À Versailles, des Grandes Eaux hebdomadaires revues à la baisse
Le 11 juillet dernier, le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, annonçait que « 68 % des nappes phréatiques [étaient] toujours en dessous des normales de saison ». En effet le mois de juillet 2023 est le mois le plus chaud jamais mesuré. Face à cette situation, cette année au château de Versailles, il a été décidé de réduire la durée des eaux pour le spectacle des Grandes Eaux, donné depuis plus de 350 ans.
C.Pétillon/AdobeStock
Dans les jardins à perspectives du château de Versailles, décision a été prise de réduire la voilure pour le spectacle estival qui a lieu tous les samedis : les fontaines sont mises en service pendant 2 h 30 seulement. « Bien sûr, les eaux vont continuer à fonctionner. Elles contribuent au rayonnement de la France et à l’activité touristique du site. Mais la durée des eaux va se réduire pour justement éviter de trop dépenser d’eau », a expliqué Alain Baraton, jardinier en chef du parc du château de Versailles, à nos confrères de France Bleu. Il rappelle que les eaux en service pour ces festivités sont en circuit fermé : « Après avoir jailli, elles vont jusqu’au Grand Canal où elles reviennent dans le circuit. Ce n’est pas de l’eau qui vient de l’extérieur, ce n’est pas de l’eau potable. C’est une eau recyclée qui n’est pas perdue. Mais il est vrai que la déperdition, l’évaporation font que les mesures doivent commencer à se faire ressentir ».
En juin, au moment où les premières chaleurs touchaient la région, le fontainier anticipait le pire : « le niveau d’eau devient anormalement peu élevé, les températures extrêmes nous font craindre malheureusement une saison un peu difficile ». Et il a raison : plus en amont, dans les étangs des Yvelines (dont celui de Saint-Quentin-en-Yvelines) l’eau vient à manquer. Pas étonnant : le Roi Soleil – qui avait consacré un tiers du budget de rénovation de Versailles au réseau hydraulique – était allé chercher l’eau jusqu’à 30 kilomètres pour alimenter ses fontaines.
« Maîtriser l’eau, c’est maîtriser les éléments : une démonstration de pouvoir », a expliqué Gilles Bultez, chef du service des fontaines du château de Versailles. « D’abord, les ingénieurs du roi ont cherché près de Versailles, mais il y avait besoin de telles quantités d’eau qu’ils sont allés de plus en plus loin, jusqu’à ces étangs », détaille Gilles Bultez. « Ils sont un peu plus élevés que le château, ce qui permet de faire descendre l’eau jusqu’à Versailles sur une petite pente et d’avoir ensuite suffisamment de pression pour qu’elle remonte dans les fontaines ». Une question de la maîtrise des ressources qui elle n’est pas prête de s’épuiser…
Référence : AJU009y4