Van Eyck, une révolution optique
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Jan Van Eyck (vers 1390-1441) travailla certainement, de 1422 à 1424, à La Haye, au service de Jean de Bavière, comte de Hollande, et il commença son activité comme miniaturiste. On lui attribue la réalisation de miniatures, datées de 1422-1424, lesquelles font partie des Heures de Turin. Puis il entra au service du duc de Bourgogne, Philippe le Bon (1396-1437) ; il fut aussi un peintre au service de la cour et des riches habitants de villes comme Bruges et Gand. Van Eyck surpassait les peintres de son époque grâce à sa technique incomparable, et il avait de grandes connaissances scientifiques et un sens de l’observation. Avec Van Eyck, la peinture à l’huile atteignit alors des sommets inédits, définissant ainsi le cours de la peinture occidentale.
Les spécialistes disent que jamais avant Van Eyck un peintre n’avait rendu la réalité aussi tangible, avec des portraits où l’on s’attend à voir les personnages respirer et des paysages qui montrent le monde sous ses diverses facettes. C’est le regard de Van Eyck, cette « révolution optique », que le musée de Gand met avec cette exposition en évidence. Réalisme, méticulosité, sens de l’observation sont les qualités essentielles de ce peintre.
À la demande de l’échevin de Gand, il exécuta le polyptyque de L’Adoration de l’Agneau mystique, qui fut inauguré en 1432. C’est une œuvre magistrale, qui orne toujours la cathédrale Saint-Bavon. Comme les façades sculptées des cathédrales, ce retable est une véritable somme théologique, dont le thème principal est la Rédemption. Précieux document sur la pensée mystique de l’époque médiévale, le polyptyque de Gand est considéré comme le premier chef-d’œuvre de l’école flamande.
Van Eyck se détacha de la vision symboliste médiévale pour adopter un langage naturaliste. Nous pouvons le remarquer avec La Vierge du chancelier Rolin (1435). Cette peinture montre la science avec laquelle Van Eyck opère la synthèse de divers détails réalistes : on distingue jusqu’au reflet de la tour et des arcades du pont dans l’eau du fleuve, sans rien retrancher au contenu symbolique de la scène. Ce symbolisme deviendra chez le peintre de plus en plus complexe, tandis que les emprunts au monde quotidien seront amalgamés dans un décor de pure création, au sein d’un espace clos comme dans La Vierge du chanoine Van der Paele (1436), La Vierge de Lucques (1437) ou La Vierge à la fontaine (1437). La curiosité de Van Eyck envers l’individu le poussa à détailler les particularités physiques des visages.
Le double portrait en pied des Époux Arnolfini (1434) constitue, d’autre part, une scène d’intérieur de caractère profane mais où sont inscrites des significations symboliques. Cette œuvre de Van Eyck définit et orienta la recherche du réalisme flamand. Elle réunit le sentiment de ferveur spirituelle et la volonté de montrer l’univers sensible dans ce qu’il a de plus concret : paysage, architecture, objets quotidiens, grâce à des moyens picturaux superbement maîtrisés.
Qu’il s’agisse de compositions religieuses ou de sujets profanes, Van Eyck mit toujours l’accent sur « la poésie des réalités terrestres ». Il s’appuya plus volontiers sur la perspective atmosphérique que sur la perspective linéaire, pour suggérer la vie intérieure avec une discrétion très classique. Son œuvre contient en germe la plupart des aspects les plus remarquables de l’école hollandaise.