Yan Morvan, photographies

Publié le 31/05/2021

Photographie Sans Titre, Yan Morvan

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« L’important c’est que la photo possède une force constatative et que le constatatif de la photo porte, non sur l’objet, mais sur le temps », expliquait Roland Barthes.

Yan Morvan est né en 1954. Après des études de mathématiques puis de cinéma, il a effectué des reportages sur les Hells Angels de Paris. En 1974, il a publié sa première photographie dans le quotidien Libération, et cette même année a paru son livre sur les rockeurs : Le Cuir et le Baston, début d’un long travail sur les gangs qui durera vingt ans. De 1980 à 1988, il a travaillé pour l’agence Sipa Press et il a été correspondant permanent de l’hebdomadaire Newsweek, pour lequel il a couvert différents conflits : Iran-Irak, Liban, Irlande du Nord, Rwanda ou Kosovo. Ses reportages de guerre lui ont valu, en 1983, le prix Robert-Capra. Depuis 1988, Yan Morvan est photographe indépendant, et il a décidé de mettre son expérience au service des jeunes photographes. Successivement, il a été formateur à l’école nationale supérieure de la photographie d’Arles et au centre de formation des journalistes. En 1996, il a cofondé, avec Jean-François Bauret et Didier de Faÿs, le premier magazine de photographie sur internet, Photographie.com. À partir de 2004, Yan Morvan a enchaîné les reportages sur des sujets comme les banlieues, les victimes de guerre ou de la route. Yan Morvan est considéré comme l’un des grands photographes français. Ses nombreux scoops lui ont valu une reconnaissance et une notoriété internationale, mais aussi beaucoup d’ennuis. Par exemple, il a été par deux fois condamné à mort au Liban.

L’exposition de la galerie Thierry Marlat a réuni en 2016 une trentaine de tirages argentiques vintages, en noir et blanc. Ces tirages étaient datés de 1981. Photographies extraites de leurs contextes journalistiques, elles s’imposent par leur intensité et leur esthétisme propres à Yan Morvan. La photographie requiert le don de l’observation, pour saisir un instant particulier et marquant, dont le but est de nous interpeller. Une situation peut être photographiée de différentes façons, mais le regard du photographe, habitué à regarder, à observer, à cadrer, voit rapidement l’instant précis où il peut appuyer sur le déclic.

Yan Morvan, comme photo-reporter, est un photographe qui s’est attaché aux visages et silhouettes de ses contemporains, dans des contextes particuliers : lors de conflits armés, d’événements de l’actualité ou du quotidien. Il relaie ainsi un moment, et de ce moment nous montre l’expression tendue d’un visage ou de plusieurs visages qui réagissent ou participent à la scène. Le visage ou les silhouettes photographiés par Yan Morvan sont extraits d’une scène sociale, d’une actualité où ils se trouvent, soulignant un regard, une expression faciale, conditionnés par l’événement ou le lieu lui-même. Ce sont donc des portraits pris sur le vif, dans leurs mouvements expressifs ; des regards et des visages dans leurs expressions arrêtées. Ce sont des instants de regard, des instants de visage. Ce sont des photographies d’instants où les visages sont marqués par une émotion d’étonnement, de tristesse, de joie.

Les photographies de Yan Morvan ne se placent pas à proprement parler dans un style documentaire, mais sont un témoignage psychologique et sensible, synthétisant des scènes sociales. Le travail de Yan Morvan montre, de cette façon, l’histoire collective.

LPA 31 Mai. 2021, n° 200m1, p.34

Référence : LPA 31 Mai. 2021, n° 200m1, p.34

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