JO de l’inclusion : du sport et des emplois

Publié le 15/01/2024
JO de l’inclusion : du sport et des emplois
Florence Piot/AdobeStock

Dans moins de 200 jours, Paris accueillera les Jeux olympiques. Dans cette perspective, l’Accélérateur, première entreprise d’insertion par le travail indépendant du Val-de-Marne (94), a organisé le 22 novembre dernier « Les JO de l’inclusion ». Au programme, du sport bien sûr, mais surtout des rencontres avec des entreprises pour des personnes éloignées de l’emploi. Une façon de se (re) mettre en selle professionnellement et de distribuer son CV à de potentiels recruteurs.

« L’inclusion, c’est important et ça ne concerne pas que les personnes en situation de handicap. Tout le monde a droit à la formation, quelle que soit sa situation. On peut demander de l’aide. Ce n’est pas parce qu’on tombe une fois que tout s’arrête » ! Rafik Arabat sait de quoi il parle. Athlète de haut niveau, médaille de bronze au championnat d’Europe en 2016, 8e au championnat du monde de 2017, 10e en 2019, rien ne prédestinait ce trentenaire plein d’énergie à une carrière de haut niveau, lui qui est né avec un spina-bifida  [une malformation congénitale qui se caractérise par un mauvais développement de la colonne vertébrale, NDLR] très handicapant. Ayant renoncé à marcher à cause des difficultés que cela lui occasionne, il se résout à se déplacer en fauteuil roulant. Son kinésithérapeute lui conseille alors de se muscler le haut du corps. Par ce biais, il découvre l’haltérophilie par la pratique du développé-couché. Il apprécie la discipline, se met à soulever des masses de plus en plus importantes. À 16 ans, il porte 117 kg, pour 211 aujourd’hui. Le trentenaire est aussi conférencier et, glisse-t-il en riant, cherche un emploi d’éducateur sportif, ce pour quoi il est diplômé. Car tout n’est pas simple, même pour les plus talentueux. Le 22 novembre dernier, Rafik Arabat est d’ailleurs intervenu sur ce thème à l’occasion des JO de l’inclusion, un événement fédérateur organisé par l’Accélérateur, première structure d’insertion par l’emploi indépendant du Val-de-Marne, du groupe StaffMe. « J’ai voulu délivrer un message de force, de paix et de soutien », raconte-t-il, touché par les parcours parfois compliqués d’autres jeunes, qui comme lui, ne croyaient pas en leur réussite.

Un message nécessaire pour les jeunes à la recherche d’un emploi, surtout ceux et celles aux parcours chaotiques, peu diplômés ou tenus éloignés du marché. Pourvoyeur d’espoir, l’Accélérateur est contacté chaque semaine par de nouveaux candidats qui cherchent à rejoindre le programme d’insertion. « Les bénéficiaires peuvent être isolés, donc nous voulons aussi créer du lien social. En 2022, nous avions organisé un tournoi de foot inclusif, explique Norma Valteau, directrice de l’Accélérateur, un événement qui a réuni plus de 100 jeunes, le tout avec un ancrage local, grâce à la présence de la mission locale, de Pôle emploi, du PLIE (plans locaux pluriannuels pour l’insertion et l’emploi). » Cette année, c’est donc un événement autour du sport de façon générale qui a été envisagé, afin de sensibiliser également un public féminin. « Le sport est un vecteur d’inclusion et le support de notre journée pour créer du lien social et décrocher des opportunités », rappelle-t-elle. Derrière, il permet également d’identifier des jeunes « invisibles », ceux qui ne sont pas encore connus des acteurs de l’emploi et de l’insertion et qui ont pourtant besoin d’un accompagnement. Ces projets d’aller-vers, notamment à destination des jeunes issus des quartiers prioritaires, parfois en rupture, ont pour but de n’oublier personne, y compris les filles, invisibles parmi les invisibles.

Créer des opportunités et faire du sport

Hip-hop, basket, course d’orientation… Ce 22 novembre, un panel de sports était proposé aux presque 200 participants, afin de mettre en valeur des compétences sportives également utiles dans le monde de l’entreprise comme l’esprit de cohésion ou celui d’équipe. Au gymnase Pierre et Aimée Cotton de Bonneuil-sur-Marne, se sont aussi retrouvés des acteurs de l’accompagnement pour l’emploi comme Cap Emploi, le PRIJ (plan régional d’insertion pour la jeunesse) mais aussi des employeurs potentiels, dans des secteurs en tension comme les transports ou la sécurité.

Parmi eux, la RATP, représentée par Hubert Richard, responsable territorial, en charge du développement économique et social de Paris et du Sud-Est de l’Île-de-France, soucieux de montrer l’envers du recrutement dans le secteur de la mobilité. Son but ? Raconter la RATP autrement, car « ce que les jeunes en voient en tant qu’usagers, n’est qu’une partie de la réalité ». Adepte de ces forums, qui permettent de « détecter les nouveaux talents », cela a été l’opportunité pour lui de rappeler à une quarantaine de jeunes que la RATP, « c’est 250 métiers, du sans diplôme au bac + 8 ». Des professions aussi variées que plombier, serrurier ou ingénieur, qui, toutes, ont besoin d’innover. L’« école de l’excellence », se double d’un laboratoire de l’innovation. « Pour construire le premier métro parisien, il a fallu geler des marais afin de rendre possibles les travaux de creusement sans que cela s’effondre ! rappelle-t-il. Alors que personne encore n’avait de frigo à la maison, c’était un vrai défi technique ». Bien sûr, en changeant le regard sur son entreprise, il cherche à renforcer l’attractivité du groupe, dans une perspective gagnant-gagnant. Car l’entreprise est en tension, notamment pour des postes de conducteurs, les postes de maintenance voie ferrée et poids lourds. « Un conducteur de bus parisien, c’est un sésame pour travailler sur les quatre continents », annonce-t-il, fier de représenter le 3e plus grand opérateur du monde de la mobilité. Et pour les jeunes de passage, un monde s’ouvre à eux. « Pour le poste de conducteur, le savoir-être est presque encore plus important que le diplôme. Le lien entre le personnel et les voyageurs est fort, alors quoi de mieux que d’avoir un personnel déjà ancré dans le territoire ? », demande-t-il. D’où l’intérêt pour la RATP de s’ancrer elle aussi dans un territoire local.

Des participants motivés pour trouver un emploi

De l’autre côté, des participants pleins d’espoir. Nicole, 20 ans, à la recherche d’un emploi en tant que graphiste, était l’une d’entre elles. Détentrice d’un CAP en signalétique et décor graphique, elle a travaillé pendant quelques mois dans des entreprises de signalétique avant de reprendre une formation en ligne, ce qui lui a permis d’approfondir ses connaissances et de découvrir d’autres logiciels. Si depuis 3 ans, elle n’a pas trouvé d’emploi dans le graphisme en tant que tel, intégrer l’Accélérateur lui a permis de « découvrir plein de domaines », d’acquérir des expériences, par exemple « dans l’accueil ». Aux JO de l’inclusion, elle a pu établir des contacts, notamment avec Accor. « Le groupe ne cherchait pas à recruter dans le graphisme, mais ils ont pris mon CV pour voir si cela pouvait intéresser d’autres services », raconte-t-elle. Ce parcours semé d’embûches, elle a pu le partager avec d’autres jeunes, à travers les activités sportives proposées. Car Nicole n’est pas seule à chercher du travail, et cela fait du bien de partager les moments difficiles. « Parfois, c’est frustrant, mais je continue toujours à chercher. Je me rassure, je me dis que quelqu’un me laissera un jour ma chance, reconnaîtra mes compétences et que je pourrai exercer ma passion ». Les employeurs, comme Transdev, ont pu d’ailleurs rassurer la jeune femme. « La représentante de Transdev m’a conseillé de faire des stages, essayer de voir si un employeur peut me prendre, voir mes compétences, ce que je sais faire. Et aussi, nous partagions la même vision des choses : elle cherche des personnes motivées avant toute chose ». En attendant de décrocher l’emploi de ses rêves, elle peut compter sur la réactivité de l’Accélérateur pour travailler. « Dès qu’un client poste une prestation dans l’hôtessariat ou l’accueil, Nicole reçoit une notification sur son téléphone pour pouvoir l’accepter », assure la structure, où elle bénéficie d’un rendez-vous mensuel avec une chargée d’accompagnement et des chargés d’activité, afin de travailler un projet professionnel sur le long terme. Et comme le glisse Rafik Arabat : « Il y a quelques années, si on m’avait dit que je serais sportif de haut niveau, conférencier, que je deviendrais un porte-parole de l’inclusion dans les entreprises, je n’y aurais pas cru ». Et pourtant…

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