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Versailles, le salon Emploi Femmes rencontre un succès bien mérité !

Publié le 24/11/2022

Versailles, le salon Emploi Femmes rencontre un succès bien mérité !

Le 13 octobre dernier, s’est tenu à Versailles le deuxième salon des RDV de l’Emploi Femmes. Retour sur la création de cette initiative salutaire, avec la première adjointe de la ville de Versailles.

Un jeudi matin d’automne à Versailles. À la gare du RER, les flots de passagers vont et viennent, la plupart mettent le cap pour Paris, portable à la main, ordinateur en bandoulière. Ils reviendront le soir. Certains descendent des voitures habillées de pied en cap prêt à battre le pavé pour rejoindre leur lieu de travail, dans les commerces des rues principales, les crèches, le tribunal, les bureaux aménagés dans les bâtisses historiques, les sites touristiques. Dans le quartier Notre-Dame, l’effervescence du deuxième marché de France, érigé au XVIIe siècle est à l’image de la dynamique de la commune qui peut s’enorgueillir de ses 5,7 % de taux de chômage (contre 7,4 % au niveau national) !

Et pourtant il y a de petites ombres au tableau : sans grand étonnement, les jeunes, les seniors et les femmes sont plus en demande que les autres. Chez les demandeurs d’emploi, on compte 52,5 % de femmes contre 49,5 % au niveau régional. Ces différences, la mairie de Versailles, a décidé de les combler grâce à un outil pensé juste après la crise du Covid : les salons de l’emploi ciblé.

Avec son équipe, Dominique Roucher-de Roux, première adjointe au maire, déléguée au développement économique, à la transition écologique, à l’emploi et aux affaires générales, s’est retroussée les manches : « par le passé, nous avions déjà monté un salon généraliste pour l’emploi, mais j’avais trouvé que c’était beaucoup de bruit pour pas grand-chose, pas beaucoup de résultats concrets. Nous dit-elle. Puis le confinement est arrivé, il a été très compliqué en particulier pour l’emploi des jeunes. J’ai eu envie de créer un rendez-vous pour l’emploi spécial jeune pour accompagner celles et ceux qui n’auraient pas trouvé. J’avais une intuition qu’il fallait segmenter les jeunes, les femmes et les seniors car les problématiques ne sont pas les mêmes suivant les cibles, les entreprises qui recrutent non plus. Et ce fut exact ». La mairie organisait déjà depuis une dizaine d’années des « Baby sit’ dating », des journées de rencontre entre futurs baby-sitters et parents en demande. En mai 2021, le premier rendez-vous de l’Emploi Jeune, à l’hôtel de ville, est un succès : les deux éditions ont permis le recrutement d’une centaine de jeunes, du job d’été au CDI. En octobre 2021, le premier rendez-vous de l’Emploi des Femmes suit la même dynamique.

Un salon pensé par et pour les Versaillaises

Le fait de proposer un salon ciblé par et pour les femmes est un pari qui a toujours semblé évident pour la première adjointe, qui dans sa vie active a toujours eu à cœur de questionner la place des femmes dans l’économie. L’élue était auparavant directrice de groupe Paris international chez BNP Paribas. « J’ai 64 ans et toute ma carrière, dans la banque, j’ai dû me battre ! Nous avions même créé une association au sein de l’entreprise qui rassemblait les femmes, sous l’égide des ressources humaines. Quand je me suis retrouvée marie adjointe, avec la délégation de l’emploi, j’ai continué ce que j’avais commencé en entreprise ».

Pour préparer son projet, l’élue a commencé par se concentrer sur les premières intéressées : les Versaillaises. « J’étais présidente du conseil de quartier Notre-Dame et au quotidien je rencontrais des jeunes femmes surdiplômées qui avaient élevé leurs enfants et voulaient trouver un emploi à la quarantaine. Je voyais aussi qu’après le confinement, et maintenant avec la guerre en Ukraine, nous avions beaucoup de retours d’expatriations, et donc de femmes en recherche d’un emploi ». Compliqué, dans un marché de l’emploi parfois très concurrentiel, de convaincre avec un trou dans le CV, d’où l’utilité d’un salon spécifique jure, Dominique Roucher-de Roux : « d’un côté nous avons des femmes hypercompétentes qui ont fait des tas de choses, qui ont une capacité d’adaptation étonnante et qui veulent concilier vie personnelle et vie professionnelle, travailler plus près du domicile, de l’autre des chefs d’entreprise qui cherchent des profils nouveaux ou qui ont déménagé leurs entreprises de Paris et veulent recruter en local : à nous de les convaincre que nous avons à Versailles et dans les communes environnantes un vivier de femmes très compétentes et qualifiées ».

La première édition du salon fut un franc succès : une quarantaine de femmes ont trouvé ce qu’elle cherchaient tant, et la très grande majorité s’est trouvée fortifiée par les entretiens, les rencontres et les ateliers proposés par le salon. « C’est un salon extrêmement bien organisé et pensé avec une offre complète, adaptée à tous les profils. J’ai beaucoup apprécié l’accompagnement en coaching proposé sur le salon et même après, ainsi que les échanges et partages de contacts avec d’autres femmes. C’est essentiel pour la confiance ! », a témoigné Charlotte Deltil, embauchée au Centre interdépartemental de gestion (CIG) suite au salon 2021.

Des job-dating, des séances coaching, des rencontres : tout pour susciter l’enthousiasme et l’inspiration

Pour son édition 2022, en collaboration avec l’APEC (Association pour l’emploi des cadres), Pôle Emploi, les villes du Chesnay-Rocquencourt et Vélizy-Villacoublay, 372 candidates se sont présentées à plus de 770 entretiens d’embauche. Une trentaine d’exposants, une dizaine d’entreprises locales en recherche de nouveaux profils, des professionnels de la formation et de l’accompagnement de projets, des réseaux de femmes entrepreneuses (Bouge ta boîte, Femmes entrepreneures, association Force Femmes, Social Builders…) étaient réunis. Une centaine d’emplois étaient à pourvoir immédiatement : des postes en CDD ou CDI d’animatrice-conférencière, consultante réseaux sociaux, community manager, réceptionniste, auxiliaire de puériculture, chef de projet ADV, responsable marketing & communication, chargée de développement commercial, assistante ADV, office Manager, gestionnaire recouvrement, juriste droit social, spa praticienne, chargée de mission RH, contrôleuse de gestion, assistantes de direction. À lui seul, le cabinet Talent sur-mesure a enchaîné quatre-vingt-dix entretiens dans la journée : il s’agit d’un chasseur de têtes spécialisé dans le travail flexible (temps partiel, télétravail) correspondant parfaitement aux attentes des femmes qui participaient au salon.

À ces entretiens s’est ajouté pour les participantes un arsenal de conférences et tables rondes leur permettant de rencontrer des profils intéressants – très proches d’elles – ou d’amorcer des réflexions importantes. Entre autres, une table ronde sur le thème : »Montée en responsabilités ou reconversion », six femmes aux parcours inspirants sont venues partager leur expérience avec les Versaillaises. « Les femmes ont besoin d’être boostées par des exemples concrets et notre conférence sur la reconversion a été un grand succès (avec une centaine de participantes, NDLR) : les femmes qui parlaient étaient représentatives des femmes dans la salle. On avait une femme en reconversion devenue jardinière à la ville de Versailles, elle n’avait pas négocié son salaire mais se trouvait très bien à son poste ; une jeune femme a témoigné de la négociation de son salaire et de son temps libre quand elle a pris son emploi d’office manager dans un cabinet d’architectes de la ville, nous avions incité deux femmes qui avaient créé leurs entreprises (l’une avait lancé un magasin de vrac dans le quartier de Montreuil, à Versailles), une autre était cadre sup dans une grande entreprise française et la dernière jeune femme était entrée comme réceptionniste au Trianon Palace et était désormais directrice commerciale », explique la première adjointe particulièrement fière d’avoir mis à disposition une sorte de boîte à outils pour les habitantes.

Une conférence « Osons l’oseille » animée par le collectif ViveS, du groupe Bayard Presse, a également permis aux participantes de comprendre le rapport des femmes à l’argent : « c’était vraiment super de questionner les diverses manifestations de l’inégalité de revenus, rappeler combien il est capital de comprendre la mécanique des pensions de réversion, qu’à la retraite tout cela se transforme en inégalité de patrimoine. C’est un vrai sujet. Je suis contente que mon entourage municipal m’ait soutenue dans cette politique, tout comme les villes du Chesnay-Rocquencourt et de Vélizy-Villacoublay ».

L’horizon de l’après salon

Mais l’élue n’a pas tendance à se reposer sur ses lauriers et son travail est loin de se limiter au momentum des rendez-vous pour l’emploi. Dans le prolongement de la manifestation, la mission Emploi a proposé deux ateliers « Travail : qu’est-ce que je veux vraiment ? Clarifier mon projet et mes attentes », par le cabinet de recrutement Talent sur-mesure et « développer la confiance en soi pour développer son projet professionnel », séance de coaching animée par l’association EMCC, à la Maison des associations et de l’emploi. Un cadre plus éloigné des ors de l’hôtel de ville… et bien moins intimidant.

Si Versailles est une commune majoritairement surdiplômée et aisée (avec un taux de pauvreté de 7 % au lieu des 14,9 % au niveau national), il n’en reste pas moins que toutes les Versaillaises demandeuses d’emploi n’ont pas forcément les mêmes niveaux d’étude et de qualification.  « L’image d’Épinal de Versailles a changé, les profils ont changé, on a beaucoup plus de femmes qui travaillent désormais, et on a 20 % de logements sociaux (et non 30 % comme l’exige la loi, NDLR) avec des personnes qui recherchent des emplois », explique la première adjointe. Pour ces personnes, des recruteurs dans l’hôtellerie et la restauration, les services à la personne, la ville, l’académie ont fait le déplacement au salon. Constatant après deux éditions que les participantes correspondaient toutes à une certaine frange – privilégiée de la population, la maire adjointe a décidé d’ajouter au rendez-vous annuel des ateliers et des rencontres dans les quartiers de la ville, dont la population pourrait se sentir intimidée de se déplacer dans les salons dorés de l’hôtel de ville. Rendez-vous à la troisième édition, pour voir si ce pari a été gagnant.

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