Ronan Le Page : « Le département des Yvelines est le troisième territoire olympique de France ! »
Les Jeux olympiques de Paris 2024 se dérouleront du 26 juillet au 11 août. Si la majorité des épreuves sportives se déroulent à Paris et en petite couronne, le département des Yvelines va accueillir plusieurs épreuves sur un total de cinq sites olympiques : l’équitation et le pentathlon à Versailles, le cyclisme sur piste et le BMX au Vélodrome national à Montigny-le-Bretonneux, le Golf national de Guyancourt, le VTT à la Colline d’Élancourt. Le territoire des Yvelines fait également partie des parcours du marathon et de la course de cyclisme en ligne. Pour accompagner l’organisation et le déroulement de ce rendez-vous international, le sous-préfet Ronan Le Page a été désigné secrétaire général adjoint de la préfecture des Yvelines notamment en charge des Jeux olympiques. L’administrateur de l’État explique ses missions au quotidien et livre les premiers éléments de ce que vont être les Jeux Olympiques dans le département. Entretien.
Actu-Juridique : Pourquoi avez-vous été nommé secrétaire général adjoint notamment en charge des Jeux olympiques ?
Ronan Le Page : En constatant l’ampleur de la tâche à accomplir à propos des Jeux olympiques dans le département, le préfet a fait une demande au ministère pour avoir un sous-préfet en charge des Jeux olympiques. Les JO représentent en effet une activité très importante et prenante en termes de temps. Le département des Yvelines est le troisième territoire olympique de France ! Il y a cinq sites olympiques. Toutes les courses sur route, le parcours de la flamme, des fans zones vont se dérouler sur le territoire. Il y aura aussi des délégations olympiques à accueillir sur plusieurs communes. Avec la particularité d’être un département de grande couronne, nous avons une autonomie propre sur la manière de gérer nos dispositifs en matière de secours et de sécurité. C’est très singulier par rapport à Paris et à la petite couronne où la coordination est assurée par la préfecture de police.
AJ : À quoi va ressembler le département des Yvelines lors des Jeux olympiques de Paris 2024 ?
Ronan Le Page : Les sites des JO de Paris 2024 vont engendrer une très forte concentration des épreuves sur une petite partie du territoire des Yvelines, situé entre Versailles et Saint-Quentin-en-Yvelines. Les épreuves sportives sur ces sites vont se dérouler de manière concomitante. Il y aura l’équitation au château de Versailles, le golf à Guyancourt, le cyclisme sur piste et le VTT entre Montigny-le-Bretonneux et Élancourt. Environ 150 000 spectateurs par jour vont arriver depuis Paris. Les offres hôtelières dans les Yvelines ne sont pas pléthores. Nous aurons des voies de transport assez prises. Les transports en commun sont d’ailleurs la quasi unique voie d’accès aux sites olympiques dans le département. Nous avons une responsabilité pour que ces Jeux olympiques soient une belle vitrine de l’image de la France. Mais cet événement sera aussi une belle fête populaire. Saint-Quentin-en-Yvelines travaille pour proposer la plus grande fan zone du département pour accueillir plusieurs milliers de personnes par jour. Nous travaillons avec d’autres communes pour partager ce rendez-vous au-delà des territoires des sites olympiques. Les Jeux olympiques dans le département sont donc une véritable opportunité pour l’ensemble des acteurs du territoire.
AJ : Justement, en quoi ces Jeux olympiques sont une opportunité pour les Yvelines ?
Ronan Le Page : Nous partons avec un désavantage sur cette question de l’opportunité. Contrairement à la Seine-Saint-Denis, où il y a le plus de constructions pour les Jeux olympiques et l’héritage avec l’exemple du village olympique ; dans les Yvelines, nous avons très peu de grands chantiers. Nous allons avoir un site en héritage avec la Colline d’Élancourt où se dérouleront les épreuves de VTT. Cet endroit fait l’objet actuellement de travaux. Pour le secteur du BTP, nous n’avons donc pas énormément d’opportunités. Mais d’un point de vue global, il y a quand même de nombreuses opportunités économiques à saisir. Le comité Paris 2024 a désigné plusieurs exploitants pour opérer les sites olympiques. Ces entreprises privées vont devoir délivrer les épreuves pour le compte de l’organisateur. Elles devront mettre en place tout l’aménagement intérieur du site. Pour prendre l’exemple de Versailles, le travail est conséquent. En quelques mois, à partir d’octobre 2023, il va falloir dresser trois tribunes de 5 000 spectateurs chacune et une carrière équestre. À Montigny-le-Bretonneux, pour les épreuves de BMX, il y aura une base arrière à construire à proximité du Vélodrome national pour les prises d’images média. Ces constructions temporaires créent donc des opportunités pour les entreprises. Ensuite, les sites olympiques auront également besoin d’activités de services. C’est une autre source d’opportunités pour les sociétés yvelinoises.
AJ : De quelle manière les services de l’État dans les Yvelines sont-ils mobilisés ?
Ronan Le Page : Ce travail nécessite une très forte mobilisation des services de l’État. Les Jeux olympiques sont un événement sportif. Mais pour les acteurs publics, les impacts sont complètement transversaux. Il y a des conséquences sur les transports. Avec la direction départementale des territoires, les gestionnaires de voirie, nous avons un sujet de flux de transport. Il y aura les JO mais la vie va continuer même si nous seront aux mois de juillet et d’août. Certains axes routiers vont être perturbés pour faciliter les accès aux athlètes sur les sites olympiques. Les transports en commun vont devoir assurer plus de cadences pour les bus et les RER. Le monde scolaire sera mobilisé autour de ce rendez-vous. Nous allons organiser des Jeux olympiques à l’école pour faire entrer les élèves dans cette thématique qui marquera l’année 2024 en France. La vie économique est mobilisée avec de nombreux métiers en tension pour permettre le déroulement des compétitions. Nous avons 4 000 agents de sécurité privée à trouver pour sécuriser les sites olympiques dans les Yvelines. À ce propos, nous travaillons avec Pôle emploi, les collectivités locales et les chambres consulaires des Yvelines. Les moyens de l’État seront aussi mobilisés pour la sécurité autour de ces sites. Il y a aussi les véhicules et les acteurs de la santé et des secours pour les personnes évacuées en cas de difficulté.
AJ : Comment assurez-vous la gestion de l’ensemble de ces sujets ?
Ronan Le Page : Concernant l’ensemble de ces thématiques, nous ne sommes pas seuls. L’État a un rôle de gare de triage. Nous recevons des informations de l’ensemble des acteurs concernés par ces sujets. Nous sommes en relation avec le comité d’organisation Paris 2024, les collectivités territoriales et les différents acteurs privés qui concourent aux Jeux olympiques.
AJ : En termes d’exercice de l’action publique, avec l’exercice de missions transversales, en quoi votre fonction est-elle particulière ?
Ronan Le Page : Vous avez déjà des cas en France de sous-préfet en charge d’un grand événement. Nous avons eu par exemple à Biarritz un sous-préfet en charge de l’organisation du G7, en 2019. Autre exemple en Normandie, il y a régulièrement des sous-préfets en charge des cérémonies de commémoration du débarquement lorsqu’il y a plusieurs chefs d’État ou de gouvernement présents. En général, l’État réparti les missions en fonction des ministères et des institutions déconcentrées. Pour ma part, j’occupe un poste assez singulier, qui pilote des sujets transversaux. Mais, pour donner une illustration, mon rôle est à l’image d’un parapluie. Je n’exerce pas toutes ces missions. Je suis la personne vers qui toutes les informations en lien avec les Jeux olympiques convergent. Je dois apporter le compte rendu le plus fidèle au préfet des Yvelines de tous les travaux en cours. Les institutions centrales nous sollicitent régulièrement comme le cabinet de la ministre des Sports, le délégué interministériel aux JO, Michel Cadot, ou encore le préfet de la région Île-de-France ou le préfet de police.
AJ : Vous êtes aussi le relais des travaux effectués par les services de l’État déconcentrés dans le département des Yvelines…
Ronan Le Page : Effectivement, je suis complémentaire de mes collègues de la préfecture. Sur tous les sujets de sécurité, la directrice du cabinet du préfet des Yvelines est plus légitime par rapport à moi pour discuter avec les chefs de la police et des gendarmes de dispositifs de sécurité sur les sites olympiques par exemple. Mon collègue Pascal Courtade, préfet délégué à l’égalité des chances peut participer par exemple à un dispositif de mobilisation populaire dans les quartiers en lien avec les Jeux olympiques. Autre exemple, il y a quelques semaines, j’ai eu une réunion sur les parkings temporaires vélos disposés aux abords de tous les sites olympiques. L’objectif est de permettre aux spectateurs de venir aux Jeux olympiques à bicyclette. C’est la direction départementale des territoires (DTT) qui a porté cette réunion. J’étais dans une position charnière pour apporter ces éléments de compte rendu au préfet et au sous-préfet de Versailles car ce parking temporaire concernait son arrondissement.
Référence : AJU010h1