Visite de Moulins
Le triptyque de Notre-Dame-de-l’Annonciation.
DR
Dans l’Allier, Moulins est une charmante ville d’art et d’histoire. Si vous n’avez qu’un jour pour une balade dans cette ville de l’Allier, voici des conseils de visites, sachant que la maison de la rivière Allier, le musée Anne-de-Beaujeu, le Jacquemart, la cathédrale Notre-Dame, l’église Saint Joseph et le proche ensemble prieural de Souvigny, fils de Cluny, sont aussi d’intéressantes visites.
Le centre national du costume de scène
C’est un bâtiment qui contraste souvent avec l’exubérance de ces expositions. Cette ancienne caserne militaire du XVIIIe siècle est superbe dans son classicisme. Après la cavalerie jusqu’au XVIIIe siècle, c’est la gendarmerie qui a occupé les lieux jusqu’en 1981. Inadapté, en mauvais état, le bâti a failli être démoli et on doit à Jack Lang une intervention qui l’a sauvé des marteaux-piqueurs, ainsi que le classement de l’escalier en 1984.
En 2006, le monument est enfin ouvert après des années de restauration et le CNCS de conserver quelque 10 000 costumes de scène provenant des dépôts de l’Opéra de Paris, de la Comédie Française, de la BNF, de dons et de la collection du danseur Rudolf Noureev. Chaque année, le lieu sort des réserves des habits de scène autour de deux thèmes d’exposition.
Pour un verre ou une petite collation, se trouve un café-brasserie au sein du musée, décoré par Christian Lacroix, couturier qui a lui aussi créé de nombreux costumes de scène.
La Maison Mantin
Donnant sur la cathédrale et jouxtant la façade Renaissance du musée Anne-de-Beaujeu, la Maison Mantin est un petit bijou d’architecture, de mobilier, d’atmosphère si vous avez envie de replonger dans les fastes d’une bourgeoisie de province du XIXe siècle.
Par sa naissance dans une famille aisée, par la profession d’ébénisterie de son ancêtre, Louis Mantin est plus qu’un autre bercé dans le « beau » dès son plus jeune âge. Très jeune, il hérite d’une belle fortune familiale et se sachant malade, met un terme à sa profession d’avocat, puis de sous-préfet pour se consacrer à ses passe-temps favoris : les voyages et la construction de sa maison à Moulins.
Ce qui est touchant dans cet homme est son souhait de transmission à tous, son désir de partager son bien. En effet, son testament précise l’utilité, le positionnement de chaque objet, ce qui a facilité les travaux de restauration. Donc il accumule les meubles (Haute Époque, époque Louis XV, Louis XVI) ; il glane des objets pour ses cabinets de curiosité (oiseaux empaillés, coquillages, vanités, faïences) ; il fait venir le peintre en vogue Sauroy pour décorer ses plafonds ; il isole et double ses fenêtres de vitraux décorés de fleurs ; il tapisse ses murs de verdure exotique d’Aubusson, de cuir argenté et vernis ; il chauffe et électrifie sa maison et adjoint des commodités intérieures à une époque où les toilettes étaient dehors ; il crée douche et jets divers dans sa baignoire…
Chaque pièce est un mélange hétéroclite d’objets divers, une accumulation inouïe de détails mobiliers. Loin de l’idée de posséder pour lui seul, Louis Mantin collectionne pour le futur, son désir étant de montrer aux générations futures ce qu’était une habitation bourgeoise du XIXe siècle. Il a d’ailleurs dans son testament laissé sa maison à la ville, à la seule condition qu’elle l’ouvre au public conjointement à la création d’un autre musée pour toutes les collections éparpillées de Moulins.
Le triptyque de Notre-Dame-de-l’Annonciation
La cathédrale de Notre-Dame-de-l’Annonciation est riche d’œuvres d’art : une Vierge noire, des vitraux des XVe et XVIe siècles, des tableaux de maître… Mais c’est à la sacristie que se trouve la pièce rare : une Vierge à l’enfant en gloire entourée de 14 anges. Qui a commandé cette œuvre ? Qui en est l’auteur ? Les deux commanditaires sont Pierre II duc de Bourbon et sa femme Anne de Beaujeu ; tous les deux peints sur les panneaux latéraux. Sur l’envers du décor, une Annonciation dévoilée par un jeu de miroirs, car le triptyque fragile ne peut être manipulé pour le grand public.
Ce triptyque, qui appartient à l’État tout en demeurant affecté au culte, est resté longtemps caché dans la cathédrale. C’est Prosper Mérimée, alors inspecteur général des Monuments Historiques, qui l’a découvert en 1837. On recompose l’œuvre, on arrive à trouver son auteur, Jean Hey, et on finit par l’exposer au public en 1889.
À voir à l’œil nu, le triptyque est sublime de finesse et de couleurs. On ne peut donc que s‘étonner du départ des toiles pour 2 ans de restauration à Paris. Les artisans d’art du Louvre interviendront sur les vernis, les pigments, l’or de l’auréole de gloire de la Vierge.
Le musée de la Visitation
Le bâtiment à lui seul est une merveille, et on ne peut que s’étonner et s’émerveiller que cet escalier extérieur en bois n’ait pas brûlé depuis sa construction. Cet extérieur des XVe et XVIIe siècles vous mènera d’un étage à l’autre au cœur des différentes salles.
Quid des Visitandines ? Simplicité de vie, de cordialité et de vie cachée en une grande spiritualité intérieure : tel pourrait être en deux mots le résumé d’une sœur Visitandine. L’ordre a été créé au XVIIe siècle par Jeanne de Chantal, sous la direction spirituelle de François de Sales, désireux de fonder un institut de vie consacrée ouvert à toutes les femmes qui étaient refusées dans les autres ordres monastiques : vieilles femmes, veuves, handicapées.
Jeanne de Chantal était elle-même une jeune veuve et mère de 4 enfants quand elle rencontra François de Sales. Le petit institut, né en 1610 à Annecy, est devenu la pierre d’angle de l’ordre de la Visitation qui va très vite essaimer. On a souvent pensé que cet ordre était destiné à visiter les malades, les indigents… Si certaines religieuses ont effectué ce type de service, l’ordre reste néanmoins contemplatif, avec des piliers comme le recueillement intérieur, la disponibilité de cœur, le détachement des biens matériels.
Ce musée unique en son genre, car de nombreux couvents de la Visitation installés dans le monde entier ont voulu sa création pour regrouper le travail des religieuses : tableaux en papier roulé, livres enluminés, travaux d’aiguille et de broderie pour des vêtements sacerdotaux, orfèvrerie…
À voir le travail présenté, on peut imaginer les heures et les heures passées à broder, coudre, peindre, sculpter : des œuvres d’art d’une infinie patience, douceur, finesse et dextérité.
Parmi les pièces textiles (environ 2 500), pas moins de 300 habits liturgiques et leurs accessoires (étole, bourse, voile de calice), lesquels sont tous dans un état impeccable de conservation car protégés de la lumière et rangés dans des meubles à chasubles et des chapiers.
Confectionnés dans des soieries sorties des plus grands ateliers lyonnais ou tourangeaux, ces vêtements ont parfois été taillés dans les robes de cour ou d’apparat apportées en dot par de jeunes veuves devenues religieuses. Certaines pièces ont même une origine royale : c’est le cas pour une robe de la reine Marie-Antoinette.
Les Visitandines ont brodé sur la plupart des vêtements, à l’aide de fils d’or, d’argent et de soies polychromes, des motifs floraux ou des scènes figuratives. Les broderies sont tellement fines que le terme de « peinture à l’aiguille » est utilisé pour qualifier ces travaux.
Aux côtés de ces broderies au petit point de fils de soies polychromes ou métalliques, des broderies blanches et des dentelles permettent d’apprécier la diversité de ces travaux d’aiguille. Pièces exécutées aux points de Bruxelles, de Milan ou d’Alençon témoignent de la variété du savoir-faire et de l’habileté des religieuses.
Ce sont ces travaux d’aiguille qui sont le plus impressionnants ; mais les 500 œuvres d’orfèvrerie sont tout aussi intéressantes. Il s’agit de calices, de croix et autres pièces d’orfèvrerie ciselées dans des métaux précieux et rehaussées de bijoux.
Avec cette collection, l’art est présent dans diverses époques : Louis XIII, le baroque, l’Art Nouveau, l’art moderne.
La majorité des pièces ont été créées à usage liturgique, même si certaines provenant de cours de France, d’Espagne et de Savoie sont de l’orfèvrerie civile. Dans cette collection, de grands orfèvres français et autres des XIXe et XXe siècles : Cahier, Poussièlgue, Rusand, Calliat, Favier, Chéret…
Parfaitement conservées, ces œuvres d’art vous font pénétrer dans la vie quotidienne d’un monastère de Visitandines.
Où se restaurer ?
L’hôtel Mercure, un 4 étoiles abordable, dispose d’un spa dans une belle crypte d’église adjacente.
Pour vous restaurer, une adresse mythique, le Grand Café, établissement iconique construit en 1899 dans un style Art déco. De toutes les personnalités qui ont arpenté la salle, Coco Chanel est peut-être la plus connue. Aujourd’hui, allez-y pour le seul cadre, la cuisine étant légèrement décevante.
Un autre restaurant a retenu notre attention pour son excellent rapport qualité-prix : La Bulle d’Air. Pour 23 €, millefeuille saumon avocat, pavé de cabillaud et jus safrané, mangue, tapioca et glace pistache. À découvrir absolument.
Une spécialité à rapporter : les palets d’Or de la maison Serardy : c’est un chocolat créé sous Louis Philippe, qui a été repris par de nombreux chocolatiers, son inventeur Bernard Serardy ne pensant pas une seconde à protéger sa création par un brevet. Il s’agit d’une bouchée aplatie de chocolat à base de crème fraîche et de café, décorée d’une feuille d’or.
Référence : AJU004a0