Contestation contre la destruction de la tour Insee à Malakoff : Élisabeth Borne prise à partie

Publié le 13/09/2023
Contestation contre la destruction de la tour Insee à Malakoff : Élisabeth Borne prise à partie
INSEE

Au début de l’été, de nouvelles voix se sont prononcées en défaveur de la destruction de la Tour Insee, située à Malakoff dans les Hauts-de-Seine (92)… y compris celle du ministre de la Transition écologique.

Si les travaux de désamiantage continuent jusqu’au mois de septembre, aux portes de Paris, à Malakoff dans les Hauts-de-Seine (92), dans ce géant de fer et de béton qui abritait autrefois les locaux de l’Insee, il est fort probable que la tour reste bien en place, si on en croit l’opposition au projet de destruction/reconstruction qui gagne de nouveaux terrains. En effet, aux mobilisations citoyennes menées par l’association IN-C Malakoff en lien avec la mairie de la commune des Hauts-de-Seine (dont une pétition ayant réuni 18 900 signatures), et à l’avis du Conseil régional de l’ordre des architectes se sont ajoutées ces dernières semaines une véritable opposition politique.

Le 29 juin dernier, au cours d’une réunion avec les associations d’élus locaux, qui a eu lieu à Matignon, la maire (PCF) de Malakoff, Jacqueline Belhomme, confie avoir parlé en aparté avec le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, qui avait déjà reçu une délégation d’opposants, en avril dernier. « Il m’a tout de suite dit qu’il était d’accord avec notre position », affirme l’élue des Hauts-de-Seine. Dans un courrier cosigné le 11 juillet dernier avec la maire (EELV) du XIVe arrondissement, Carine Petit, l’élue confiait la nature de cette discussion à la Première ministre : « Nous avons pris acte, avec soulagement, de l’opposition de votre ministre de la Transition écologique, M. Christophe Béchu, à la démolition de la tour et de son soutien à sa réhabilitation ».

Les deux édiles faisaient front et rappelaient à la Première ministre la situation en jeu : « lI nous semble également primordial de vous rappeler l’opposition unanime à la démolition de la tour de la part des collectivités qui se sont exprimées lors de la réunion d’examen conjoint de la mise en compatibilité du PLU de Malakoff organisée par la préfecture des Hauts-de-Seine le 5 juillet dernier. Plus que jamais, l’État est seul à défendre une option aberrante sur les plans écologiques et économiques, que dénoncent tant les collectivités que les associations, les représentant(es) du GIEC comme l’Ordre des architectes. lI serait en effet particulièrement humiliant pour l’État, qui vient de rendre publiques ses ambitions en matière de territorialisation de la planification écologique, qu’il soit incapable de penser la réhabilitation de cette tour, alors même que la tour de la préfecture des Hauts-de-Seine et les tours de La Défense font ou feront l’objet, dans les années qui viennent, de programmes de réhabilitation ambitieux et parfaitement maîtrisés ».

Au Conseil de Paris, des voix grondent

Le Conseil de Paris, qui s’est tenu du 4 au 7 juillet dernier, a lui aussi pris position. Un vœu relatif au devenir de la tour Insee a ainsi été déposé par Carine Petit, mais aussi par les élus du groupe Les Écologistes, ceux du groupe Communiste et Citoyen et les élus du groupe Paris en Commun, enjoignant la Première ministre à « stopper le projet actuel ainsi que toute intervention sur la parcelle » et « à réunir les ministres concernés, la mairie de Malakoff, la Ville de Paris et les représentants des habitants pour établir un dialogue constructif, assurer une articulation cohérente entre les besoins des ministères et respectueuse des orientations urbaines légitimes des collectivités locales, de leurs habitants en faveur de la transition écologique ».

Pour émettre ce vœu, les élus ont rappelé certaines mises à jour justifiant leur position :  « considérant que le PLU bioclimatique comme les documents d’urbanisme des villes de la métropole remettent actuellement en cause les bâtiments de grande hauteur » : « considérant que pour le site du Val de Grâce, l’État propriétaire fait le choix de réhabiliter le bâtiment existant datant de la même époque de conception et de construction », entre autres. Des arguments qui correspondent en tout point avec les mises en garde de l’Autorité environnementale qui pointe dans un rapport du 29 juin dernier la persistance de « projets peu ambitieux sur le changement climatique » : « Les constats des années précédentes sont, pour une bonne part, encore et toujours d’actualité. À l’heure où les médias se font de plus en plus l’écho des inquiétudes sur l’avenir de la planète (changement climatique, effondrement de la biodiversité, raréfaction des ressources en eau douce…), l’AE note encore trop souvent des décalages importants entre les ambitions environnementales affichées par certains projets, le contenu des dossiers présentés et la prise en compte des enjeux environnementaux et de santé humaine dans les choix faits par les maîtres d’ouvrage », peut-on lire dans le rapport.

Une tribune signée par une centaine de personnalités

Comme pour enfoncer le clou, une tribune a été publiée dans le journal Le Monde, le 19 juillet dernier, signée par une centaine de personnalités publiques (dont Sophie Calle, Philippe Torreton, François Morel, Bernard Pivot, Cédric Villani, Valérie Donzelli, ou les élus Jérôme Guedj, Alexis Corbière, Ian Brossat, Noël Mamère, Clémentine Autain, Olivier Faure…).

Toutes s’engageaient contre la destruction de la tour : « Nous, citoyens soucieux des deniers publics et de la transition écologique, demandons solennellement au président de la République, auquel nous adressons une lettre ouverte signée par plus de cent personnalités, de mettre fin à un scandale économique doublé d’une aberration écologique (Les documents produits par les ministères sociaux attestent que la démolition-reconstruction coûtera à l’État 178 millions d’euros alors que le coût de restructuration de la tour se limitera à 155 millions d’euros. Les bases de calcul de l’estimation du coût global de l’opération sont d’ailleurs contestables. En outre, selon les mêmes documents, le bilan carbone du projet du ministère est de 18 % à 24 % supérieur à celui d’une réhabilitation. Ainsi, en totale opposition avec ce que doit être leur mission, les ministères sociaux prennent l’option la plus onéreuse, avec un bâtiment surdimensionné ne correspondant plus aux pratiques de travail de l’après-pandémie ».

Affaire à suivre donc…

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