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Commissaires aux comptes : des nouvelles missions corrélées aux attentes des entreprises

Publié le 15/05/2023
Comptable, commissaire aux comptes
David Gallard/AdobeStock

Secouées par une conjoncture économique hostile, les petites entreprises doivent également faire face à de nouvelles obligations de transparence. Pour mieux les accompagner, les commissaires aux comptes font évoluer leurs compétences. Ainsi, près de la moitié de ces derniers affirme, dans une étude conduite par la Compagnie nationale des commissaires aux comptes, avoir effectué, l’an dernier, au moins une autre mission que la certification des comptes.

Baromètre 2023 de la Compagnie nationale des commissaires aux comptes

Compagnie nationale des commissaires aux comptes

Moins de chiffres, davantage d’appuis et de conseils aux dirigeants. La troisième édition du baromètre annuel de la Compagnie nationale des commissaires aux comptes (CNCC) démontre, s’il le fallait encore, l’évolution du rôle auprès des entreprises, et notamment des plus petites d’entre elles, des professionnels chargés de la certification des comptes. D’après l’enquête menée par la CNCC, 85 % des commissaires aux comptes « ont déclaré avoir échangé avec les chefs d’entreprise sur les problématiques d’inflation, d’énergie, d’approvisionnement ou de ressources ». Plus globalement, ils sont un peu moins de la moitié (45,8 %) à avoir « réalisé des missions autres que la certification en 2022 ». Une mutation des missions du commissaire aux comptes liée notamment à une meilleure prise en compte des enjeux environnementaux par les acteurs économiques et par le poids grandissant des informations dites « extra-financières ». Une tendance de fond qui n’est pas sans effet d’ailleurs sur l’attrait de la profession. « Pour la première fois, depuis très longtemps, nous observons un rajeunissement de l’âge moyen des professionnels et une croissance du nombre d’inscrits sur les listes des Compagnies régionales », précise Yannick Ollivier, le président de la CNCC. 71 % des répondants à l’étude de la Compagnie déclarent par ailleurs s’être formés, ou sont en passe de le faire, eux ou leurs collaborateurs, aux enjeux de la responsabilité des entreprises (RSE). Et l’entrée en vigueur, le 1er janvier prochain, de la directive européenne sur la publication d’informations en matière de durabilité pour les entreprises (CSRD) devrait accélérer encore ce mouvement. Pour rappel, ce texte imposera aux grandes entreprises implantées dans l’Union européenne de « fournir des informations plus détaillées sur l’impact environnemental, social et sur les droits humains ». 50 000 d’entre elles devraient être tenues par cette nouvelle obligation selon les institutions européennes.

Fragiles petites entreprises

Nécessairement, les plus petites entreprises seront, elles aussi, impactées indirectement par ce devoir de transparence. « Leurs donneurs d’ordre, leurs clients mais aussi les banques sont de plus en plus en attente d’indicateurs sur leur durabilité », rappelle le président de la CNCC. Un fait qui n’est pas sans alerter la Compagnie qui constate, depuis l’adoption de la loi n° 2019-486 du 22 mai 2019 relative à la croissance et la transformation des entreprises, dite loi Pacte, et l’entrée en vigueur de nouveaux seuils, quant à la désignation d’un commissaire aux comptes, un recul du recours à leurs services. En 2021, moins d’un mandat d’un commissaire aux comptes sur deux (45 %) a été renouvelé par les dirigeants des petites entreprises, contre 48 % un an auparavant, 54 % en 2019 et 64 % en 2018. Un constat « dommageable », juge Yannick Ollivier mais « à relativiser » puisque le taux de renouvellement des mandats pour les petites entreprises faisant face à « des enjeux complexes », lui, se maintient.

Confiance renouvelée

Aussi, au-delà du défi des informations non financières,  les acteurs économiques doivent jongler, au quotidien, avec toute une série d’autres préoccupations pesantes : inflation, hausse des prix de l’énergie, cyberattaques, difficultés d’accès aux financements bancaires, etc. Un contexte pour le moins inamical pour leurs activités qui doit les engager, selon la CNCC, à « faire preuve de transparence et délivrer une information toujours plus pertinente et ciblée ». Et en la matière, « la réponse à ce besoin fondamental de confiance est assurée par la présence d’un commissaire aux comptes à leurs côtés », rappelle Yannick Ollivier. À cet égard, « la qualité des échanges professionnels » reste, pour les petites entreprises, le principal motif de renouvellement des mandats des commissaires aux comptes ou de leur nomination volontaire. Une relation particulière qui a également incité, à la fin de l’exercice comptable 2021, plus de 1 000 entreprises situées sous les seuils de la loi Pacte à nommer, à nouveau, un commissaire aux comptes après une période sans faire appel à leurs multiples compétences.

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