, baptisée au champagne dans la plus pure tradition navale. Ainsi entrée dans la vie active, elle participa dès l’année suivante au concours d’élégance d’Enghien-les-Bains puis sillonna les routes, notamment celles du Tour de France cycliste et celui des villes bordées de plages. Les jeunes femmes vêtues, à peine, du fameux bikini, juchées sur la plage arrière ornée déjà du pavillon personnel de Louis Réard, sous lequel il se tenait coiffé d’une casquette de yachtman, suscitaient la plus grande admiration sur leur passage.

Cette voiture-yacht passa entre les mains de plusieurs propriétaires puis fit une apparition lors du salon Rétromobile de 1987, avant de disparaître de nouveau jusqu’à aujourd’hui. Faute de l’acquérir, nous pourrions tenter d’en trouver la miniature au 1/43° dans une édition limitée à 250 exemplaires par la marque Perfex.

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