Seine-Saint-Denis (93)

« Toutes championnes, tous champions ! » : le sport vecteur de création d’emplois

Publié le 01/10/2021
2024 : Toutes Championnes, Tous Champions
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À l’occasion des Jeux olympiques et Paralympiques de 2024, le dispositif « 2024 : Toutes Championnes, Tous Champions », a pour objectif d’accompagner et de former les bénéficiaires en vue d’occuper les futurs emplois créés par l’événement sportif. Certains secteurs économiques vont en effet être dynamisés par les JO. Le sport et ses valeurs seront au centre de ce parcours. De Paris à la Seine-Saint-Denis

Les JO 2024 devraient mobiliser quelque 150 000 emplois dans tous les secteurs. La Ville de Paris y voit donc une opportunité d’accélérer la montée en compétences et la formation et d’aider les entreprises à recruter de nouveaux talents. Pour ce faire, l’établissement public territorial de Plaine Commune, la Ville de Paris, le PLIE de Plaine Commune et l’EPEC (Ensemble Paris Emploi Compétence) se sont associés pour porter « un projet innovant et ambitieux de parcours d’insertion intégrés vers la formation et l’emploi autour du sport et de ses valeurs ». Il s’inscrit dans le cadre du Plan d’Investissement dans les Compétences (PIC) dit « 100 % inclusion », l’un des volets majeurs du Grand plan d’investissement 2018-2022 du gouvernement.

Ce programme d’accompagnement gratuit vise aussi bien des compétences personnelles (l’obtention du permis de conduire ou la pratique d’activités sportives, par exemple), que professionnelles (formation métier, par exemple). Débuté en janvier 2020, il s’adresse en particulier aux personnes éloignées de l’emploi et s’étale sur deux ans. Si la priorité est donnée aux demandeurs d’emploi résidant dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville, il s’adresse aussi aux demandeurs d’emploi seniors, de longue durée, reconnus travailleurs handicapés, bénéficiaires du RSA ou sortant des structures d’insertion par l’activité économique.

Un parcours de six à 15 mois

Le dispositif « Toutes championnes, tous champions » s’appuie sur un réseau d’associations de quartiers, de clubs et de fédérations sportives et culturelles pour l’organisation d’événements destinés aux différents publics visés. Ensuite, la personne concernée entre dans une « promotion » de remobilisation de trois à six mois qui repose sur la « valorisation ou l’acquisition d’aptitudes et de compétences sportives, citoyennes et professionnelles dans une démarche globale de la personne ».

La phase suivante, celle de la formation (jusqu’à 1 200 heures), permet d’apprendre un des métiers qui recrutent. Ces formations sont définies avec les acteurs économiques des filières professionnelles bénéficiant de l’effet positif des JO 2024. Enfin, cet accompagnement a pour objectif de favoriser le recrutement grâce à de nombreuses sessions dédiées : job dating, forum emploi et autres actions de mise en relation avec les entreprises (chartes, pactes emplois, etc.).

Durant ces trois phases, l’objectif est de préciser ou définir son parcours pro, valoriser ses aptitudes, en apprendre de nouvelles et savoir convaincre pour retrouver le chemin de l’emploi.

2024 : une opportunité de recrutement

Construction, tourisme, événementiel, transport et logistique, numérique, accueil et animation, gestion des déchets… Les événements sportifs permettent à chaque fois de développer de nombreux secteurs d’activité

Trois domaines d’activité majeurs sont particulièrement concernés : la construction (11 700 postes), l’organisation (évènementiel, spectacle, sécurité privée, soit 78 300 postes) et le tourisme (hôtellerie et restauration principalement, soit 60 000 emplois). Au total, le comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques chiffrait à 150 000 le nombre d’emplois directs mobilisés d’ici 2024 (estimation de 2019). Certains secteurs comme le bâtiment et les travaux publics ont d’ailleurs déjà commencé à recruter.

Porter les valeurs du sport

Ce dispositif lié aux JO 2024 innove en particulier sur le fait de s’appuyer sur le sport et sur ses valeurs pour « décloisonner les frontières et statuts administratifs autour d’un projet partagé par plusieurs collectivités » et « repérer et (re)mobiliser les publics ». Dans le parcours d’accompagnement, la personne qui est suivie est donc considérée dans sa globalité.

L’activité sportive est prévue pour mobiliser et développer des compétences informelles. Prise de risque, responsabilité, action… e sport est un terrain favorable au développement de ce qu’on appelle les soft skills. Par exemple, le fait de suivre des règles explicites ou implicites et de respecter les décisions de l’arbitre permettent d’apprendre la rigueur. Le sport en équipe enrichit sa capacité à communiquer de façon claire et précise, et encourage à prendre la parole devant ses coéquipiers, négocier ou argumenter face à l’arbitre. Enfin, l’activité sportive pousse les coéquipiers à se rassurer entre eux lors d’une défaite ou d’une mauvaise action, à s’encourager et à se féliciter lors d’une bonne action.

L’e-sport, l’inattendue solution RH

Si l’e-sport a encore du mal à être perçu comme un « vrai sport », il a tout de suite été intégré au dispositif. En février 2021, la Maison parisienne de l’e-sport accueillait ainsi une étape du programme afin de permettre à des jeunes femmes vivant en quartier populaire d’intégrer une formation au métier de conductrice de métro.

Ecorp gaming avait remporté le marché proposé par la Ville de Paris et c’est la solution RH Skilleo qui a été retenue pour aider les recruteurs de la RATP, avec une technologie basée sur les jeux vidéo grand public. À l’époque, Marie-Hélène Picot (Partenariats et attractivité/recrutement RATP) se réjouissait de cet atelier auprès du site Level 256 : « C’était pour moi nouveau d’imaginer l’e-sport comme révélateur de talents et levier pour identifier les soft skills des participantes en lien avec le métier. C’est une action de sourcing pas comme les autres qui, grâce à l’action combinée de la Ville de Paris, d’Ecorp Gaming et de l’EPEC, nous permet de promouvoir un métier sur lequel nous avons des enjeux de féminisation tout en s’associant à un dispositif d’accès à l’emploi ! ».

CEO d’Ecorp Gaming et de Skilleo, Hugo Chabrouty se félicite aussi auprès de Level 256 de la concentration et du sérieux des candidates, réticentes en début de session : « Nous sommes très fiers de pouvoir aider à la démocratisation du jeu vidéo à notre niveau, c’est une réelle avancée pour les joueurs de pouvoir valoriser les compétences qu’ils développent dans leur pratique de loisir ».