ZAD

Publié le 18/04/2019

Les Arènes

Zone à défendre, ou plus communément connue sous l’acronyme « ZAD » !

Ces trois lettres ont fait couler beaucoup d’encre en France, mais partout dans le monde on trouve des territoires qui méritent que l’on se batte pour eux.

C’est le cas d’un territoire en Amazonie – en Équateur, plus exactement – où, depuis plus de 25 ans, une lutte acharnée se joue entre un géant du pétrole et les habitants.

En effet, pendant 20 ans, Texaco a exploité des puits de pétrole dans cette région, au détriment de toutes mesures de sécurité et de protection de l’environnement.

Texaco, racheté par Chevron, va laisser en 1993 un territoire exsangue, où la population locale, des paysans d’Amazonie, se retrouvent avec des terres polluées inexploitables, où la population subit de plein fouet les effets pervers de la pollution : un grand nombre de fausses couches pour les femmes, des naissances d’enfants handicapés plus que dans d’autres régions, et autres vilenies liées à la pollution des sols…

Pablo Fajardo, ancien ouvrier de Chevron Texaco, petit homme confronté à ce désastre écologique, va vite se retrouver embrigadé dans la défense de ce territoire, et à force de pugnacité et de travail forcené, deviendra l’avocat de la cause des paysans contre le géant américain.

Après de nombreuses péripéties relatées dans l’album, Texaco et pourtant nous vaincrons, qui vient de paraître aux éditions Les Arènes BD, Pablo Fajardo parviendra à faire condamner la firme texane en 2011 à 9 milliards de dollars, un record !

C’est pour l’instant la seule et unique fois qu’une communauté a réussi à faire condamner une multinationale…

Pourtant, le combat est loin d’être achevé car les moyens de ce géant du pétrole sont presque sans limites, cette firme étant par ailleurs dénuée de toute probité, tentant par de nombreuses manœuvres d’intimider des témoins, ou de négocier avec les États afin de ne pas exécuter cette décision de justice.

Tous les procédés dignes des grands gangsters seront utilisés par cette firme !

Cette lutte acharnée d’un David contre Goliath est adaptée du récit de Pablo Fajardo ; le scénario a été écrit par Sophie Tardy-Joubert et mis en dessin et coloriés par Damien Roudeau.

Il faut lire cette histoire de l’une des plus grandes catastrophes écologiques et humaines de notre temps, afin de connaître les moyens dont peuvent disposer certaines multinationales pour faire le mal. Mais l’espoir jaillit aussi, car les paysans ont réussi à faire valoir leurs droits…

Cette affaire emblématique de la lutte pour la défense d’un territoire est poignante puisqu’elle révèle toutes les compromissions entre des États et des multinationales, tout en constatant également que la valeur des hommes est bien peu face au dollar roi.

Cet album compte bien mettre à nouveau en lumière cette lutte acharnée, afin que l’opinion ne relâche pas la pression et que partout où des territoires méritent que l’on se batte, des individus puissent prendre la parole et défendre les droits humains.

C’est pourquoi Amnesty International s’est associée avec les éditions des Arènes, pour que puisse paraître cet album.

L’Amérique latine, où sont commis 60 % des assassinats visant des défenseurs de l’environnement, est pour eux la région la plus mortifère. Il faut que le combat continue pour que l’on puisse laisser pousser des plantes à la place de puits de pétrole et que le « pouvoir des fleurs puisse changer les âmes, changer les cœurs, avec des bouquets de fleurs… ».

LPA 18 Avr. 2019, n° 144d6, p.16

Référence : LPA 18 Avr. 2019, n° 144d6, p.16

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