Étienne Stoskopf, nouveau préfet du Val-de-Marne
Depuis début novembre 2024, Étienne Stoskopf a pris la suite de Sophie Thibault comme préfet du Val-de-Marne. Diplômé de l’ENA, il a déjà occupé ce poste à plusieurs reprises, en commençant par les Pyrénées-Orientales en 2020, puis la Somme. En juillet 2023, il rejoint la place Beauveau à Paris, au sein du cabinet du ministre de l’Intérieur avant sa nouvelle prise de fonction à la préfecture du département. Actu-Juridique l’a rencontré afin d’évoquer avec lui ses projets pour le département. Entretien.
Actu-Juridique : Vous venez d’arriver dans le Val-de-Marne, quelle est votre connaissance du territoire ?
Étienne Stoskopf : Comme tout habitant de la région parisienne, j’ai été amené à plusieurs reprises à me rendre dans le département. Je connaissais le Val-de-Marne, mais pas avec le regard professionnel d’un représentant de l’État. Je découvre ce territoire avec des problématiques nouvelles. Après avoir exercé dans la Somme et dans le Sud-ouest, le Val-de-Marne pose des questions différentes.
A.-J. : Quelles sont vos premières impressions ?
Étienne Stoskopf : Je me rends compte que nous sommes dans une période particulière pour Paris et sa petite couronne. Nous arrivons à la fin de l’année olympique qui a nécessité des engagements de la part de l’État : à la fois dans les actions du plan baignade, la préparation des cérémonies, ou le relais de la flamme. Nous avons besoin pour 2025 de revenir sur des sujets plus classiques et traditionnels : questions sociales, transport, logement, etc.
A.-J. : La construction d’une nouvelle prison fait beaucoup débat. Qu’en est-il ?
Étienne Stoskopf : La construction de la prison de Noiseau est un dossier prioritaire pour l’État. Le choix a été fait d’étudier la construction d’un établissement pénitentiaire sur cette commune. Ça va prendre encore un certain temps. Nous mettons actuellement en œuvre un travail juridique afin d’obtenir les autorisations pour construire sur le secteur dans le but de permettre la délivrance du permis de construire.
A.-J. : On entend beaucoup parler de futures baignades dans la Seine et la Marne. Est-ce toujours d’actualité ?
Étienne Stoskopf : Nous avons réussi collectivement : l’État, les collectivités et les services d’assainissement, à rendre la Seine baignable l’été dernier. Ces efforts n’ont pas été accomplis seulement pour les Jeux olympiques, mais aussi pour que cela devienne une activité pérenne l’été. Il faut que la population puisse profiter de cette qualité retrouvée sur des sites à réaménager. Cela nécessite encore des travaux, notamment d’assainissement. Il y a par exemple des branchements individuels qui ne sont pas aux normes, qu’il faut corriger. L’objectif est d’ouvrir dès 2025, des possibilités de baignade dans la Marne et dans la Seine. À l’échelle du Val-de-Marne, quatorze sites sont à l’étude. C’est considérable.
A.-J. : Les grands dossiers d’aménagement, notamment le Campus Grand Parc à Villejuif, se poursuivent également.
Étienne Stoskopf : Il y a beaucoup de projets d’aménagement qui conjuguent la construction de logements et le développement d’activités économiques. Nous avons autour de Villejuif l’un des plus grands projets urbains à l’échelle de la métropole parisienne : la réorganisation de l’institut Gustave Roussy, mais aussi la gare de la ligne 14 qui se déploiera à cet endroit, le projet du Paris-Saclay Cancer Cluster qui a pour objectif de devenir un pôle d’excellence santé-biotech, réunissant logements, laboratoires, équipements, services, etc. Dans le domaine des transports, nous attendons la ligne 15 du Grand Paris Express et nous travaillons sur les sujets de nuisance avec la circulation autoroutière. Nous avons passé une section de l’A4 à 70 km/h entre la porte de Bercy et les échangeurs de l’A86. C’est une expérimentation avant de proposer des solutions plus pérennes. L’A6 pourrait être également concernée. Je pourrais citer aussi la perspective de mise en service du premier téléphérique urbain de la région parisienne. Nous sommes dans des phases d’essais et en attente d’autorisations. C’est quelque chose de complètement nouveau qui devrait être livré pour la fin 2025.
A.-J. : Quels sont les autres sujets qui vous occuperont l’année prochaine ?
Étienne Stoskopf : Le préfet met en œuvre un très grand nombre de politiques publiques : il y a bien sûr des enjeux de sécurité à l’échelle d’un département d’1,4 millions d’habitants, qui sont pris en compte par la préfecture de police. Une spécificité est par exemple l’enjeu de lutte contre les rixes, avec des événements très graves survenus récemment et qui suppose un travail partenarial entre l’Éducation nationale, les collectivités et les forces de l’ordre. La lutte contre la délinquance et le narcotrafic se poursuivent. Pour les politiques sociales, nous venons de signer les contrats de ville pour les 47 quartiers prioritaires du département en garantissant un certain nombre de financements : actions sociales, éducatives, de prévention ou au soutien aux activités sportives. C’est une étape importante. Nous poursuivons bien évidemment la lutte contre les violences intrafamiliales et contre les violences faites aux femmes.
A.-J. : Vous êtes donc dans la continuité de votre prédécesseure Sophie Thibault ?
Étienne Stoskopf : C’est le principe : les préfets se succèdent et les priorités se maintiennent. Nous pouvons avoir des nuances d’approche mais les objectifs restent les mêmes.
A.-J. : Les remous de la politique française ont-ils un impact sur votre travail ?
Étienne Stoskopf : Ça n’a pas d’impact, pas pour l’instant. Nous avons des objectifs et des projets qui ont leur calendrier sur des crédits prévus en 2024 et qui ne sont pas remis en cause. Je pense à la baignade ou aux nuisances sonores. Il n’y a pas d’interruption des travaux. Le préfet reste apte à prendre les décisions qui s’imposent sur les urgences.
Référence : AJU016t1
