Rotonde de la Villette : la Direction des affaires culturelles confirme l’absence de permis

Publié le 07/03/2023

Contrairement aux affirmations de Renaud Barillet, l’un des exploitants de la rotonde de la Villette, située dans le XIXe arrondissement de Paris et classée monument historique, « les aménagements extérieurs ne sont pas conformes à l’autorisation délivrée en 2015 ». La Direction régionale des affaires culturelles précise que, depuis huit ans, « aucun permis de construire modificatif n’a été déposé pour régularisation ».

Rotonde de la Villette : la Direction des affaires culturelles confirme l’absence de permis
Conteneurs, jardinières et barrières en bois clôturent la rotonde de la Villette (Photo : ©I. Horlans)

 

L’enquête publiée le 28 février dernier (ici) sur l’exploitation de la rotonde de la Villette, ce chef-d’œuvre architectural du XVIIIe siècle érigé par Claude-Nicolas Ledoux dans le XIXe arrondissement parisien, avait confirmé les libertés prises par l’entreprise privée qui occupe le domaine public : 1 820 mètres carrés de terrasse, dont une aire de 1 335 m2 adjacente au bâtiment classé et deux servitudes latérales de 244 et 241 m2. Le contrat passé avec la Ville de Paris, un document de sept pages que nous avions révélé après moult recherches, indiquait précisément que le site devait être respecté et que « les occupants », soit la société par actions simplifiée (SAS) « La Belle Rotonde » devaient « se munir de toutes les autorisations administratives et de police » nécessaires, sous peine de résiliation de la concession.

Renaud Barillet, l’un des dirigeants des espaces intérieur et extérieur – un restaurant, un bar, une galerie d’art, un mini-club dédié à la scène, ainsi que « la plus grande terrasse de Paris », renommée « jardin urbain », nous indiquait que l’ensemble avait « fait l’objet de deux ans de concertation », « d’un second permis » et « bien sûr d’une validation des ABF ».

« Aucun permis de construire précaire n’a été déposé »

 Sollicités, les Architectes des Bâtiments de France (ABF), particulièrement sa déléguée compétente dans le XIXe arrondissement, avaient transmis nos questions à la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) d’Île-de-France, son autorité de tutelle. Laquelle nous a finalement répondu mardi 7 mars. Ses éclaircissements sont très nets : « L’ABF a bien été consulté et a formulé un accord en 2015. Mais les aménagements se sont avérés au fil des ans non conformes à l’autorisation [Ndlr : que l’ABF territorialement compétent] a délivrée. Et aucun permis de construire modificatif n’a été déposé pour régularisation », précise par écrit le directeur de cabinet de la DRAC. Placée sous l’égide du préfet de région Marc Guillaume, donc de l’État, l’institution rappelle que « la convention d’occupation des lieux est signée entre l’exploitant et la mairie d’arrondissement » en fait, la Mairie de Paris.

La DRAC indique par ailleurs que « les termes de la convention  ne parlent ni de délais, ni de surfaces à “construire”. Seule la mention de construction de bâtiments à caractère provisoire et dans le cadre d’un évènementiel est renseignée. Aucun permis de construire précaire n’a été déposé ».

Dès lors, on en déduit que le ministère de la Culture prend ses distances avec la Ville de Paris qui a autorisé ces « aménagements paysagers ». Il y a huit ans, lors de la délibération soumise au conseil municipal, il n’était question que de « kiosques légers, tables, chaises, jardinières » moyennant une redevance annuelle de 250 € (en 2015) à 29 751 € en 2021. Un tarif extrêmement avantageux en contrepartie de l’exploitation d’une terrasse de 1 820 m2 construite à moindre coût. Les baraques en bois et conteneurs en fer, ceints de barrières et plantes qui empêchent de profiter de l’espace public, n’ont pas dû ruiner les exploitants. La SAS La Belle Rotonde, mise en demeure par la municipalité de nettoyer les lieux dans un délai de 30 jours à compter du 26 janvier 2023, avait alors rétorqué que « l’injonction » était « de pure forme ». Autrement dit, sans valeur juridique. Comme son obligation de demander des « autorisations administratives », finalement.

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