La politique de préservation de la biodiversité à Paris
Le territoire parisien, constitué d’un tissu urbain particulièrement dense, peut permettre la vie et le déplacement des espèces animales et végétales sauvages. La ville de Paris a mis en place une politique ambitieuse pour favoriser la biodiversité parisienne.
La biodiversité, ou biodiversité biologique, est composée de l’ensemble du vivant existant à la surface de notre planète (humains compris), à savoir les espèces, leurs diversités génétiques, les écosystèmes et les interactions entre ces trois composantes. Paris se situe à un carrefour biogéographique naturel où peuvent prospérer la faune et la flore régionales sauvages. Le 26 septembre 2016, la biodiversité a été officiellement proclamée citoyenne d’honneur de la ville de Paris. Le maintien et le renforcement de la biodiversité sont indispensables à la préservation de justes conditions de vie, a fortiori dans un contexte de dérèglement climatique. La biodiversité nous est essentielle ; elle est source de multiples co-bénéfices : réduction de l’effet d’îlot de chaleur, fixation du dioxyde de carbone, maintien de la qualité des eaux, ombrage, infiltration des eaux, approvisionnement alimentaire, formation des sols, pollinisation, dont celle des fruits et légumes que nous consommons, régulation des parasites…
Un milieu favorable
La biodiversité est en effet une réalité à Paris. Elle est liée au faible nombre de prédateurs et à une importante mosaïque de milieux de vie. Espaces verts, milieux aquatiques et voies de communication (berges de la Seine, voies ferrées, tunnels, rues, trottoirs) : autant de lieux de vie pour les espèces végétales et animales qui participent au maillage des continuités écologiques jusqu’au cœur de la ville dense. Avec les bois de Boulogne et de Vincennes, plus de 500 parcs et jardins, 100 000 arbres d’alignement, Paris offre de nombreux écrins pour la faune et la flore. À Paris, les milieux aquatiques et humides sont formés par la Seine, les rivières, les 3 canaux, les quelque 200 mares, les nombreux lacs des bois de Boulogne et Vincennes ainsi que leurs berges végétalisées. Ils sont le support de vie de nombreuses plantes et animaux sauvages spécifiques qui s’y reproduisent, y boivent, s’alimentent, s’y réfugient ou encore s’y déplacent. Au travers de la trame verte et bleue, le réseau de réservoirs de biodiversité reliés par des corridors écologiques, terrestres et aquatiques, offre un maillage potentiellement vital pour les espèces sauvages.
De nombreuses espèces
On recense à Paris 637 espèces de plantes : orchidées, fougères, mousses, etc. Libellules, coccinelles, écrevisses, anguilles, brochets, grenouilles, tritons, faucons pèlerins, chouettes hulottes, renards, fouines, écureuils roux, hérissons et chauves-souris : on recense plus de 1 300 espèces animales dans la capitale, d’après les chiffres de la mairie de Paris. Au moins 9 espèces végétales et 129 espèces animales protégées aux niveaux régional ou national, dont plusieurs menacées et présentes sur les listes rouges régionales, figurent à l’actif de ce patrimoine naturel. On dénombre ainsi à Paris 66 espèces d’oiseaux nicheurs, 11 espèces d’amphibiens grenouilles tritons, 4 espèces de reptiles, 28 espèces de mammifères dont 11 espèces de chauves-souris, 47 espèces de papillons diurnes et nocturnes et 27 espèces d’odonates libellules et demoiselles.
Le Plan Biodiversité 2018-2024
Le Plan Biodiversité 2018-2024 a été adopté à l’unanimité au Conseil de Paris du 20 mars 2018. Issu d’une large concertation de plus de 2 ans avec les Parisiennes et les Parisiens, les mairies d’arrondissement, les groupes politiques du Conseil de Paris, les partenaires de la Ville et les associations, le « Plan Biodiversité de Paris 2018-2024 » se décline en 30 actions regroupées en 3 axes. Il renforce les actions de la ville en faveur de la protection de la faune et de la flore ainsi que du développement de la place de la nature en ville avec comme objectif : accroître considérablement la végétalisation de la superficie non bâtie de Paris. Ce plan a notamment permis de créer de nouveaux espaces favorables aux espèces sauvages (création de mares, extension et création d’espaces verts, gîtes et abris pour la faune sauvage). Il a également limité certaines pressions (réduction de la pollution lumineuse). Le plan a permis de renforcer les actions partenariales (de l’implication citoyenne à la scène internationale) et de préserver la biodiversité existante (adoption du Plan Arbre et du projet de Plan Local d’Urbanisme bioclimatique). En vue de l’élaboration du prochain Plan Biodiversité 2024-2030, une large démarche de consultation est menée jusqu’à fin janvier 2024.
Des actions concrètes
La préservation de la biodiversité passe par des actions concrètes comme le programme des Quartiers moineaux. En 20 ans, la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) a constaté à Paris une chute de 70 % de la population de moineaux. Un phénomène qui touche toutes les grandes métropoles européennes. Pour y remédier, le programme Quartiers moineaux a pour objectif de mettre en place des conditions favorables au développement des populations de moineaux (des cavités pour nicher, des arbustes pour se réfugier en journée, en végétation herbacée, source de nourriture notamment des graines, des insectes), prioritairement dans les secteurs hébergeant des colonies identifiées comme fragiles par la LPO. En 2021-2022, trois premiers quartiers moineaux ont été mis en place dans le XIIIe arrondissement, rue Jean Colly et placette Poliakoff, dans le XIVe arrondissement au 36 rue Didot (jardin du Chanoine Viollet) et dans le XVIIIe arrondissement, Place Suzanne Valadon. En 2022-2023, le programme a été renouvelé dans quatre arrondissements : XIe arrondissement, XIIe arrondissement, XIXe arrondissement et le XXe arrondissement. En 2023-2024, le programme sera prolongé avec des quartiers moineaux dans Paris centre et les Xe, XVe et XVIIe arrondissements. Autre exemple ? La création d’un centre de soin dédié aux hérissons d’Europe depuis le printemps 2023 au sein du bois de Vincennes. Le hérisson d’Europe est protégé en France depuis 2007 et classé comme espèce menacée par l’Inventaire national du patrimoine naturel (INPN) car sa population décline inexorablement sur l’ensemble du territoire métropolitain. Afin de protéger ce petit mammifère présent à Paris, l’association Erinaceus procure des soins aux animaux trouvés blessés dans ce centre et facilite leur réintégration en milieu naturel.
Penser différemment la ville
Par leur dimension, leur nature ou encore leur localisation, les projets de construction, de réhabilitation ou d’aménagement peuvent avoir des impacts sur la nature et la biodiversité. La ville de Paris veille donc à inscrire la biodiversité au cœur des documents de planification et d’aménagement du territoire, pour que chaque projet limite cet impact. La ville sensibilise également les aménageurs aux opportunités que peuvent constituer ces projets pour renforcer ou créer des espaces favorables à la biodiversité. La ville de Paris mène un travail d’accompagnement des demandeurs d’autorisation d’urbanisme pour faire connaître et appliquer les dispositions du Plan local d’urbanisme (PLU) en matière de biodiversité. Chaque année, la Direction des espaces verts et de l’environnement (DEVE) analyse en moyenne 600 demandes d’autorisations d’urbanisme sur lesquelles elle émet un avis pour aider les pétitionnaires à améliorer la qualité du volet paysager et écologique de leur projet. La révision du Plan local d’urbanisme (PLU) a été l’occasion pour la ville de renforcer les dispositifs réglementaires favorables à la biodiversité. De nombreuses propositions du Plan Biodiversité ont ainsi été retenues pour consolider l’inscription du vivant dans le futur PLU bioclimatique, dont le projet a été arrêté par le Conseil de Paris le 5 juin 2023. Pour la ville de Paris, l’intégration dans le règlement du schéma parisien des trames vertes et bleues, les Chemins de la nature, est une avancée très forte qui permettra de renforcer les prescriptions en matière de renforcement de la pleine terre et de végétalisation pour les projets situés à proximité des continuités écologiques identifiées. La liste des Espaces verts protégés (EVP) a été enrichie de 90 hectares et deux nouvelles catégories de protection ont été ajoutées : les arbres à protéger (arbres d’alignement et arbres remarquables) et les Espaces libres protégés à végétaliser (ELPV). De plus, près de 50 hectares de nouveaux Espaces boisés classées (EBC) ont été proposés. Enfin, l’Orientation d’aménagement et de programmation (OAP) sur la biodiversité a été reconduite et complétée pour la rendre plus ambitieuse en reprenant notamment la nomenclature des Chemins de la nature.
Référence : AJU010y5