Tribunal judiciaire de Créteil : Quand Sayuri boit, elle frappe son fils et son mari

Publié le 15/06/2022

C’est rare : le 19 mai, une femme d’une quarantaine d’année est appelée à la barre de la 13e chambre correctionnelle du tribunal de Créteil pour répondre de violences sur mineur de 15 ans et sur conjoint.

Tribunal judiciaire de Créteil : Quand Sayuri boit, elle frappe son fils et son mari
Palais de justice de Créteil, salle des pas perdus. (Photo : ©P. Anquetin)

Le 11 mai 2021 vers 19 heures, Martin*, 10 ans, se glisse hors de l’appartement de ses parents et frappe à la porte, dans le même immeuble, des parents de son meilleur copain. Il vient de se disputer avec sa mère ; il est apeuré. Chez les voisins, il téléphone à son père qui accourt bientôt pour le retrouver. Martin raconte que sa mère a bu, qu’elle l’a giflé et tiré par le pied.

Quand père et fils regagnent l’appartement, une dispute éclate entre les parents. La mère jette des projectiles sur son mari, puis le frappe, déchire son pantalon. Le père porte alors plainte pour violences sur mineur de 15 ans et sur conjoint.

Un problème avec l’alcool

Interrogé par les policiers, le fils confirme et explique que sa mère a un problème avec l’alcool, qu’elle avait déjà frappé son père plusieurs fois. Martin s’était réfugié chez la voisine à deux reprises.

Les policiers convoquent la mère, Sayuri, le lendemain matin à 9 h. Quand elle se présente au commissariat, ils constatent qu’elle est déjà alcoolisée. Un test en témoigne. Elle reconnaît avoir giflé son fils « par inadvertance, sur le coup de la colère » parce qu’il lui a « mal répondu ». C’était « la première fois ».

A la barre, Sayuri confirme : « J’étais en train de faire le ménage. Je lui ai demandé de m’aider. Il m’a dit : t’as qu’à le faire, toi c’est ton boulot. Quand son père est venu récupérer le petit, il a pris les clefs. J’ai essayé de les prendre dans sa poche, le jeans s’est déchiré. »

Le président :

« — Gifler son fils, ce n’est pas anodin. Vous faites peur à votre propre enfant. Vous réalisez ? Avez-vous frappé votre mari ?

— …

— Il y a eu d’autres violences ?

— J’étais dépassée. Je ne travaillais pas et j’ai consommé. Je consulte un addictologue et un psychologue ».

Interdiction de contact

Le casier de Sayuri est vierge mais, comme pour un mari violent, une mesure d’éloignement a été prise après les faits : interdiction de contact avec l’enfant et de paraître au domicile. Après quatre mois, elle a été autorisée à retrouver sa famille et son domicile.

La représentante légale et l’avocate de l’enfant expliquent qu’il souffrait chaque jour d’un grand stress en rentrant de l’école, qu’il préférait aller chez son copain. Martin avait même fini par « se mettre en protection de sa mère », par faire en sorte de « ne jamais l’énerver quand il savait que les choses allaient déraper ». Aujourd’hui à la barre, le père se fait rassurant : « Elle est revenue, les choses se passent de façon plus apaisée. »

Sept mois avec sursis requis

Le procureur regrette de ne pas entendre une reconnaissance « plus tranchée, avec plus d’introspection », mais reconnaît que les pièces apportées sont encourageantes.

L’avocat de Sayuri raconte qu’elle a vécu douloureusement la mesure d’éloignement mais qu’elle affronte son addiction dans le cadre d’un suivi. « Toute la famille a besoin de passer à autre chose. » Pour le quantum de la peine l’avocate s’en remet au tribunal.

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