Justices croisées

Publié le 05/05/2021

Au premier abord, l’expression « appel comme d’abus » sonne étrangement à des oreilles profanes, combinant deux vocables qui ne semblent pas bien s’accorder. L’expression et le recours juridique qu’elle désigne sont pourtant familiers aux hommes et femmes de la fin du Moyen Âge et de l’époque moderne.

Utilisé au départ comme une procédure garantissant l’équilibre et le respect mutuel des juridictions royale et ecclésiastique, l’appel comme d’abus se banalise assez rapidement en recours à la justice royale face à la décision d’une instance ecclésiastique. Il a souvent été considéré par l’historiographie comme une arme employée par le roi ou sa justice pour dépouiller le juge d’Église de sa juridiction. Pourtant, son usage ne se résume pas à un conflit entre juge ecclésiastique et juge royal, mais témoigne plutôt de chevauchements : le croisement des justices ne s’analyse pas toujours en termes d’affrontement ou de conquête. Étudier l’appel comme d’abus oblige donc à distinguer sa mise en œuvre effective, sa construction théorique et son instrumentalisation politique, dans une contextualisation fine qui en explique les enjeux. Autant de dimensions qu’explore cet ouvrage, issu d’une enquête collective qui a fait dialoguer historiens et juristes.

LPA 05 Mai. 2021, n° 200g7, p.2

Référence : LPA 05 Mai. 2021, n° 200g7, p.2

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