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Sophie Sabot-Bracet, première femme à la tête du Conseil supérieur du notariat

Publié le 17/11/2022

Le 26 octobre, la nouvelle présidente du Conseil supérieur du notariat (CSN), Sophie Sabot-Barcet, présentait son bureau et les missions qu’elle s’est fixées pour son mandat. Parité, relation avec les clients et un CSN toujours plus « responsable » étaient à l’ordre du jour pour la première femme élue comme présidente de l’institution.

Sophie Sabot-Barcet

Arthur Laforge

Veste rouge, large sourire de la victoire sur le visage, Sophie Sabot-Barcet, 51 ans, était « heureuse » au lendemain de son élection comme présidente, le 26 octobre, pour la présentation de son bureau. Heureuse et fière, sans doute, d’être la première femme à accéder à cette position. Un signe d’encouragement pour les étudiants et surtout les étudiantes : on peut venir d’un petit territoire (elle est originaire de Haute-Loire, NDLR), être une femme et réussir, a-t-elle lancé en substance. Face à une tâche colossale, celle de « porter une politique à échelle nationale », représenter ses consœurs a été l’un de ses moteurs. Au sein de la profession, a-t-elle rappelé, les femmes comme les hommes sont nécessaires et Sophie Sabot-Barcet a glissé avec satisfaction les chiffres encourageants de la féminisation du notariat : les femmes étaient 2 % en 1998, 15 % en 2000, 26 % de 2015, et enfin 56 % en 2022, véritable boom.

Notaire associée à Monistrol-sur-Loire depuis 2000, l’étude de Sophie Sabot-Barcet comporte deux autres associés, deux notaires salariés et une trentaine de collaborateurs. Située en périphérie de l’est du département, elle s’inscrit dans un secteur assez porteur économiquement. La nouvelle présidente a mis l’accent sur l’histoire de son étude, qui, dans les années quatre-vingt-dix, a réussi à réunir un certain nombre d’études plus ou moins fragiles, afin de préserver un maillage notarial territorial. Une perspective collaborative en somme, ébauche du travail qu’elle s’apprête à réaliser avec son bureau pour les deux prochaines années à la tête du CSN.

Mais son engagement dans les instances n’est pas nouveau, puisqu’elle a été la première présidente de la chambre départementale des notaires de Haute-Loire de 2012 à 2014.  « J’y ai appris à porter haut les couleurs du notariat », a-t-elle expliqué. Venant d’une petite chambre, elle a pu constater avoir été entendue aussi bien que si elle venait d’une grande chambre, saluant « une possibilité d’aller de l’avant ».

En 2014, alors qu’elle termine sa présidence de chambre, elle devient présidente de commission lors du 112e Congrès des notaires de France (portant sur la propriété immobilière) de Nantes, un moment très enrichissant pour Sophie Sabot-Barcet, « tant personnellement que professionnellement » et qui lui a permis de rencontrer de nombreux notaires venant d’horizons différents. En 2016, elle représente les notaires de la cour d’appel de Riom au CSN et intègre la commission des technologies et du numérique du CSN de 2016 à 2018. Depuis octobre 2020, elle était vice-présidente du CSN.

L’équipe du Conseil supérieur du notariat

Romuald Meigneux

Une équipe paritaire et déterminée

Après s’être présentée, elle a pu présenter le reste de l’équipe de son bureau. À ses côtés, Bertrand Savouré, 58 ans, notaire à Paris, et rapporteur général du 108e Congrès des notaires de France de Montpellier en 2012 sur la transmission. Celui qui fut également le président de la chambre interdépartementale des notaires Paris de 2018 à 2020, devient son premier vice-président et trésorier du CSN. Il sera en charge de l’économie de la profession, du budget et des finances, de la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme, de la déontologie, des instances et de leurs relations avec le CSN, et des relations avec les think tanks, du suivi de la loi croissance et de la carte d’installation.

Laurence Leguil, 44 ans, devient la deuxième vice-présidente du CSN. Notaire dans la Sarthe, elle sera en charge de l’Europe et de l’international, du suivi de l’Union internationale du notariat latin, du Conseil des notariats de l’Union européenne, des affaires juridiques, des relations avec les centres de recherches, d’information et de documentation, notariales (CRIDON), de l’IEJ et de l’association du Congrès des notaires de France, de l’évaluation de la loi, de la concurrence et de la compliance.

Stéphanie Jeanjean-Boujon, 48 ans, notaire à Carpentras, a été élue secrétaire du bureau. Elle s’occupera du numérique, de la formation des notaires et des collaborateurs, la raison d’être du notariat, la mission du développement, des relations avec l’Assemblée de Liaison et avec le Mouvement jeune notariat. La réforme de la formation initiale des notaires, d’ailleurs, a été longuement évoquée par la présidente, qui, dans un contexte tendu, a plaidé pour une reprise du travail avec les universitaires.

Au sein de ce bureau respectant la parité, Édouard Grimont, 47 ans, notaire à Lille, a été approché pour ses compétences en médiation. Président du Centre de médiation de la chambre interdépartementale des notaires du Nord-Pas-de-Calais, président de la chambre interdépartementale des notaires du Nord-Pas-de-Calais de 2020 à 2022, entre autres, il sera porte-parole du bureau du CSN, en charge de l’immobilier et du suivi de l’activité immobilière, de la politique du logement et des relations avec le ministère du Logement, mais aussi de la communication, de la médiation, de l’éditorial du magazine interne, des relations avec certains ordres professionnels et de l’Institut international d’histoire du notariat.

Catherine Guillard, 56 ans, reconnue pour sa « fibre sociale », notaire à Herbignac, est investie dans les instances locales depuis longtemps. Elle a été présidente de la chambre des notaires de Loire-Atlantique de 2017 à 2019. Depuis 2019, elle est membre de la Chambre de discipline du conseil régional de Rennes. Membre du bureau, elle sera en charge des relations sociales, du dialogue social, du modèle social du notariat et de la réforme des retraites des notaires, mais aussi de la discipline, de la sociologie du notariat, de la parité et de l’attractivité des parcours.

Enfin, Bertrand Macé, 47 ans, notaire à St Denis à La Réunion. Pour la première fois, un notaire issu de l’Outre-Mer fait partie du bureau, une nécessité face aux désordres fonciers spécifiques aux territoires non-métropolitains. « Les successions n’ont pas été réglées depuis deux, trois, quatre générations pour des raisons historiques et financières. On se retrouve avec des indivisions très compliquées à gérer », a-t-il précisé. En plus de l’Outre-Mer, il sera chargé de la politique de la marque, de sa défense et de sa promotion, de la qualité et du management, du suivi des relations avec les généalogistes, les experts-comptables et les commissaires aux comptes.

Une équipe qui ne serait pas complète sans Jérôme Fehrenbach, 52 ans, inspecteur général des finances, directeur général du CSN depuis 2018.

Rebâtir la relation client et s’afficher comme encore plus responsable

La présidente, Sophie Sabot-Barcet, a présenté les deux axes principaux de son mandat. Priorité absolue : renouveler en profondeur l’entreprise notariale. À ses yeux, « il faut rafraîchir son modèle social et refonder la relation client autour de la qualité et du service ». Une priorité qui a d’autant plus de sens à l’heure des relations clients digitalisées. « Certains confrères sont très avancés », a-t-elle reconnu, mais tous n’ont pas mis en place leur espace client. « Si l’on ne met pas en place certaines mesures, on ne voit plus le client », alors que le métier se base sur la qualité des relations humaines. « Nous aimerions avoir un socle tant dans le modèle social que sur l’accueil, sans pour autant qu’il soit uniforme, afin de permettre un accès aux études sans difficultés ».

Deuxième priorité : s’afficher comme encore plus responsable : « il faut replacer l’office public par rapport à des responsabilités et ses devoirs », a-t-elle asséné. Ainsi Sophie Sabot-Barcet souhaite porter le message que « nous sommes des offices responsables ». Elle entend par là que les notaires soient encore mieux formés, que les offices répondent à la question : « Qu’est-ce que nos concitoyens attendent de nous » ? Elle aspire également à une amélioration de la démarche RSE, à une lutte accrue contre le blanchiment, elle espère un office respectueux de la déontologie comme un notariat vertueux et transparent. Enfin, elle a rappelé que le notariat doit être doté d’un tarif réévalué, une mesure qui lui semble nécessaire « pour garantir un maillage territorial ».

Elle a également souligné la nécessité d’un notariat doté de ses outils et d’une indépendance technologique, comme avec le répertoire électronique. Sophie Sabot-Barcet souhaite enfin être « capable de proposer pour construire société de demain », et d’être encore davantage force de proposition concernant l’élaboration de la loi, en amont ou en aval.

En ces temps troublés, le contexte économique de crise a été évoqué. Après une « activité très soutenue des dernières années, une activité exceptionnelle voire anormale en 2021 », a détaillé Sophie Sabot-Barcet, les notaires sont face à une contraction du marché immobilier. Sophie Sabot-Barcet n’a pas nié une certaine « inquiétude pour l’activité globale » vu la baisse du volume des transactions immobilières, même si « le notariat ne doit pas être ramené qu’à l’activité immobilière ». Cependant, « il va falloir être derrière ces études qui ont tout misé sur l’immobilier ». Si elle ne croit pas à une bulle immobilière, le CSN qu’elle représente restera vigilant sur la question.

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